C'était à l'été 2009. Le maire de Huntingdon, le coloré Stéphane Gendron, a ciré sa belle Mustang noire décapotable et avalé - pendant 20 jours - des kilomètres d'asphalte partout au Québec à la recherche de villages accablés de divers maux: usines vides, écoles désertes, fermes abandonnées faute de relève.

Son road trip estival, une sorte de face cachée de La petite séduction, a donné un documentaire de 90 minutes intitulé Fous de leur village et réalisé par Vincent Audet-Nadeau (La rafle), que Canal D diffusera dimanche à 19 h (une case un brin difficile). Vincent Audet-Nadeau a aussi réalisé La vie après la shop sur la fermeture de la Whirlpool de Montmagny, une oeuvre qui avait marqué Stéphane Gendron en 2005.

Évidemment, le maire Gendron entame le film en racontant l'histoire de son patelin, solidement secoué par l'arrêt de production des six usines textiles de la Cleyn & Tinker le 13 décembre 2004. Environ 850 travailleurs ont alors «été jetés aux vidanges». «J'ai pleuré avec eux», se souvient Stéphane Gendron.

Puis, le maire de Huntingdon roulera notamment à Lebel-Sur-Quévillon, Saint-Magloire-de-Bellechasse, Inverness et Sainte-Sophie-d'Halifax, quelques-unes des nombreuses bourgades québécoises menacées de disparition. «La vie en région fait rarement les manchettes», rappelle le patron de Canal D, Jean-Pierre Laurendeau.

À Portage-du-Fort, il visite un couple durement affecté par la fermeture de la Smurfit-Stone, poumon économique du village. «C'est tout ce que je sais faire, faire du papier. Il n'y a plus rien pour nous autres ici», se désole la dame.

À Sainte-Sophie-d'Halifax, il rencontre une jeune agricultrice de 23 ans, Marie-Pier Beaulieu, étranglée par les coûts astronomiques associés à la reprise de la ferme laitière familiale. À Senneterre, la caméra se braque sur un éleveur de boeufs Angus au bord de la faillite. À Maricourt, une des portions les plus émouvantes du documentaire, Stéphane Gendron laisse la parole à Madeleine Houde, dont le mari Keith s'est pendu dans la grange, victime de détresse psychologique. Comment se remet-on d'un tel drame?

Stéphane Gendron révélera par la suite que son beau-père s'est suicidé le lendemain de son mariage. Une bonne partie du documentaire Fous de leur village est très noire, dure et déprimante. Puis, c'est à Saint-Magloire que l'espoir revient alors que des citoyennes se mobilisent pour sauver l'école primaire de la ville. Et ça fonctionne.

Dans ce film qui renferme quelques longueurs, Stéphane Gendron parle souvent au «je» et s'adresse directement à la caméra, un peu comme les participants de La collection après une journée à l'atelier. Il est plus émotif que vindicatif et ne se gêne pas pour passer en mode éditorial. Du genre: «Travailler 40 ans dans une mine, c'est de l'esclavage.»

Le réalisateur a tenu à faire contrepoids aux théories du maire en les entrecoupant de témoignages d'experts. «Ce n'est pas une infopub pour Stéphane Gendron. Je ne voulais pas lui donner une free ride», insiste Vincent Audet-Nadeau.

Bien honnêtement, c'est souvent plus captivant d'écouter les témoignages de citoyens dits ordinaires que d'entendre les vues du maire Gendron sur l'administration municipale. Mais, bon.

En point de presse après le visionnement de Fous de leur village, Stéphane Gendron a confirmé qu'il quittera son poste dans trois ans, après 10 ans à l'hôtel de ville de Huntingdon. Et après? Il serait bien étonnant de le retrouver en politique provinciale. «La politique, les gens n'y croient plus. Tu as plus de pouvoir sur Monsieur et Madame Tout-le-Monde à travers les médias», glisse-t-il.

Quant au Réseau Liberté Québec de Joanne Marcotte et Éric Duhaime, son collègue chroniqueur dans Le Journal de Montréal, Stéphane Gendron, 42 ans, n'apprécie pas du tout leurs idées. «Ils ont une vision de gens qui n'ont jamais exercé le pouvoir», remarque-t-il.

L'auberge en ligne

L'auberge du chien noir ne profite pas encore d'une deuxième vie sur le web en raison des droits qui n'ont pas encore tous été négociés avec ses artisans et créateurs. Exceptionnellement, Radio-Canada rediffusera sur son site web les épisodes du 4 octobre et du 1er novembre, qui avaient souffert d'un grave problème de son pour les téléspectateurs équipés en HD et en son Dolby.

Parlant de L'auberge, la lutte est féroce contre son concurrent Yamaska à TVA, qui semble cependant avoir pris le dessus. Lundi, 900 000 fans flattaient le chien noir, tandis que 1 139 000 autres nageaient dans la rivière Yamaska. C'est Occupation double qui a raflé le titre d'émission la plus populaire du lundi soir avec 1 403 000 accros.

Dans l'émission de dimanche, lors d'un souper romantique avec Nathalie, Charles a froncé les sourcils en l'entendant prononcer le mot tempura. «Tempura, c'est pas une histoire de crevettes ça?» a-t-il demandé, l'air confus.

Puis, vive la solidarité féminine, Nathalie a traité JoÈve de «crisse de niaiseuse de tabarnak». TVA, c'est vrai. Oui mes amis.