Vous connaissez Jersey Shore, une téléréalité de MTV que relaie également MusiquePlus? C'est grossier, vulgaire et limite tolérable. On y suit depuis deux saisons déjà huit célibataires d'origine italienne du New Jersey - des guidos et guidettes - dans leurs séances de gonflette au gym, dans leurs mélanges de langues à trois, à quatre ou à douze dans le spa ainsi que dans leurs virées ultra alcoolisées à l'intérieur de discothèques aussi chics que celles plantées en bordure de la Métropolitaine. Vous savez, celles qui organisent des soirées maillots et talons hauts? Voilà.

Jersey Shore, c'est le triomphe d'une belle jeunesse bronzée qui se tape dessus, s'insulte copieusement, vomit devant les caméras, s'endort dans ledit vomi et montre ses seins à qui mieux mieux. La grande classe, quoi. Certains participants de cette émission vedette, dont Snooki et Mike The Situation, ont même été catapultés dans le star système des magazines à potins.

Heureusement, la téléréalité québécoise ne baigne pas encore dans cette grosse sauce brune bien grasse. En comparaison, Occupation double, avec sa coquette maison de l'amour et son inoffensif jeu de la bouteille, passe pour Anne... La maison aux pignons verts. Sérieusement.

Mais peut-être plus pour longtemps, tout ça grâce à l'idée de génie (sarcasme ici) d'une productrice de Montréal, Maryam Rahimi, 25 ans, qui a mis sur pied la version torontoise de Jersey Shore, baptisée Lake Shore.

Si Jersey Shore se contente d'exploiter des stéréotypes associés aux Italo-Américains, ce qui frôle déjà le mauvais goût et l'insulte, Lake Shore ratissera plus large: ses huit candidats ont spécifiquement été repêchés en raison de leurs origines ethniques différentes.

Dans la vidéo de présentation de huit minutes qui roule présentement sur YouTube, nous faisons la charmante connaissance de Robyn (alias la Juive), Salem (le Libanais peut-être gai), Tommy Hollywood (le Tchèque), Karolina (la «Pollock», leur choix de mot), Anni Mei (la Vietnamienne), Sibel (la Turque), Joey (l'Italien) et Arber (l'Albanais).

C'est Sibel-la-Turque qui tire la première salve antisémite: «Je ne suis pas raciste, car je hais tout le monde pareillement, mais particulièrement les Juifs». Les commentaires édifiants et dégradants se succèdent ainsi. «Tu peux être gai dans la vie, pourvu que tu ne t'approches pas de moi», avertit Arber, alias Downtown D, l'Albanais. Comme si nous avions besoin d'encore plus de remarques homophobes et racistes sur l'internet.

Toute la semaine, notre beau pays tolérant et multiculturel a en pris pour son rhume dans les médias américains. «Bravo Canada, vous êtes dorénavant aussi affreux que nous», a écrit le populaire blogue Gawker.com. Entertainment Weekly a été encore plus cinglant: Lake Shore ressemble à un cirque ethnique où être stupide est valorisé.

Le Huffington Post s'est jeté dans la mêlée, écorchant notre légendaire ouverture aux différences, tandis que le Washington Post note que Lake Shore a «sur-trashé Jersey Shore» en vulgarité et en violence. Quel bel exploit, non?

Le pire dans tout ça, c'est qu'aucun grand réseau n'a encore acheté Lake Shore, qui n'est accessible que sur le web. Le buzz a été tellement immense dans les derniers jours que le site a implosé. Trop de clics sur ces têtes à claques.

En fait, ce projet télé semble si absurde et débile que ça sent la farce à plein nez. S'agirait-il d'une parodie à la Saturday Night Live? Le Globe&Mail en parle pourtant comme d'un truc sérieux. Étrangement, c'est la CBC qui a fait retirer certains extraits de Lake Shore (le nom d'un boulevard qui traverse Toronto d'est en ouest) de YouTube.

Les créateurs de Lake Shore, soit la productrice montréalaise Maryam Rahimi et le réalisateur George Tsioutsioulas, ont refusé nos demandes - répétées - d'entrevue.

En attendant, on peut dire un gros merci à ces huit bozos des banlieues de Toronto d'avoir réussi à être encore plus rétrogrades et arriérés que Ronnie, Vinny et Jwoww de Jersey Shore. Tiens, une théorie comme ça: ne trouvez-vous pas que ces huit clowns d'Etobicoke partagent quelques traits de personnalité avec leur nouveau maire, le délicat Rob Ford? Insultes racistes, moronisme et pétage de coche: voilà peut-être le nouveau slogan de la Ville reine.

Je lévite

Avec les pubs «on se met à votre place» de Familiprix. Pas facile de surpasser le célèbre «Ah-ha! Familiprix». Mais les nouvelles réclames où un pharmacien se glisse habilement dans la peau de ses clients, notamment celle de l'ado boutonneuse ou celle du pépère au dos endolori, sont franchement délicieuses, rigolotes et rafraîchissantes.

Je l'évite

Les combats d'actrices. Les lundis à 21h, Hélène Florent se fait concurrence à elle-même en apparaissant dans La galère à la SRC et dans Toute la vérité à TVA. Les mardis à 21h, au tour de Mélissa Désormeaux-Poulin de jouer simultanément dans La promesse à TVA et dans Les rescapés de Radio-Canada. Les réseaux pourraient-ils prendre en considération ces doublons quand ils bricolent leur programmation? Un gros manque de considération pour les comédiennes.