Citron que ça faisait du bien de revoir Chantal Fontaine et ses bouclettes brunes dans les deux derniers épisodes - à vie - de Virginie, diffusés mercredi et jeudi soir à Radio-Canada.

Malgré tous ses efforts, son visage angélique et sa bonne volonté, Stéphanie Crête-Blais n'a jamais réussi à remplacer la vraie Virginie, alias Virginie Boivin, beaucoup plus maternelle, chaleureuse, empathique et attachante.

Cette deuxième Virginie, Virginie Charest, dégageait une froideur et une austérité qui ne collaient pas avec son rôle d'enseignante au secondaire. Pour des milliers de téléspectateurs qui ont suivi le téléroman quotidien de Fabienne Larouche pendant près de 15 ans, Virginie demeurera encore et toujours Chantal Fontaine.

Pour sa grande sortie des ondes, qui s'est étalée sur deux semaines au fameux conventum piloté par Hercule Belhumeur, l'auteure et productrice Fabienne Larouche n'a pas lésiné sur les intrigues abracadabrantes. René Ouellet a été assassiné d'une balle à la tête. Hugo Lacasse a trahi ses collègues en divulgant des informations sur eux pendant des années. Monique Rivest a disparu après avoir lu tout le roman-confession-journal intime de Lacasse. Claudie Paré, 31 ans, est maintenant maman de quatre garçons. Virginie Charest a éprouvé un gros malaise et a même revu, dans une longue séquence onirique, son mari soldat mort au combat.

En entrevue, Fabienne Larouche a raconté avoir «choké» en rédigeant cette finale. J'ai compris exactement où elle avait flanché jeudi soir: c'est évident qu'elle prévoyait faire mourir Virginie Charest dans l'ambulance, question que la prof blonde poursuive la valse avec son époux dans l'au-delà. Mais, non. Virginie Charest respirait encore quand le mot «fin» est apparu au générique, à 19h30.

Le montage des dernières minute du téléroman, rythmé par la magnifique chanson L'amitié de Françoise Hardy, a été particulièrement touchant. C'est quétaine, d'accord, mais je souhaitais vraiment que Virginie Boivin et Bernard Paré renouent. Ce qui a été fait.

Cette semaine, la dernière ligne droite du soap radio-canadien n'a cependant pas été parfaite. On se serait passé de la voix de Dieu qui recommence à parler à Julien Constantin, transformé en une sorte de pimp flanqué de deux beautés slaves. La portion où Pierre-Luc a vomi dans des toilettes, avec une morale confectionnée par Jacques Phaneuf en bonus, sentait le remplissage. Même chose pour la discussion entre Hercule et Alain sur la «grosse bite» de ce dernier. Pas nécessaire. Surtout que ça nous distrayait inutilement des «vrais» enjeux.

Car toutes les intrigues se sont articulées autour d'un thème très cher à la scénariste: le complot. Des promoteurs véreux ont minutieusement planifié la fermeture de Sainte-Jeanne-d'Arc afin de privilégier une belle école privée, qui aurait servi d'ancrage à un vaste projet immobilier avec condos et commerces. Bref, tout le quartier Hochelaga se serait gentrifié au détriment de ceux qui y habitent depuis des années. Dehors les pauvres et les paumés.

Il aurait peut-être fallu une heure à Fabienne Larouche pour bien attacher les ficelles de la 1740e et dernière émission de Virginie. La disparition et la protection de Monique par Toutoune Laporte n'ont pas été expliquées clairement. L'implication d'Hugo dans le vaste complot «capitaliste» contre l'école publique est aussi demeurée un brin opaque. Mettons que ça déboulait un peu trop rapidement.

J'ai suivi assidûment les premières saisons de Virginie, entre deux sessions d'étude, du temps où les Karine Constantin, Claudie Paré, Dominique Latreille, Gilles Bazinet, Mireille Langlois, Daniel Charron, Lucie Chabot, Bernard Paré et la célèbre Mamelles d'acier apparaissaient dans nos téléviseurs.

Puis, j'ai décroché, comme un mauvais élève de la classe de cheminement, pour y revenir de temps en temps. Mais jamais aussi régulièrement. Pourquoi? C'était devenu tellement invraisemblable, éparpillé. À peu près toutes les catastrophes, fléaux et problèmes sociaux ont dévasté l'école. Ne manquait que l'épidémie de choléra. Et encore.

Malgré tout, il faut saluer l'exploit de l'auteure qui a maintenu une moyenne de 700 000 téléspectateurs à l'écoute depuis septembre 1996. Pensez-y. C'est loin d'être banal, écrire autant de textes, toute seule.

Dans Les boys, ils sont plusieurs auteurs à pondre 13 demi-heures par année. À elle seule, Fabienne Larouche abattait 10 fois plus de boulot.

Et c'est loin d'être fini: en janvier, Fabienne Larouche lance Trauma 2 et 30 vies, sa nouvelle quotidienne avec Marina Orsini. Nouvelle prof, nouvelle école, nouveaux élèves et nouvelle carrière de 15 ans, peut-être?

Je lévite

Avec l'album My Beautiful Dark Twisted Fantasy de Kanye West. On a beau détester son arrogance, sa suffisance et son ego gros comme la Terre, reste que Kanye a bidouillé un de ses meilleurs disques à vie. Du hip-hop mélodique, puissant, original et dansant.

Je l'évite

Les chansons où les artistes bé-bé-bégaient. La blonde Ke$ha en a fait une spécialité, notamment sur son dernier tube We R Who We R, et voilà que la Torontoise Fefe Dobson lance une pièce intitulée - ô joie - Stuttering. Ne trou-trou-trouvez-vous pas que c'est a-a-a-ga-ga-gaçant tous ces ef-fe-fets de style?