Après avoir conquis le 5 à 7 télévisuel cet automne, notamment grâce aux succès-surprises d'Atomes crochus et d'Un souper presque parfait, la chaîne V s'attaquera cet automne aux plages de semaine comprises entre 20 h et 22 h en injectant beaucoup de fric dans des séries de fiction fabriquées au Québec.

Lesquelles? Excellente question. Le grand patron de la station, Maxime Rémillard, cache bien son jeu. Il n'a pas encore renouvelé la prescription du succès cendrillon de l'automne, Prozac. Même chose pour Bienvenue aux dames 3: sa survie n'a pas encore été assurée. Chose certaine, Roxy ne ressuscitera pas.

«Nous voulons mettre davantage d'argent dans des fictions québécoises pour les cases de soirée. Nous étudions beaucoup de beaux projets. Ce n'est pas évident, car nos compétiteurs disposent de moyens substantiels», révèle Maxime Rémillard, qui arbore maintenant une courte barbe. Nouvelle année, nouveau look.

Maxime Rémillard, qui entretient une relation disons compliquée et tendue avec les journalistes de la presse écrite, semblait toutefois hyper relax, hier matin, dans les étincelants bureaux de Remstar dans le Vieux-Montréal. C'est que l'automne a été bon pour V, après une première année d'existence extrêmement difficile.

À 18 h en semaine, Atomes crochus d'Alexandre Barrette bat Le Téléjournal de Patrice Roy. Et la popularité d'Un souper presque parfait à 18 h 30 n'a cessé de croître depuis septembre. «Pour Un souper presque parfait, nous étions confiants. L'émission avait fait ses preuves ailleurs dans le monde», note Maxime Rémillard,

La stratégie du 5 à 7 implantée à la rentrée, qui impliquait le déménagement risqué de La guerre des clans à 17 h 30, a donc été payante. «Nous avons offert du divertissement léger, un rendez-vous familial avec du contenu de qualité. Les gens qui reviennent de travailler peuvent relaxer sans se casser la tête», explique Maxime Rémillard devant un café.

En fin de soirée, l'arrivée d'Un gars le soir, le talk-show piloté par Jean-François Mercier dit le gros cave, a permis à V de doubler ses parts de marché entre 22 h et 22 h 30 en comparaison avec l'année dernière. «Une fois sur deux, Jean-François finit deuxième derrière TVA», se réjouit Maxime Rémillard de cette contre-programmation efficace.

Et que pense-t-il du contenu parfois très salé d'Un gars le soir? «C'est la fin de la soirée. On peut se permettre un divertissement plus edgy. On s'assure toutefois de ne pas dépasser les limites», répond Maxime Rémillard.

Malgré les échecs cuisants de Big Brother et de Dubois en réalité, V n'écarte aucun projet de téléréalité. «Nous sommes à l'affût de tous les concepts, en nous assurant de leur qualité. Big Brother, c'était une bonne idée, qui n'a pas obtenu la meilleure exécution», convient Maxime Rémillard.

Le chef d'orchestre de V ne regrette pas d'avoir coincé Prozac entre Bienvenue aux dames et Soirée de clowns dans le cadre des mardis de l'humour. Mettons qu'on ne parle pas ici du même type d'humour. «Oui, Prozac, c'était de l'humour plus noir. Et ce n'était pas évident à placer dans une grille. On voulait aller chercher un autre type de public avec cette série-là», répond Maxime Rémillard.

Pas question, pour l'instant, de se jeter dans l'impitoyable guerre du dimanche soir. V concentre ses efforts sur le lancement des chaînes numériques Bella (pour femmes) et V-Max (pour hommes). La première couvrira la beauté, la mode, la cuisine et les tendances, un peu comme Canal Vie et Casa, et la deuxième explorera le monde du sport, l'humour mordant et les dramatiques d'action.

«Notre objectif était d'avoir un modèle économique viable cette année. Et nous allons atteindre la rentabilité cette année», assure Maxime Rémillard.

L'âge moyen du téléspectateur de V tourne autour de 44 ans, soit environ dix ans de moins qu'à Radio-Canada et TVA, affirme Maxime Rémillard. «Et notre auditoire se compose à 50-50 de femmes et d'hommes», précise-t-il.

Fin de Pyramide

Le couperet vient de tomber sur Pyramide, le populaire jeu-questionnaire de Radio-Canada de début de soirée. Selon nos informations, le jeu animé par Sébastien Benoit ne reviendra pas à l'antenne en septembre. En fait, les dernières émissions originales de Pyramide passeront début avril, ce qui coïncidera avec les trois ans du jeu-questionnaire. Après, c'est kaput.

Raison invoquée: la SRC souhaiterait privilégier des concepts de jeux inventés au Québec. Pyramide dérive d'un produit américain. Cette règle du contenu québécois menace aussi l'existence du Moment de vérité de Patrice L'Écuyer, un concept importé du Japon. Cet automne, l'arrivée de Zéro à 1000 sur V a également grugé une partie de l'audience de Pyramide, sans toutefois la surpasser.

Photo: fournie par V

«Notre objectif était d'avoir un modèle économique viable. Et nous allons atteindre la rentabilité cette année», assure Maxime Rémillard.