Ce ne devait être qu'une «simple» rhinoplastie pour Valérie Castonguay, 25 ans, nouvellement diplômée en droit de l'Université de Montréal. Le plasticien lime une petite bosse, remodèle le bout de l'appendice et la belle Valérie sort de l'anesthésie avec un nez bien droit comme elle le désirait depuis 12 ans.

Le 22 mai 2008, Valérie ne verra jamais les résultats de son opération pratiquée dans une clinique privée de l'avenue de Seaforth, au centre-ville de Montréal. La future avocate est morte à la suite de complications survenues en salle de réveil. En février 2010, soit 20 mois après l'événement tragique, la publication du rapport du coroner Paul Dionne a soulevé plus de questions qu'il n'a apporté de réponses.

Bref, la famille de Valérie Castonguay n'a jamais obtenu d'explications claires à ses interrogations pourtant si légitimes: que s'est-il exactement passé le matin de la chirurgie fatale? Dans un reportage fort bien documenté que la SRC diffuse ce soir (20 h), l'équipe de l'émission Enquête a fouillé cette triste histoire. Leur conclusion? Valérie Castonguay a été victime d'une «grossière erreur» médicale que le personnel de la clinique du Dr René Crépeau a tenté de camoufler.

Selon les recherches de la journaliste Madeleine Roy, «quelqu'un a branché la source d'oxygène directement dans le tube installé dans la trachée de Valérie». Ce mauvais branchement, effectué avec une mauvaise embouchure de tuyau, a littéralement tué la patiente. Car l'air entrait dans le corps de Valérie, mais ne pouvait plus en ressortir. Un des poumons de la jeune femme a éclaté et l'oxygène ne montait plus à son cerveau.

C'est l'infirmière Jacinthe Lachance qui a commis la manoeuvre fatale peu de temps après la sortie de Valérie Castonguay de la salle d'opération. Comme Jacinthe Lachance devait s'occuper d'une autre patiente opérée la veille, Valérie a été laissée seule pendant quelques minutes tandis que son corps enflait. L'anesthésiste Christian Ayoub remplissait des papiers dans un petit bureau adjacent, d'où il n'apercevait que les pieds de Valérie.

Présente à la réputée clinique du Dr Crépeau lors de la chirurgie, la mère de Valérie, Danielle Roy, a toujours été tenue dans le noir. Votre fille fait de l'emphysème, elle a un pneumothorax, l'ambulance s'en vient la chercher, lui a récité le médecin. Rendue aux urgences de l'Hôpital général de Montréal, Danielle Roy a constaté que Valérie avait les yeux ouverts «qui regardaient vers la gauche».

Elle va se réveiller, elle va se réveiller, a répété le médecin à la famille Castonguay.

La mauvaise nouvelle est tombée 17 heures après l'intervention du Dr Crépeau: mort cérébrale causée par un manque d'oxygène. Personne n'a expliqué aux Castonguay comment une intervention assez simple a dégénéré de la sorte.

En octobre dernier, l'Ordre des infirmières et infirmiers du Québec a suspendu le droit de pratique de Jacinthe Lachance pour deux mois. Aucun blâme n'a rejailli sur les médecins René Crépeau et Christian Ayoub, qui ont refusé de témoigner à la caméra d'Enquête.

Les témoignages des parents de Valérie Castonguay s'écoutent difficilement tellement ils sont chargés d'émotion. Chose certaine, leur calvaire fait réfléchir. Vous feriez-vous opérer demain en sachant tout ça? Pas moi.

Le cinquième gala des Aurore

Les collègues dissertent ce matin en long et en large sur les films québécois sélectionnés dans la course aux Jutra. Mais qu'en est-il du pire de notre septième art? Infoman a dévoilé hier quelques oeuvres retenues pour son cinquième gala des prix Aurore, qui se tiendra le jeudi 10 mars à 19 h 30. Jean-René Dufort et Chantal Lamarre en conservent l'animation.

Dans la catégorie du meilleur pire film, on retrouve Filière 13 de Patrick Huard, Lance et compte de Frédérik D'Amours, L'appât d'Yves Simoneau, Le poil de la bête de Philippe Gagnon, Piché: entre ciel et terre de Sylvain Archambault et Reste avec moi de Robert Ménard.

En lice pour la pire performance d'actrice: Anik Jean (Filière 13), Louise Portal (Lance et compte), Danielle Proulx (Reste avec moi), Maxim Roy (L'appât) et Marie Tifo (Lance et compte). Chez les pires acteurs, la lutte se fera entre Rachid Badouri (L'appât), Serge Dupire (L'appât), Guy A. Lepage (L'appât), Guillaume Lemay-Thivierge (Filière 13), André Sauvé (Filière 13), Louis Morissette (Reste avec moi) et toute la distribution masculine de Lance et compte, même ceux qui meurent dans les 10 premières minutes.

Le jury de ces prix Aurore, une bobine soudée à un rond de poêle, est formé de Marc Cassivi et Marc-André Lussier de La Presse, de Manon Dumais (Voir), de Michel Coulombe (Radio-Canada) et d'Odile Tremblay (Le Devoir

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