Le producteur de Call-TV avait sans doute échafaudé un plan initial pour son animatrice Maryse Boisvert: O.K., choque-toi un peu en ondes, les gens vont téléphoner, tu vas voir, ça va faire jaser. Es-tu prête, ma belle? Tu fulmines dans trois, deux, un... action!

La blonde présentatrice, âgée de 34 ans, s'est exécutée, dans la nuit de mercredi à hier, sur les ondes de V. Sa prestation où elle s'attaque aux jeux impossibles de cette infopub maquillée en tombola a roulé sur tous les réseaux sociaux hier. Vous n'avez pas vu cette vidéo virale? C'est à la fois libérateur et divertissant. Enfin, quelqu'un à l'interne ose révéler ce que tout le monde chuchote depuis des mois: Call-TV sur V, ça sent drôlement l'arnaque et la tricherie, se dit-on après le premier visionnement.

Mais en même temps, c'est gros, beaucoup trop gros pour être vrai. D'abord, assister à une rébellion aussi violente en ondes, à part peut-être en Égypte, c'est extrêmement rare. Ensuite, la compagnie qui usine Call-TV, TM Products, n'a pas congédié l'animatrice colérique hier, se contentant de s'excuser platement, tout en assurant qu'elle gérerait la «situation en conséquence».

Un beau travail d'actrice, donc. Mon hypothèse, c'est que, comme prévu dans le scénario, Maryse Boisvert s'est emportée contre son producteur, un dénommé Adrien, mais a dépassé les limites de la colère acceptable sur la chaîne V. «On peut-tu mettre Adrien dewors? Est-ce qu'on peut crisser le fucking producteur dehors? Parce que là là, la madame est pas contente. Je suis tannée. Ça fait 80 minutes que je regarde la maudite grille, la même affaire, le même tableau, les mêmes lettres, et que je n'ai pas d'appels en studio. Y'a des limites à parler toute seule. Wô, ça va faire là», a-t-elle dénoncé à la caméra, sans toutefois vraiment avoir l'air en furie. Comme si quelqu'un lui dictait des ordres dans son oreillette.

Ce moment de télé surréaliste a été diffusé en direct, sans possibilité de montage, bien évidemment. Call-TV nous provient de Vienne, en Autriche, et joue tous les soirs entre 23h30 et 1h30 sur V. Et Maryse Boisvert y tient la barre en alternance avec trois autres Montréalais depuis la mi-décembre, soit Tristan Bavaria, Amélie Paul et Sarah Lévesque.

Un autre élément rend cette «colère spontanée» encore plus suspecte. Il y a un mois, Tristan Bavaria a employé le même truc que Maryse pour générer des appels téléphoniques à 1$ chacun (ka-ching!). Lui aussi a violemment attaqué le producteur en régie en qualifiant un de ses jeux de «merde». Lui non plus n'a pas été remercié. Il n'y a pas de coïncidence, ici. Ça sent la formule éprouvée.

Chez V, le porte-parole Tim Ringuette jure pourtant qu'il ne s'agit pas d'un coup de publicité. «Si c'est un stunt, c'est stupide et irrespectueux», martèle-t-il. Il enchaîne: «Nous, on ne tolère pas ça. C'est un sérieux écart de conduite. C'est irrespectueux. Nous prenons ça très au sérieux. Nous sommes désolés. Il y aura des conséquences.»

Quel type de répercussion? Impossible de le savoir. À notre demande d'interview officielle, Maryse Boisvert a répondu, par écrit, «malheureusement, je ne suis pas en bonne posture pour donner une entrevue en ce moment».

Pourtant, quelques heures auparavant, Maryse Boisvert avait publié la fameuse vidéo d'elle sur sa page Facebook personnelle en se vantant: «C'est ça qui arrive quand je suis dans mes hormones féminines.» Elle a aussi ajouté: «J'ai mal à la tête à cause du maudit Adrien», comme pour poursuivre le jeu. Toutes ces notes ont disparu en fin de journée hier, remplacées par «dure journée, je vais aller me coucher».

Confession, ici: je connais Maryse Boisvert depuis plusieurs années, par une très bonne amie, et je l'ai croisée dans les corridors de l'école des médias de l'UQAM. Jamais elle ne m'est apparue comme une tête brûlée capable d'un tel geste irréfléchi. Depuis quelques années, elle enfile des boulots de figurante (clips, cinéma, télé), de mannequin, d'animatrice, d'hôtesse et de comédienne. Son contrat à Call-TV finit à la fin avril.

La liste des champions (bis)

Nos espions ont encore fouiné efficacement - un gros merci - et grappillé d'autres noms de courageux qui relèveront le fameux Défi des champions, la nouvelle émission de TVA où 10 athlètes connus recréeront, tous les dimanches soirs, des numéros de cirque à la façon Battle of the Blades.

Nos sources ont déjà évoqué la participation du sprinteur Bruny Surin et de la patineuse Isabelle Charest. Vous pouvez aussi ajouter à la liste le patineur Marc Gagnon, sa collègue Nathalie Lambert, l'ex-joueur du Canadien Mathieu Dandenault, le médaillé d'or olympique en surf des neiges Jasey-Jay Anderson, ainsi que le maraudeur des Alouettes de Montréal Étienne Boulay.

Évidemment, ces infos n'ont pas été confirmées, car TVA dévoilera mardi matin l'identité des 10 apprentis disciples de Guy Laliberté. C'est l'homme-orchestre Normand Brathwaite qui agira comme maître de piste au Défi des champions à partir du 27 février, 20h30.