Voilà maintenant un an que Guy A. Lepage gazouille en direct, tous les dimanches soir, pendant la diffusion de Tout le monde en parle. L'animateur-producteur-monteur répond pratiquement à toutes les questions ou commentaires que les quelque 40 000 abonnés à son compte (guyalepage) lui adressent.

Réflexions sur ses nombreuses séances de twivage, le néologisme désignant l'action de gazouiller/clavarder tout en regardant la télé? «Ce qui est très, très utile, c'est que toutes les fois où il y a un semblant de controverse, je réponds et l'arrête tout de suite. Pourquoi on n'a pas invité telle personne? Je réponds. Pourquoi on n'a pas posé telle question? Je m'explique. La controverse ne se poursuit plus dans les journaux comme dans le passé. C'est le principal avantage. Avant, au lieu de parler du contenu de mon émission, je ne faisais que parler de ce qu'il n'y avait pas dedans», détaille Guy A. Lepage.

Sinon, les chiffres BBM de Tout le monde en parle (#TLMEP) n'ont pas explosé grâce au twivage et aucun miracle associé à Twitter n'a été constaté. Pourtant, depuis au moins un an, les experts - autoproclamés - des médias sociaux prédisent que le mariage entre le petit écran et le populaire site de microblogage donnera des résultats spectaculaires. Que Twitter ressuscitera même la télé traditionnelle agonisante. Pour l'instant, les bénéfices de cette union se mesurent difficilement: il existe très peu de données sur le pouvoir réel de Twitter sur la télévision au Québec.

À la demande de son producteur, Véronique Cloutier a ouvert son compte Twitter (CloutierV) le jour de la première des Enfants de la télé (#EDLT), le 15 septembre dernier. Elle aussi s'adonne maintenant au twivage tous les mercredis soir. «Est-ce qu'il y a eu un impact sur l'émission? Honnêtement, je ne peux pas dire que j'en ai senti un. C'est difficile à mesurer. Les gens ont beaucoup écrit pour dire à Antoine Bertrand d'arrêter d'embrasser toutes les filles du plateau. Alors il a levé le pied. Chose certaine, Twitter, ça ne peut pas nuire. C'est du bon bouche à oreille et c'est un moyen de rester près des gens», confie Véronique Cloutier.

Rapidement, l'outil a séduit la blonde animatrice, elle qui privilégiait plutôt Facebook pour communiquer virtuellement avec ses fans. «C'est un échange très agréable. On m'avait pourtant avertie que les gens étaient très sévères sur Twitter. Avec Facebook, on a l'impression de s'adresser à un public plus restreint. Twitter, c'est suivi par tout le monde. Et les utilisateurs de Twitter regardent beaucoup la télé», constate Véronique Cloutier.

Ça, c'est vrai. Selon la firme Influence Communication, deux des cinq mots-clics (les fameux hashtags) les plus employés par les gazouilleurs québécois depuis le 1er janvier 2011 ont un lien avec le petit écran: #ByeBye2010 trône au premier rang, suivi de Lucien Bouchard et de #TLMEP en troisième place. «Twitter, c'est comme un perron d'église. Tous les sujets qui animent les gérants d'estrade génèrent du trafic», remarque le président d'Influence Communication, Jean-François Dumas.

Contrairement à Véronique Cloutier et Guy A. Lepage, Éric Salvail (EricSalvail) ne gazouille pas en direct de Fidèles au poste (#FAP) les jeudis soir, car il anime... en direct. L'équipe se fie plutôt sur Annie Desgagnés, qui gère le compte de l'émission (fidelesauposte) avec une rigueur et une régularité impressionnantes. «C'est très étoffé. Annie, qui parle avec les recherchistes, donne sur Twitter les informations que je n'ai pas le temps de dire en ondes. C'est très intéressant. Comme téléspectateur, je serais content d'avoir ces infos-là. C'est une utilisation intelligente des réseaux sociaux», explique Éric Salvail.

Pour l'animateur-vedette de TVA, Twitter est aussi une façon d'hameçonner les jeunes qui ne syntoniseraient pas nécessairement Fidèles au poste, mais qui pianotent furieusement sur leur iPad ou téléphone intelligent. «Quand on a reçu Francis Martin, Twitter a beaucoup aidé. Il y a eu un buzz très important», se souvient Éric Salvail.

Alors pourquoi faire du twivage si ses effets sont, jusqu'à présent, peu visibles? «Je le fais parce que je connais l'émission. C'est moi qui l'ai montée et je sais ce qu'il va y avoir dedans. Et c'est un bel exercice de rationalisation et de concision que de résumer sa pensée en 140 caractères», répond Guy A. Lepage.

Le twivage permet aussi à bien des étourdis, comme moi, de se rappeler que telle ou telle émission joue présentement.

Vite, on se branche sur le plasma!

Parlant de twivage, ça risque de bourdonner pas mal fort demain soir pendant les Oscars. Suivez les mots-clics #incendies et #denisvilleneuve pour ne rien rater. Le Québec triomphera-t-il? On croise les doigts... tout en gazouillant.

Je lévite

Avec The Big C du réseau Showtime. Le coffret DVD n'est pas encore sorti, mais tous les épisodes de la première saison sont téléchargeables sur iTunes. The Big C, c'est une comédie douce-amère sur le cancer qui met parfaitement en valeur le talent de la magnifique Laura Linney. L'histoire? Celle d'une prof de Minneapolis qui va mourir, mais qui décide de profiter pleinement de ses derniers moments avec les siens. Drôle et émouvant.

Je l'évite

Le nouveau slogan des pubs de l'UPA. Chère Union des producteurs agricoles, vraiment, vous n'avez rien trouvé de plus original qu'«une chance qu'on sème» pour vous mettre en valeur? C'est extrêmement dommage. Bye.