La minisérie Carlos d'Olivier Assayas, qui dure 5h30, c'est de la grande télévision. Puissante, touffue et intense. En fait, est-ce vraiment de la télé ou un très long métrage d'espionnage qui a été découpé en trois tranches pour mieux passer à Super Écran?

C'est évident qu'un film de 5h30, ça ne rentre dans aucun multiplexe. Pas viable économiquement. La version réduite de moitié a séduit les cinéphiles l'an dernier, les collègues Marc-André Lussier et Marc Cassivi l'ayant tous deux classée dans leur top 10 des meilleures oeuvres de 2010. Au dernier gala des Golden Globes à la mi-janvier, Carlos a aussi raflé le prix de la meilleure minisérie, éclipsant Les piliers de la Terre, Le Pacifique et Temple Grandin.

Cette minisérie auréolée de prestige ne déçoit pas du tout, même si plus romancée que le film. Super Écran amorce sa diffusion ce dimanche à 20h. En pleine guerre des réseaux entre Le banquier, Tout le monde en parle et Le défi des champions. Pas la plage horaire idéale, mettons. Mais ne ratez pas ça. C'est de la dynamite.

Carlos détaille la vraie histoire, un brin touillée, du terroriste vénézuélien Ilich Ramirez Sanchez, très actif entre 1974 et 1994. L'acteur Edgar Ramirez, vu dans Che et The Bourne Ultimatum, campe avec panache ce révolutionnaire radical, militant pour la libération de la Palestine et tombeur de femmes en série. Ilich a pris le nom de Carlos dit «le chacal» au même moment où il a pris les armes.

Carlos se regarde comme un thriller, qui se déploie sur plusieurs continents. La reconstitution historique des années 70 est époustouflante. Il y a du budget dans cet ambitieux projet: explosions, costumes, décors, tournages à Londres, Paris, Beyrouth, etc. La première partie décolle en 1973, à Londres, où Carlos rate sa tentative d'assassinat contre Joseph Edward Sieff des boutiques Marks&Spencer, qui était aussi le vice-président de la Fédération sioniste de Grande-Bretagne.

Attendez de voir l'amateurisme des alliés palestiniens de Carlos qui tentent de tirer, à Orly, deux roquettes sur un appareil d'El Al, mais qui ratent leur cible lamentablement. La réalisation nerveuse colle parfaitement au récit. Un produit de haute qualité. Et en HD en plus.

Seul bémol: Super Écran a acheté la copie toute doublée en français, où les Vénézuéliens parlent français entre eux, où les Arabes s'expriment en français et où même les Allemands crient dans notre langue. Et tous ces accents sont parfois difficiles à décoder. Dans la version originale de Carlos, ça discute en espagnol, en arabe, en japonais et en allemand, mais avec des sous-titres.

Départ timide du Défi des champions

Le défi des champions de TVA regorge de potentiel. D'abord, son animateur, Normand Brathwaite, est un vrai pro. Ensuite, les 10 athlètes choisis débordent de charisme, ils s'expriment bien à la caméra, ils sont attachants, ils portent tous bien le spandex et on a vraiment le goût de les suivre dans leurs premières expériences avec le cerceau ou la jonglerie.

Cela dit, la première de dimanche soir n'a pas cassé la baraque. Beaucoup trop de bla-bla, pas assez d'action. C'est un problème récurrent depuis quelques saisons à TVA, qui, comme dans La série Montréal-Québec, consacre beaucoup de temps d'antenne à présenter ses concurrents. Nathalie Lambert, Marc Gagnon ou Bruny Surin, à peu près tous les téléspectateurs les connaissent. Pourquoi ne pas avoir démarré la compétition tout de suite?

Autre truc: le studio F de TVA semblait bien petit et cheapo pour la grandiosité de ce projet télé qui s'étalera sur huit autres semaines. Il aurait peut-être fallu tourner à la TOHU ou au Cirque Éloize directement. Car ce plateau, exigu, n'impressionne vraiment pas et ne rendra pas justice aux performances spectaculaires que concocte le groupe des 10. Quant aux gradins, ils paraissaient bien vides.

Du côté des juges, dont Denise Filiatrault et Alain Goldberg, espérons qu'ils ne déverseront pas trop de miel sucré sur les candidats. Un peu de venin, mais dosé avec justesse, c'est nécessaire dans ce type de concours. Normand Brathwaite mérite aussi plus de temps de glace afin d'exécuter autre chose que des introductions ou de passer le micro à Marie-Claude Savard.

Ah oui, dernière chose, les costumes argentés des athlètes, c'est une mauvaise idée. Ça fait très patate au four. La première du Défi des champions n'a été vue que par 936 000 fidèles. La diffusion des Oscars (où étaient présents Céline Dion, Denis Villeneuve et Macha Grenon) a sans doute contribué à ces BBM relativement timides pour TVA. Rendez-vous ce dimanche pour le main à main, le trapèze, le mât chinois et le rola bola.