Zombie Boy, alias Rick «Rico» Genest de Montréal, poursuit sa percée médiatique. Il tourne présentement dans un film de samouraïs (47 Ronin) à Budapest avec Keanu Reeves et Rinko Kikuchi, révélée dans Babel.

Au rayon de la mode, son corps tatoué comme un squelette a tapissé les pages du magazine Vogue Hommes au Japon et du GQ Style. Et, pour couronner le tout, Lady Gaga a chanté les louanges du jeune homme de 25 ans lors d'une grande entrevue accordée dans les bureaux de Google, le 23 mars.

«Ce que son look dit, c'est: je ne vais pas laisser la société ou les critiques me dicter ma beauté. Chaque personne définit sa propre beauté. Et Rico se définit de façon artistique et non par rapport à ce que la société lui accorde comme valeur», a expliqué Miss Gaga, qui a inclus Rick Genest (et arboré le même visage zombifié que lui) dans son vidéoclip Born This Way.

Honnêtement, personne n'aurait pu prédire que la «carrière» de Zombie Boy exploserait de cette façon: défilé pour Thierry Mugler, clip, photos et film. Il a beau être aimable et affable, selon ses proches, il ne possède pas vraiment de talent extraordinaire, si ce n'est son physique recouvert de dessins macabres indélébiles.

En même temps, dans cette magnifique culture du 2.0, plus besoin de posséder un don extraordinaire pour devenir célèbre (c'est le demeurer qui s'avère plus compliqué). Regardez la Californienne Rebecca Black. L'adolescente de 13 ans a accumulé les visionnements sur YouTube - près de 70 millions - parce que les internautes trouvaient sa chanson Friday atroce et pourrie. Pourtant, elle s'est ramassée chez Jay Leno et enregistrera bientôt un album complet. Soupir.

Bref, tant mieux pour Rick Genest s'il peut engranger de l'argent et profiter de ses 15 minutes de gloire. Son parcours est loin d'avoir été rose jusqu'à présent et un peu de lumière ne nuira pas.

Après la publication d'un long portrait de Zombie Boy dans La Presse, il y a un mois, ses parents Roch et Catheryne m'ont écrit une lettre m'accusant «d'abaisser un jeune artiste montréalais en pleine ascension, plutôt que de souligner son succès et de donner de l'espoir à d'autres jeunes artistes».

Je comprends leur cri du coeur et je ne commenterai pas sur la notion d'«artiste». Car cela n'a pas dû être facile pour eux, toutes ces années rock'n'roll que Rick a passées au square Viger, à laver des pare-brises et à dormir dehors.

À la cour municipale de Montréal uniquement, l'historique de Rick Genest renferme 26 dossiers pour diverses infractions aux règlements de la Ville de la Montréal et à ceux de la STM. En les épluchant, on constate que le jeune punk a entretenu une relation compliquée et hostile avec les autorités. Et avec son visage tatoué, probablement que les policiers de Montréal le repéraient plus facilement que ses autres camarades squeegees.

Ce qui lui est reproché? Rien d'extrêmement grave. Il n'a pas de casier judiciaire, mais a collectionné les amendes salées sur une période de six ans, conséquence directe de sa vie dans la rue. La première transgression documentée remonte en novembre 2003, alors que Rick Genest, 18 ans, «a entravé la libre circulation des voyageurs au métro Berri-UQAM».

En 2004, Zombie Boy a multiplié les écarts de conduite: les policiers l'ont intercepté ivre sur la voie publique, il s'est trouvé au square Viger après les heures de fermeture, il a franchi le tourniquet au métro Champ-de-Mars sans payer, il a troublé la paix à l'angle des rues Saint-Denis et Viger, il a consommé de l'alcool sur le domaine public, ce genre de frasques.

En juin 2005, il a été pincé avec un couteau, toujours au square Viger. Puis, le même petit manège s'est répété en 2006, 2007, 2008 et 2009: il a répandu du liquide sur le sol du domaine public, il a pris le métro sans payer, il a refusé d'obéir à un agent de la paix, il a falsifié, prêté ou reproduit un titre de métro, il s'est assis sur le sol d'un wagon de métro à la station Laurier, alouette.

La plupart du temps, quand il se faisait épingler, Rick donnait l'adresse de ses parents, à Châteauguay. Il a aussi créché dans un immeuble très modeste, c'est un euphémisme, de la rue Berri, au sud de la rue Saint-Grégoire, dans un des coins plutôt glauques du Plateau Mont-Royal. À au moins deux reprises, il a également laissé l'adresse du Réseau d'aide aux personnes seules et itinérantes de Montréal, rue Ontario Est.

Entre vous et moi, plusieurs des incartades de Zombie Boy ressemblent à de l'acharnement policier. N'empêche: il y a des règles dans une société et elles s'appliquent à tous, peu importe le mode de vie choisi.

Quand Nicola Formichetti, le bras droit de Lady Gaga et directeur de création chez Thierry Mugler, a remarqué Rick Genest sur Facebook cet hiver, il y avait un gros pépin. Zombie Boy ne possédait pas de passeport et devait près de 10 000$ en amendes non payées. Formichetti a alors joint l'avocat montréalais Colin Singer, spécialiste en immigration, et le 18 janvier dernier, ta-dam, les compteurs ont été remis à zéro.

Rick est depuis parti pour la gloire. Réussira-t-il à rester au top très longtemps? On verra. Contrairement à l'encre permanente qui colore sa peau, la gloire, elle, est bien éphémère.

Je lévite

Avec l'album Safari Disco Club de Yelle. Alors, on danse? Comment résister aux sonorités vitaminées et toniques de cette adorable chanteuse électro-pop française? Ça nous rappelle que le printemps et l'été s'en viennent (on l'espère, en tout cas).

Je l'évite

La chanson Mr Saxobeat d'Alexandra Stan. D'abord, c'est carrément mauvais. Ensuite, ça s'incruste dans votre coco pendant au moins 24 heures. À l'aide!