Le concept a été modifié: au lieu d'opposer deux jeunes familles qui rénovent les mêmes pièces d'une maison en même temps, Mon plan Rona met en vedette trois équipes de deux personnes qui retapent leur maison avec un budget de 75 000 $. Elles investissent l'argent où elles le désirent: salle de bain, sous-sol, cuisine, salle à manger, alouette.

Le déroulement de ce docuréalité change, mais le titre et le commanditaire évoquent toujours Ma maison Rona, qui a occupé les ondes de TVA pendant huit printemps. Hier, la vice-présidente à la programmation de TVA, France Lauzière, a insisté sur les différences entre ces deux produits propulsés par le quincaillier Rona: «D'abord, les participants sont tous propriétaires et ils veulent rénover. Ils sont tous responsables de leur plan et de la réalisation de ce plan. Après huit ans, nous avons senti le besoin de regarder autre chose», note-t-elle.

Le premier épisode (lundi à 20 h) s'attarde longuement, hélas, sur le processus de sélection des candidats. C'est peu intéressant, mis à part la présentation des trois experts (Florent Léger, Josée Lemire et Érick Trépanier) qui scruteront le déroulement des travaux chez les participants. Gino Chouinard, qui pilote l'émission en remplacement de Mélanie Maynard, y étrenne un manteau de cuir et t-shirt noir avec encolure en V question de bien casser l'image plus BCBG qu'il projette à Salut, bonjour

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L'action démarre véritablement au deuxième épisode (11 avril) avec l'ouverture des chantiers. Dégâts d'eau, désorganisation, retards, bordels et planchers défoncés: les pépins se multiplient. Mon plan Rona privilégie, avec raison, l'aspect dramatique des rénos. Le rythme est rapide et la présence de Rona, beaucoup moins agressante qu'auparavant, en excluant tous les plans de caméra qui flattent le logo à répétition. «Le mot-clé est: organique. Il faut que tout se moule au contexte», indique la productrice du Plan Rona, Dominique Joly.

Le décompte à la 24 heures chrono de Ma maison Rona disparaît pour faire place à des colonnes de lumière. Quand c'est vert, on rénove. Quand c'est rouge, on dépose les marteaux. Les participants vivent dans la poussière et les débris pendant les huit semaines que nécessiteront les aménagements. Rona fournit matériaux et outils.

Le recrutement des apprentis bricoleurs a été exécuté avec soin: les trois couples choisis sont tous attachants à leur façon. Vous les découvrirez le soir de la première. Gino Chouinard doit parfois «jouer au méchant» avec les candidats et les punir, ce qui passe plus ou moins bien. Des trois experts mandatés pour surveiller la progression des rénovations, c'est Josée Lemire qui m'est apparue la plus agréable. Érick Trépanier a été très cassant avec son équipe.

C'est la boîte Zone 3 qui a bricolé Ma maison Rona pour TVA pendant huit ans. Pour Mon plan Rona, TVA a déménagé la production à l'interne sans payer de droits. Comment a réagi Zone 3 à ce rapatriement unilatéral? Pas de commentaire, a tranché un des patrons, Michel Bissonnette.

Comme le concept a été revu en entier, TVA juge qu'il s'agit d'une toute nouvelle émission. «Les projets commandités, il y a une volonté de les ramener à l'interne. Ça simplifie les productions», complète France Lauzière de TVA.

S.O.S. 19-2

La série policière 19-2 a été le succès de l'hiver, autant critique que populaire. Les sept premiers épisodes ont captivé, en moyenne, 1 370 000 fidèles. Pourtant, la suite des aventures de Nick Berrof et Ben Chartier est tout sauf assurée. Pourquoi? Radio-Canada a exigé qu'un producteur d'expérience épaule Luc Châtelain et Pierre Beaudry des Films Zingaro dans la réalisation de ce projet de plusieurs millions. La productrice Sophie Deschênes (Musée Éden) de Sovimage a collaboré à la première saison, mais elle manque de temps pour la suite.

Il semble que le recrutement de cette personne d'expérience se complexifie. Joint hier à Cannes où il participe au MIP-TV, Luc Châtelain a répondu qu'il «travaillait très fort» pour que ça se débloque, balayant toutes les autres questions de La Presse. La scénariste Joanne Arseneau laissait aussi planer le mystère. «Tout est arrêté. Chose certaine, la suite n'est pas pour l'an prochain», a-t-elle dit. Aucun texte n'a encore été pondu. Et Pierre Beaudry n'a pas donné signe de vie hier.

Chez Radio-Canada, les patrons attendent le dépôt d'une proposition. Au plus tôt, cette série dramatique reprendrait les ondes en septembre 2012. En attendant, la SRC diffuse le dernier épisode de 19-2 demain à 21 h.

Cachez cet iPhone

Le porte-parole de Quebecor Média, Serge Sasseville, n'a pas apprécié ma chronique de mardi dernier sur la disparition progressive de l'iPhone des séries dramatiques de TVA. Tout ça parce que Vidéotron, propriété de Quebecor tout comme TVA, ne l'offre pas encore à ses clients.

Sa réponse, publiée dans nos pages jeudi, n'a pas été très convaincante. Selon l'analyse de M. Sasseville, le bannissement de l'iPhone dans une ribambelle d'émissions de fiction de TVA se compare à la commandite de Ford dans 19-2 à Radio-Canada. Non mais quel raccourci malhonnête, doublé d'une comparaison boiteuse. Est-ce que Ford et Radio-Canada appartiennent à la même société? Non. Est-ce que la SRC bloque l'accès à ses autres émissions à des commanditaires comme Toyota, Chevrolet ou Nissan pour protéger le marché de Ford? Pas plus.

Le problème, c'est que TVA, un réseau qui puise allègrement dans les fonds publics pour bricoler sa grille, se comporte comme si Vidéotron finançait officiellement toute sa programmation. Ce qui n'est évidemment pas le cas. Et les patrons de Quebecor pensent-ils sérieusement qu'en ne montrant plus l'iPhone d'Apple dans les téléromans et dramatiques de TVA, leurs «abonnés» vont oublier son existence et se ruer sur le Nexus One offert «en exclusivité» par Vidéotron? Allez, un peu de sérieux. Merci.

Photo: Alain Roberge, La Presse

Gino Chouinard pilote l'émission Mon plan Rona, à l'antenne de TVA dès lundi prochain, à 20 h.