Alors, palpitante, trépidante et bourrée de suspense, cette soirée électorale à la télé? Vraiment. Victoire majoritaire des bleus, anéantissement du Bloc québécois, démission de Gilles Duceppe et ascension fulgurante du NPD, tout a déboulé rapidement dans nos téléviseurs.

À 21 h 49, Pierre Bruneau de TVA annonçait la victoire des conservateurs de Stephen Harper, battant encore Radio-Canada côté vitesse. Onze minutes plus tard, Céline Galipeau a repris la formule classique «si la tendance du vote se maintient» pour prédire le triomphe du PC. L'impact n'a pas du tout été le même que sous le règne de Bernard Derome, malheureusement.

À 22 h 43, TVA a enfoncé le dernier clou en martelant la majorité du premier ministre Harper. Sur la chaîne publique, il a fallu patienter huit longues minutes, soit jusqu'à 22 h 51, pour apprendre la même nouvelle. Oups.

La nervosité dans l'équipe de Mme Galipeau était palpable, on cherchait même Joliette sur le tableau, tandis que ça roulait à pleins gaz avec les Paul Larocque et Jean Lapierre à l'autre poste. Les radio-canadiens manquaient de pep et de rythme, ce qui contrastait avec l'assurance, le contrôle et l'aplomb de TVA.

Côté image et habillage visuel, Radio-Canada a brillé avec son superbe plateau en teintes de blanc et de gris et sa réalisation plus moderne. Et les tableaux virtuels qui apparaissaient sur la passerelle près de Patrice Roy et l'immense carte électronique manipulée par Emmanuelle Latraverse ont été impressionnants. Bien sûr, ces beaux joujoux radio-canadiens ont mal fait paraître TVA, qui semblait coincé en 2004 et pas du tout 2.0.

Par contre, les tableaux en bas d'écran se lisaient beaucoup mieux à TVA. Ceux de Radio-Canada, très jolis, étaient minuscules et on ne déchiffrait rien de rien dans la colonne de gauche. Problème majeur. Lors d'une soirée électorale, comme pendant un gala, ce sont les résultats qui importent. Et TVA a mieux fait que la SRC dans leur livraison. Encore une fois.

La chef d'antenne du Téléjournal de 22 h succédait hier au vétéran Bernard Derome, la référence en élections. Des chaussures très difficiles à enfiler et Céline Galipeau n'a pas semblé assumer son nouveau rôle de leader, qui exige poigne, vivacité et fermeté. Autre changement: Mme Galipeau a animé debout - très bon choix - comme la majorité de ses acolytes. C'est une technique souvent utilisée en radio, où les DJ restent toujours debout, question de ne pas diminuer leur niveau d'énergie. À TVA, presque toutes les têtes d'affiche, sauf Sophie Thibault, ont opté pour le fauteuil.

Le panel de commentateurs de Radio-Canada, sous la houlette d'Anne-Marie Dussault, a pris les ondes à 19 h 15 sur RDI avec Tasha Kheiriddin, Liza Frulla, Jean-François Lisée et Anne Lagacé Dowson. Analyses intéressantes, opinions balancées entre les quatre partis, je les ai bien aimés, même s'ils se coupaient la parole dans le feu de l'action. On se serait même cru à 110 %.

Quelques minutes plus tard, Sophie Thibault a dévoilé sa tablée d'analystes sur LCN, soit Jean-Jacques Samson, Richard Martineau et Michael Fortier. Le ton y a été plus agressif et les remarques glissaient dans la même direction: vers la droite. Mettons que ça manquait d'équilibre, comme à Rencontres paranormales, où la table penchait toujours du même bord.

Conclusion? C'était plus beau visuellement à Radio-Canada avec l'utilisation massive de la technologie comme à CNN. À TVA, on sentait les journalistes plus à l'étroit dans les studios bleutés évoquant quasiment un chandail du CH.

Outre ces considérations cosmétiques, TVA a damé le pion à Radio-Canada. Et avec pas mal moins de moyens. Les résultats étonnants du scrutin n'ont pas déstabilisé le trio Bruneau-Lapierre-Larocque, toujours précis, rapide et efficace. C'était pas mal moins fluide à Radio-Canada, malheureusement.

Photo: Robert Mailloux, archives La Presse

L'animatrice de la soirée électorale à Radio-Canada, Céline Galipeau