La saison des galas a pris fin hier soir sur un spectaculaire tour du chapeau des Chick'n Swell, qui ont bourré la fête des Olivier de leur belle folie et de plusieurs trouvailles ingénieuses.

Et de toutes les cérémonies programmées en 2010-2011, les trois Chick nous ont offert la plus décalée, la plus intéressante et la plus audacieuse. Comme quoi, même après trois ans, il est possible de dynamiser un gala et de se renouveler sans sombrer dans la facilité et le déjà-vu.

Le numéro d'ouverture des Chick'n Swell avec l'iPad géant, manipulé par les deux immenses mains en forme de marionnettes, a été spectaculaire. Beaucoup de minutie, d'intelligence et d'imagination dans cette ouverture techno. Au milieu des diverses prouesses techniques, on a entendu Gilles Girard des Classels et Loco Locass pousser la note.

Par la suite, il fallait être hyper attentif pour ne rien rater dans la vignette du salut à Richard Desjardins: Josélito Michaud, Nic et Pic, Louise Richer et Super Mario Kart y ont défilé à une vitesse hallucinante.

Comme c'était le 13e gala et que 13 prix étaient remis en ondes, le monologue de départ a tourné autour des superstitions. Très bonne idée que de remettre des pattes de lapin et des parapluies aux invités assis dans le studio 42 de Radio-Canada. Bémol, par contre, pour la fausse boucherie de ces petits lapins. Un peu trop gore à mon goût. Et ça ne cadrait pas du tout avec l'esprit bon enfant des Chick.

La mélodie du malheur chantée par Ghyslain Dufresne a été très mignonne, avec une deuxième apparition de Gilles Girard, le célèbre petit gros des Classels. Merci d'avoir ajouté les sous-titres afin que les téléspectateurs puissent suivre comme à La fureur. Très comiques aussi que ce CAA de l'humour et le jeu vidéo Humoriste Héro. Voilà le type de sketch qui pimente agréablement un gala.

La cerise sur le gâteau? Les Chick ont remporté l'Olivier du numéro de l'année pour leur «cirque couché». Bravo.

Quant aux duos de présentateurs, une énorme faiblesse dans les années passées, ils ont fourni de l'excellent matériel hier. Parmi les plus comiques, je pense à Guy Jodoin et Laurent Paquin, Cathy Gauthier et Nabila Ben Youssef, Stéphane Rousseau et Simon-Olivier Fecteau, ainsi que Philippe Bond et Dominic Paquet, qui ont été tordants dans leur imitation des émissions de radio humoristiques en beurrant trop épais pour dérider leurs auditeurs.

Parmi les moins drôles, il y a eu Sylvain Larocque et François Léveillé, qui ont enfilé les costumes et perruques de Voltaire et Beaumarchais tout en déclamant. Pas très réussi comme segment. Le courant passait difficilement entre Mario Dumont et Peter MacLeod, qui ont même réutilisé le gag du gros cave à la Chambre des communes lancé à Tout le monde en parle avant les élections.

Les deux ex-découvertes de l'année, Pierre Hébert et Philippe Laprise, recyclés en employés de McDo, auraient dû raccourcir leur présence de quelques minutes. Leur flash à propos des débuts de carrière difficiles était intéressant, mais il s'est étiré. Un détail, on s'entend, car Hébert et Laprise ont lancé plusieurs bonnes lignes.

Autre point agaçant: les calisse, estie, ciboire, hostie et tabarnak ont résonné un peu trop souvent dans nos téléviseurs. Pas besoin de sacrer autant pour faire rire.

Pour les prix, en excluant le couronnement de Jean-François Mercier, peu de grandes surprises ont jalonné les célébrations d'hier. En radio, Midi Morency de CKOI a triomphé pour la quatrième année de suite, battant même les populaires Grandes Gueules du concurrent NRJ. Douce revanche pour Morency et ses trois acolytes, car CKOI débranche et enterre leur émission vendredi. Selon nos informations, «l'ultime radio» CKOI délaissera drastiquement l'humour pour amorcer un virage musical. Un peu à la Virgin Radio (95,9 FM).

L'émission de Normand Brathwaite, Tout un retour, diffusée tous les jours de semaine entre 15h et 18h, passe aussi à la trappe. Charles Lafortune a également été guillotiné. Bref, c'est l'hécatombe, qui épargnerait toutefois Laurent Paquin et Patrice Bélanger le matin.

Tristesse: Marc Labrèche ne s'est pas pointé pour cueillir le prix gagné par 3600 secondes d'extase. Renouerait-il avec sa bonne vieille habitude de bouder ces soirées glamour? Il a pourtant assisté au dernier gala Artis.

Belle et surprenante victoire de Tout sur moi dans les comédies à la télévision, alors que la foule sifflait très fort pour Les Parent. On aurait cependant aimé entendre notre trio favori remercier leurs fidèles, mais, hélas!, ils tournent présentement leur dernière saison, a indiqué leur productrice, Josée Vallée.

Parmi les gagnants les plus chics, notons Guillaume Wagner, la révélation de l'année que l'on voit souvent à Un gars le soir, Martin Matte en gris chatoyant et Jean-François Mercier, l'Olivier de l'année.

Le gala a connu une légère baisse de régime après la victoire de Jean-Michel Anctil, mais a fini de façon spectaculaire avec l'arrivée de Dominique Michel, 78 ans, et Denise Filiatrault, qui fête ses 80 ans aujourd'hui. Vraiment, le Québec doit beaucoup à ces deux grandes dames de l'humour. Respect, Dodo et Denise.