Il y a quelque chose de jubilatoire à entendre une grand-maman aux cheveux argent crier à un jeune yo vissé sur un rouli-roulant: «Enwèye, pète-toi la yeule»!

Des scènes irrévérencieuses comme celles-là, la nouvelle comédie de caméra cachée Les détestables, à V, dépouillée de «rires en canne», soit dit en passant, en renferme des dizaines et des dizaines. Immense coup de coeur pour cette adaptation d'un concept flamand, mise en chantier ici par Louis Morissette.

Pour bien des gens, être grand-parent rime avec tricot, bridge et manger mou. Asexués et détroussés de leur fibre rebelle, les gens de l'âge d'or deviennent trop souvent, à la télévision, incolores, insipides et quasiment invisibles.

Pas dans Les détestables, qui nous montre des vieux qui volent au centre commercial, qui montrent le majeur, qui se magasinent un trip à trois, qui parlent de cul, qui se soûlent en conduisant leur fauteuil motorisé, qui sniffent de la coke, qui démolissent les châteaux de sable de gamins à la plage ou qui pètent en public. Et c'est férocement rigolo.

Ces p'tits vieux ne correspondent aucunement au cliché du grand-parent «gâteau», complètement gaga devant ses petits-enfants. «Mon dieu, yé donc bien pas beau», balancera une vieille haïssable au bébé d'une jeune maman à l'épicerie. La mère, abasourdie, ne sait quoi répondre.

La réaction des jeunes victimes de l'impertinence des aînés est toujours savoureuse. Dans le deuxième épisode, un papi pousse sa dulcinée en fauteuil roulant et, excédé de l'entendre se plaindre, il la dompe sur une pile de sacs à ordures. Une jeune femme qui assiste à la scène frôle la syncope et se précipite à la rescousse de la vieille dame allongée dans les déchets.

Chapeau aux neuf comédiens jouant ces attachants détestables, qui n'ont jamais peur de s'humilier pour provoquer des rires. Le choix de la musique de fond, puisée dans le répertoire yé-yé des années 60, accompagne parfaitement les gags. Vous y entendrez notamment Les Bel Canto, Mimi Hétu et Renée Martel. Ne ratez pas ces incomparables Détestables, tous les mardis à 19h

Autre nouveauté automnale de V: le concours culinaire Et que ça saute!, qui a démarré mardi à 20h. Premier constat: avec ses commentaires secs comme des croûtons et acides comme des citrons, le chef Giovanni Apollo n'a rien à envier à la méchanceté légendaire de Gordon Ramsay. Tranchant, vous dites? M. Apollo, spécialiste de la cuisine moléculaire, n'a pas hésité à jeter carrément à la poubelle les plats que son palais a jugé infects. À ses côtés, Martin Juneau du Newtown avait l'air doux comme un carré d'agneau.

Est-ce que les téléspectateurs québécois sont prêts à encaisser ce genre de commentaires assassins? On verra. Règle générale, dans les concours télévisés québécois, les remarques des juges atteignent rarement ce niveau de brutalité.

Pour une première émission, Et que ça saute! a mis beaucoup trop de temps à grésiller. Nous n'avons pratiquement pas vu l'animatrice Mahée Paiement à l'oeuvre, à part pour avertir les concurrents de la cruauté des deux juges ou pour les poivrer de questions banales comme: «Êtes-vous déçus de ne pas avoir été choisis?»

L'avantage des Chefs, c'est que la compétition décollait dans les premières minutes. À Et que ça saute! nous avons dû nous farcir (zzzz) les auditions des 100 meilleurs cuistots, un segment peu pertinent et beaucoup trop long. Attendons maintenant de voir la deuxième émission avant de décider si le plat est raté ou non.

Du côté de L'arbitre, les vendredis à 19h, Anne-France Goldwater s'en sort très bien et garde un contrôle quasi militaire sur sa salle d'audience. L'émission est intéressante quand les causes le sont, c'est aussi simple que ça.

Lors de la première, l'histoire de la minoune usagée vendue 2000$ à une étudiante a été fort instructive, car elle aurait pu arriver à n'importe lequel d'entre nous. Au deuxième épisode, le cas du site web et des mots achetés sur Google a été pas mal confus et opaque. Et le plaignant s'exprimait à ce point mal que l'on n'a pratiquement rien compris du litige. Par contre, la mésaventure du jeune planchiste qui a fracassé la vitrine d'un resto par accident a soulevé un bon débat: comme le restaurateur n'avait pas d'assurances, qui devrait payer les réparations?

La star de L'arbitre, c'est l'avocate Anne-France Goldwater, qui m'est apparue solide, juste, redoutable et même souriante. Je détecte beaucoup de potentiel ici. Le français de Me Goldwater passe le test, malgré quelques petites fautes ici et là. Mais on lui pardonne. Parce qu'on ne veut surtout pas être appelé à en découdre avec elle, en cour ou dans la cour d'école.

Je lévite

Avec la trame sonore de Grey's Anatomy vol. 4. Cela faisait quatre ans que l'on attendait cette compilation, qui réunit notamment Lykke Li, The National et Katie Herzig. De la musique parfaite pour un automne douillet.

Je l'évite

L'appel du Sud de Brault&Martineau. Nous sommes sans doute des milliers à vouloir maintenant s'abonner au service d'afficheur pour être 100% certain que si le Sud appelle pendant un souper entre amis, nous allons tout faire sauf décrocher la ligne. Franchement.