L'insulte -maudit douchebag!- circule depuis plusieurs années déjà. En fait, son emploi péjoratif remonterait aux années 60, mais c'est dimanche soir que cette offense ultime a pénétré dans des milliers de foyers québécois grâce à la déesse de la rhétorique Athéna d'Occupation double, à TVA.

Devant 1,6 million de téléspectateurs, la blonde Athéna, boulimique de tabloïds et de dictionnaires, a passé sa commande à propos du type d'homme qu'elle convoitait dans cette téléréalité arrosée au porto: un douchebag, avec de gros muscles et son bling en accompagnement.

Plusieurs d'entre vous avez sourcillé: un douche quoi? Un douchebag. Comme dans un homme qui arbore, dans l'ordre, le désordre ou en kit total: un faux-hawk (un mohawk pas tout à fait complété), d'immenses tatouages à motifs tribaux, des sandales blanches, des casquettes cloutées et des vêtements ultra ajustés. Quoi? Faut bien que ces incalculables heures passées à pousser de la fonte au gym servent à quelque chose, le gros?

Le douchebag, très centré sur sa propre personne, abuse généralement de l'expression «su'a coche», l'équivalent féminin du «trop nice» d'Odile. Et n'oublions pas son bronzage foncé, un peu comme celui des ganguros, vous savez, ces jeunes Japonaises qui se brunissaient le visage de façon exagérée à la fin des années 90?

Antihipster par excellence, le douchebag n'a pas a) de poils sur le corps, b) de traités de philosophie dans sa bibliothèque et c) de vocabulaire. Mardi soir, un des concurrents d'OD, frustré par une remarque de l'un de ses camarades, a fulminé: «J'y aurais câlissé un coup de pied dans la face.» Fin de l'argumentation. Quintilien et Cicéron auraient été fiers.

L'expression anglophone douchebag signifie, littéralement, poire à lavement vaginal. C'est un sac servant à administrer une douche aux demoiselles désirant se sentir fraîches en bas de la ceinture et dont la seule utilité consiste à se vider dans une partie très intime de l'anatomie féminine.

Comment le douchebag est-il passé de trousse vendue en pharmacie à insulte suprême? Cela reste nébuleux. En y réfléchissant, on fait quelques rapprochements, comme à OD. Un douchebag, autant celui de type Jean Coutu que celui qui se trémousse sur du Tiësto au Beach Club de Pointe-Calumet, ça se remplit, ça se souffle, puis ça se dégonfle rapidement. Une fois vidé, un douchebag ne sert plus à grand-chose. Après la femme-vulve de Nelly Arcan, voici donc l'homme-déversoir.

Bien avant l'apparition de ces hommes-objets à la plastique travaillée, une image qu'a cimentée la téléréalité Jersey Shore, le terme douchebag désignait un trou de cul fini, sans trop d'égard à son apparence physique. Dans la télésérie Les Soprano, plusieurs personnages crachent cette insulte très vulgaire ou sa version courte, «il est tellement douche».

Le douchebag fait, dans la culture populaire d'aujourd'hui, beaucoup plus référence à une image corporelle stéréotypée et à un mode de vie superficiel plutôt qu'à des traits de personnalité. Le douchebag engloutit son fric dans des bouteilles de Grey Goose à sa table réservée d'un «supper club» de banlieue, il conduit une voiture «pimpée», etc.

Le terme a dérivé de son sens et a perdu, un peu, de sa méchanceté d'origine. Le magazine Details a même publié un article très controversé, en décembre 2009, sur les douchefags, la version gaie des douchebags hétérosexuels dits traditionnels.

On parle beaucoup de l'image des gars véhiculée par Occupation double, mais il y en aurait tout autant à dire sur celle des princesses qui jacassent dans leurs châteaux en Algarve.

Prenez la sirène Christyna Boudreault, carte cachée de la production pour semer la bisbille chez les célibataires de sexe féminin. Pas besoin d'avoir vu tout Nip/Tuck pour détecter que ce mannequin professionnel (de bikinis) a quelque chose de soufflé dans «le haut du corps», pour reprendre le langage de Jacques Martin.

Sa maman n'a mis que très peu de temps à confirmer au magazine La Semaine que Christyna a, bien sûr, subi une augmentation mammaire tout juste avant de s'envoler vers le Portugal.

En suivant la logique «douchebagienne», cette opération est une bonne décision d'affaires. Oui, oui. Investir dans une paire de seins à quoi, 6000$ ou 7000$, pour peut-être remporter 500 000$ de prix, c'est une occasion à ne pas rater, non?

Je lévite

Avec les pubs de Neostrata. Non, ce ne sont pas vos rides qui trahiront votre âge, mais bien le fait que vous enregistrez encore vos «beaux programmes» sur une VHS. Ou parce que vous fredonnez par coeur, et dans un ascenseur, une ritournelle de Belgazou. Une approche tonique et humoristique pour un produit de beauté si populaire que les publicitaires ne savent plus comment vendre.

Je l'évite

Les pubs de La Capitale assurance. En connaissez-vous beaucoup de gens qui chantent l'Alléluia du Messie de Handel au beau milieu de la rue après avoir écrabouillé leur pare-chocs contre celui d'un quidam en se rendant au boulot? Mettons que ce n'est pas ce type de chant euphorique qui sort de notre bouche après un accident.