Seinfeld, Frasier et Cosby ont longtemps régné au royaume de la sitcom où tout le monde aimait Raymond (sauf moi). Mais un fort vent, un vent parfumé comme dans une pub de Garnier Nutrisse, souffle actuellement sur le petit écran. Autant ici qu'aux États-Unis.

Savez-vous quelles sont les deux nouvelles sitcoms qui ont connu les départs les plus fulgurants sur les grandes chaînes américaines cet automne? New Girl de Fox et 2 Broke Girls du réseau CBS. Deux comédies centrées sur des femmes. Des femmes drôles, indépendantes, affranchies, jolies et, attention ici, sexuées.

La New Girl de Fox, c'est la comédienne Zooey Deschanel, reine des hipsters et aussi chanteuse indie dans le duo She & Him. Dans New Girl, Zooey incarne Jess, une jeune prof qui, larguée par son amoureux, échoue dans un grand loft de Brooklyn avec trois colocs masculins. Insérez ici quelques blagues de Dirty Dancing, de douchebags et de Monday Night Football.

Quant à l'autre nouveauté, 2 Broke Girls, ma préférée, elle reprend un peu la trame de Laverne&Shirley. On y suit une brune sarcastique (Kat Dennings, qui hérite des meilleures lignes) et une blonde pétard filiforme (Beth Behrs). Comme son titre l'indique, les deux colocs tirent le diable par la queue et bossent comme serveuses dans un casse-croûte dans l'espoir d'ouvrir leur commerce de cupcakes (tellement 2008, soit dit en passant). Ah oui, c'est Michael Patrick King, le magicien derrière Sex and the City, qui produit 2 Broke Girls.

Chez NBC, les patrons misent beaucoup sur Whitney, une sitcom taillée sur mesure pour la comédienne Whitney Cummings, qui collabore aussi à la production de 2 Broke Girls sur CBS. Vous suivez toujours? Parfait.

Le succès fulgurant et surprise du film Bridesmaids, écrit et joué par la délicieuse Kristen Wiig, a ouvert la voie à toutes ces sitcoms portées par des femmes, c'est bien évident. Car longtemps, les bonzes de Hollywood ont cru qu'une femme ne serait jamais aussi rentable dans une comédie qu'un Tim Allen ou un Kelsey Grammer, par exemple.

En janvier 2007, le polémiste Christopher Hitchens a même publié un long essai dans le magazine Vanity Fair intitulé «Pourquoi les femmes ne sont pas drôles». Selon Hitchens, un Joe le plombier, pas trop beau, moyennement intelligent, ne possède qu'une seule arme s'il veut séduire le sexe opposé, soit l'humour. La théorie échafaudée par Hitchens est quasiment darwinesque: l'homme est devenu rigolo au fil des années parce que la nature ne l'a pas gâté physiquement et qu'il a dû compenser avec des gags pour assurer sa reproduction.

À l'opposé, la femme n'a pas eu à développer son côté comique, car, la mautadite chanceuse, elle plaît automatiquement aux mâles. Pas besoin d'être drôle, donc, pour trouver un amoureux. Fin de la théorie. Inutile de vous dire que ce papier a provoqué tout un tollé même encore aujourd'hui notamment en raison de ce passage où Hitchens écrit que les «femmes drôles sont soit grosses, lesbiennes, juives ou une combinaison des trois».

En regardant l'hilarante Maya Rudolph et l'excellente Christina Applegate dans Up All Night ou la formidable Tina Fey dans 30 Rock, on ne peut qu'être en désaccord. Les femmes à la télévision sont mille fois plus drôles que les hommes. Pensez à Sofia Vergara dans Modern Family ou Amy Poehler dans Parks & Recreations.

Chez nous, Julie Le Breton, Anick Lemay et Hélène Bourgeois Leclerc nous dérident tous les mercredis dans Mauvais karma. Tout de suite après, impossible de résister aux gaffes et aux humiliations perpétuelles de Macha Limonchik et Valérie Blais dans Tout sur moi.

Dans Les Parent, c'est Anne Dorval qui brille. Je regarde encore des reprises de Catherine en DVD et le talent comique de Sylvie Moreau et Marie-Hélène Thibault m'épate toujours autant.

Bien avant les Kathy Griffin et autres Sarah Silverman, il y a eu les Lucille Ball, Mary Tyler Moore, Dodo et Denise, Fran Drescher, Roseanne et Cybill Shepherd. Mais trop souvent, l'actrice comique a joué les faire-valoir pour un acteur pas mal moins drôle qu'elle (et pas mal plus payé qu'elle aussi).

Plus maintenant. Le vrai girl power joue à la télé sur à peu près toutes les chaînes. Il était temps.

Je lévite

Avec Lana Del Rey. Sa réinvention, ses chirurgies plastiques et sa campagne de marketing savamment bricolée, on oublie tout ça à l'écoute des deux magnifiques pièces lancées par la mystérieuse Américaine de 24 ans, Video Games et Blue Jeans. Cette pin-up à la voix rauque se définit elle-même comme une «gangster Nancy Sinatra». Si vous aimez Stevie Nicks et Amy Winehouse, Lana vous envoûtera.

Je l'évite

Les pubs des légumes pour sauce à spaghetti d'Arctic Gardens. D'abord, il y a le mauvais rigodon de la fin. Ensuite, depuis quand des oignons et des tomates doivent-ils être «approuvés par nos ancêtres» avant d'atterrir sur un nid de pâtes? Et finalement, des fantômes de grands-mères coupées en deux qui apparaissent sur le comptoir et qui se parlent entre elles, ça fait plus peur que ça ouvre l'appétit, mettons.