Décidément, c'est un automne chaud et fertile pour l'exportation de séries québécoises sur les grands réseaux américains. Après Fox qui a acheté un pilote des Invincibles, c'est au tour de NBC de mettre le grappin sur une version remodelée du téléroman Le monde de Charlotte de l'auteur Richard Blaimert.

L'entente s'est bouclée rapidement, la semaine dernière, entre la chaîne NBC, les studios Universal, le producteur américain Aaron Kaplan et le producteur québécois Jocelyn Deschênes de Sphère Média. «J'ai toujours pensé que Charlotte avait quelque chose d'unique, quelque chose d'universel», constate Jocelyn Deschênes, joint à Los Angeles hier matin, où il amorçait le casting de l'émission pilote de ce Monde de Charlotte made in USA.

Aux États-Unis, Charlotte s'appellera Isabel et possédera des pouvoirs magiques, comme une fée, contrairement à sa petite soeur d'origine, campée par Catherine Brunet de 2000 à 2004 sur les ondes de Radio-Canada. Et les épisodes américains d'Isabel ne commenceront pas nécessairement par une séance de thérapie comme le faisait la version québécoise. Si Charlotte avait elle-même exigé de se confier à un psy, Isabel y sera forcée en raison de ses dons surnaturels.

Comme au Québec, Isabel aura une grande soeur (qu'incarnait Bianca Gervais) et un grand frère (joué à l'époque par Émile Mailhot). Le monde de Charlotte avait débouché sur un spinoff, Un monde à part, centré sur l'aînée des enfants, Karine, qui quittait le foyer familial pour entamer des études en théâtre.

«C'est assez excitant. C'est un peu comme un conte de fées. Ça devient payant dans la mesure où la série au complet est achetée», commente le scénariste Richard Blaimert, qui a créé Charlotte, une fille de 8 ans curieuse, brillante et très mûre pour son âge.

Le réseau ABC s'est intéressé à une première version du Monde de Charlotte il y a quelques années, mais a abandonné le projet après avoir acheté trois textes. C'est en planchant sur Sophie, la version anglophone des Hauts et des bas de Sophie Paquin, que Richard Blaimert a collaboré avec l'auteur Howard Busgang, qui a finalement touillé la deuxième version du Monde de Charlotte en y ajoutant le volet fantastique. C'est cette touche féerique qui a enchanté NBC.

L'émission Isabel, découpée en tranches de 30 minutes, sera plus edgy que celle présentée par la SRC. «Mais Isabel se posera des questions fondamentales comme Charlotte», note le producteur Jocelyn Deschênes. Le père d'Isabel sera agent d'assurances (il était menuisier chez nous) et sa mère (infirmière dans Le monde de Charlotte) restera au foyer. «Ça demeurera quand même très col bleu, avec une famille de classe moyenne», précise Richard Blaimert.

Dans le pilote, qui sera tourné début janvier, le grand-père se meurt à l'hôpital et chacun des membres du clan lui dit sa façon de penser sur son lit de mort. Mais - surprise! - papi ne mourra pas. Et il sait dorénavant tout ce que sa descendance pense de lui.

Le producteur associé à Isabel, Aaron Kaplan, est un ancien superagent de la firme William Morris à Hollywood. Kaplan a lancé sa propre boîte de production, Kapital Entertainment, au printemps 2009, et a notamment usiné Terra Nova pour Fox. «NBC a embarqué tout de suite dans Isabel. Ils ont adoré le script», rappelle Jocelyn Deschênes, qui élabore aussi des versions anglophones de Mauvais karma, Mirador et 19-2.

Une fois le pilote en boîte, NBC décidera si elle programme ou non Isabel dans sa grille. Cette étape, cruciale, se déroulera sans doute au printemps.

Pan Am: cinq nouveaux épisodes

Le sort de la télésérie Pan Am, où brille la Québécoise Karine Vanasse, n'a pas encore été fixé de façon définitive par ABC. Alors que des produits du même réseau comme Once Upon a Time, Happy Endings et Last Man Standing viennent d'être renouvelés pour des saisons complètes, ABC n'a toujours pas donné le feu vert à un décollage total de cette émission tricotée autour d'hôtesses de l'air vivant le glamour des années 60. Signe encourageant: ABC a commandé cinq nouveaux épisodes, ce qui conduirait Pan Am quasiment jusqu'à Noël. Selon le Los Angeles Times, le réseau croit en Pan Am, mais attend que les cotes d'écoute sortent de leur zone de turbulences. En attendant, veuillez boucler vos ceintures.

OD en baisse

Normal que les cotes d'écoute d'Occupation double 8 fléchissent: depuis le départ de Dany et Christyna, c'est rasoir. Plus de bisbille, plus de «ch't'aime mon bé», plus rien. Les filles s'adorent, les gars aussi. On se croirait dans une colonie de vacances. Et les défis lancés par Pierre-Yves Lord, souvent cuculs, ne provoquent absolument rien. D'ailleurs, la production de cette téléréalité n'était-elle pas censée extirper les princesses et les princes de leur doux confort pour cette huitième mouture? C'est loin d'être le cas actuellement.

Dimanche soir, 1 555 000 téléspectateurs ont attendu - en vain - une élimination de garçons (bruit de ballon qui se dégonfle ici). Chez Guy A. Lepage, ils étaient 1 307 000 à écouter les anecdotes de Michèle Richard et les revendications de Richard Desjardins. On connaît la chanson conserve la première position avec ses 1 905 000 fidèles.

Photo: Rémi Lemée, archives La Presse

La jeune Charlotte, qu'interprétait Catherine Brunet à Radio-Canada, pourrait avoir une soeur américaine.