Cela fera bientôt quatre mois que Catherine Perrin a enfilé et étiré les mailles de son émission radiophonique Médium large sur les ondes de la Première chaîne de Radio-Canada. Cela fera bientôt quatre mois (moins un jour) que ça me démange d'écrire ceci : je m'ennuie terriblement de Christiane Charette.

Mais je me suis retenu, pour une tonne de raisons. D'abord, Médium large débutait. Fallait donc laisser du temps à cette quotidienne de s'installer dans son studio plus éclairé. Fallait s'habituer au nouveau ton plus encadré, plus didactique, de l'émission. Et comme son animatrice est une femme brillante, talentueuse et érudite, ça ne pouvait qu'être bon, vrai?

Malheureusement, après quatre mois d'essai en continu, ça ne fonctionne pas. Pour moi, en tout cas. Les chroniques hebdomadaires sur les ponts (vraiment?), le courrier du coeur malaisant, les discussions sur les fruits en plastique (hein?), la réunion de directeurs d'école cool, les sujets s'éparpillent dans toutes les directions. Parfois, Catherine Perrin joue dans les plates-bandes de Dominique Poirier; parfois, elle empiète sur l'espace de Marie-Louise Arsenault. Mais quel est son terrain de jeu à elle?

Chez Christiane Charette, le mandat était clair : présenter un magazine culturel. Et la dame en noir s'acquittait de cette tâche avec la spontanéité, l'enthousiasme et la chaleur qu'on lui connaît depuis des années. Catherine Perrin a bien des qualités, mais bien gérer l'imprévu n'en fait - hélas! - pas partie.

Pourtant, du laisser-aller, c'est essentiel en radio. Saisir la balle au bond quand un invité largue (enfin) sa cassette. Se laisser aspirer, sans paniquer, par une entrevue qui dérape et qui déborde du cadre délimité par les recherchistes, ça, l'intuitive Christiane Charette s'y abandonnait à fond.

Pas la studieuse Catherine Perrin qui, comme une bonne première de classe, remplit les pages de son cahier d'une écriture parfaite sans dépasser dans les marges. Comme toute bonne musicienne, elle suit sa partition.

Trop souvent, les invités se pointent à Médium large pour livrer un exposé oral et respectent les consignes de leur chef d'orchestre. Chacun parle quand c'est son tour et personne ne ressort du studio décoiffé ou essoufflé.

Médium large manque de moments de folie, de dérapages, de discussions enflammées et d'éclats de rire sincères. Comme me l'a confié récemment une source radio-canadienne : «Les aiguilles sur les consoles ne grouillent pas fort dans la régie.» Le lavage du vendredi chez Catherine n'a pas la flamboyance des revues de la semaine de Christiane où les Josée Legault, Nathalie Petrowski et autres invités créaient de la maudite bonne radio, vivante, malgré la cacophonie ambiante.

Le problème de Catherine Perrin, et c'est paradoxal à admettre, c'est qu'elle est peut-être trop préparée, trop en contrôle. D'accord, Christiane Charette, toujours intense et fougueuse, se mélangeait souvent dans les titres de films ou même les noms de ses invités. À la fin, c'était franchement agaçant. Malgré tout, les deux heures de radio qu'elle livrait au quotidien dégageaient beaucoup de chaleur et d'humanité.

On bavardait chez Christiane comme dans un salon, en évitant toutefois d'inviter trop de salonnards, ces gens désagréables et snobs qui se placent en état d'autohypnose en écoutant leur propre voix. Tous les matins à 9h, Christiane et son équipe se retournaient «sur un 10 cents» et chambardaient l'ordre des invités à la dernière minute quand l'actualité brûlante le commandait. On ne sent pas cette urgence-là, ce désir de causer du sujet de l'heure chez Catherine Perrin, dont l'émission est réglée comme du papier à musique. Rarement se dit-on entre collègues : «As-tu écouté Médium large ce matin? C'était vraiment intense.»

Positives ou négatives, Christiane Charette suscitait des réactions. Je sais, on ne peut pas demander à Mme Perrin de faire du Charette, mais il me semble que la transition a été beaucoup facile quand Christiane a repris le micro de Marie-France Bazzo en septembre 2006.

Peu importe. Quatre mois après l'arrivée de ce format Médium large, je constate que cette grandeur ne me va pas du tout. C'est un médium-small. Et je ne m'y sens pas à l'aise.

Je lévite

Les cabarets littéraires du jeudi à Plus on est de fous, plus on lit! Enfin, de la grande radio qui surprend, divertit et informe à la fois. Je repense notamment à la lecture de Hosanna, le jeudi précédant l'Halloween, par Gildor Roy et Gilles Renaud, qui a été superbe. Voilà ce que le 95,1 FM fabrique de mieux en culture.

Je l'évite

Les jeux de mots à l'émission Bien dans son assiette. Règle générale, j'aime beaucoup les sujets agroalimentaires traités par Sophie-Andrée Blondin tous les soirs à 19h au 95,1 FM. Mais les jeux de mots à thématique de bouffe entre les coanimateurs, qui reviennent systématiquement, plus capable. Du genre : «On parle ce soir d'une chocolaterie installée en Gaspésie», dit l'animatrice. «C'est ce qu'on appelle une marée noire», ajoute le coanimateur. Ha, ha, ha (pouet, pouet).