Si le contenant du Bye Bye 2011 a été remarqué plus que son contenu, c'est un peu de leur faute. Eux, ce sont Les Satiriques, un duo formé des artistes multidisciplinaires Pierre-Luc Gosselin, 26 ans, et Nicholas Savard-L'Herbier, 27 ans.

Les effets spéciaux que ces deux jeunes maniaques de cinéma et de télévision ont minutieusement apprêtés pour la revue de fin d'année ont été spectaculaires, notamment dans la séquence initiale où l'orange Julep déboulait dans l'autoroute Décarie et où le pont Champlain s'effritait comme dans une superproduction hollywoodienne.

Uniquement pour cette vignette de départ, Pierre-Luc Gosselin, qui a étudié en cinéma à l'Université de Montréal, a consacré près de deux mois en montage. Deux mois à fignoler la moindre explosion, le moindre effet sonore. «Je fais presque tout moi-même. Et je ne compte pas mes heures», constate Pierre-Luc Gosselin.

Dans le Bye Bye 2011, Les Satiriques ont aussi conçu la bande-annonce d'Amir Khadir, le Capitaine Solidaire outré, qui empruntait tous les codes des films de superhéros, ainsi que la séquence Délugeland, où l'orque vedette avalait le premier ministre Stephen Harper à la toute fin. «Notre touche, c'est d'amener un côté très Hollywood, très HBO à tout ce que l'on fait», note Nicholas Savard-L'Herbier.

Parenthèse, ici: le Bye-Bye 2011 a réuni 2 686 000 fêtards devant leur téléviseur, en hausse de plus de 300 000 en comparaison avec 2010. Nous connaîtrons les chiffres de la reprise aujourd'hui. Fin de l'aparté.

Les Satiriques, qui se sont rencontrés dans un camp de jour de théâtre donné au cégep Montmorency de Laval, offrent des capsules clé en main: ils élaborent le concept, écrivent les dialogues, tournent eux-mêmes les séquences et s'occupent aussi du montage et des effets spéciaux. S'ils le peuvent, ils jouent aussi leur matériel devant la caméra. «On trippe sur le visuel. Moi, je regarde tout ce qui se fait en télévision et en cinéma», dit Pierre-Luc Gosselin, fan des séries Walking Dead, Heroes et de la troupe humoristique The Lonely Islands.

Pianiste de formation classique, pop et jazz, Nicholas Savard-L'Herbier a composé toute la musique du film J'ai tué ma mère de Xavier Dolan. Il fait aussi du doublage depuis 17 ans. C'est lui qui prête sa voix au ténébreux Édouard (Robert Pattinson) dans les films Twilight. C'est d'ailleurs dans un studio de doublage qu'il a croisé Xavier Dolan.

À voir la façon dont ils utilisent le lettrage, les sons, les ralentis et les accélérés, c'est évident que Les Satiriques ont grandi devant le petit et le grand écran, d'où cette maîtrise précise des procédés visuels. «Il y en a qui font des jeux de mots, nous, on fait des jeux de langage cinématographique», décrit Nicholas Savard-L'Herbier, qui aime Lost, 24, Prison Break, mais aussi les émissions bien écrites comme Seinfeld, Curb Your Enthusiasm, Tout sur moi et Les hauts et les bas de Sophie Paquin.

En 2008, Les Satiriques ont joué, scénarisé, composé la musique et réalisé des épisodes de la série Colocs.tv à MusiquePlus. Pierre-Luc Gosselin s'est ensuite consacré à Contrat d'gars d'Alexandre Champagne et Jonathan Roberge. Les Satiriques planchent présentement sur leur propre émission de parodies à Radio-Canada, Les gars des vues, que produirait Louis Morissette. On y retrouverait l'esprit de ce qu'ils ont mitonné pour le Bye Bye 2011. «C'est notre bébé, ce projet-là. On serait chez nous là-dedans», indique Nicholas Savard-L'Herbier.

Infodéception

En règle générale, j'adore Infoman. Ses émissions hebdomadaires sont brillantes et rarement inintéressantes. Ses revues de fin d'année renferment toujours des éléments surprenants comme la fois où Jean-René Dufort avait réussi à retrouver le premier gamin infecté par la grippe porcine au Mexique, ou quand il avait traqué Sarah Palin en Alaska et interviewé Ingrid Betancourt à Paris.

Cette année, il manquait un gros élément de surprise pour pimenter ce Infoman 2011, dont la cote d'écoute a atteint 1 319 000 téléspectateurs. Son reportage en direct de Fukushima, au Japon, contenait quelques malaises: peut-on vraiment blaguer et déconner dans un décor aussi dévasté? La rencontre de Dufort avec Ruth Ellen Brosseau, qui a concocté un cocktail orange en l'honneur de Jack Layton, n'a pas été transcendante. Bref, ce n'était pas la meilleure édition d'Infoman, même si certains segments, notamment ceux où il colle bout à bout les expressions préférées de nos politiciens, ont été délicieux.

Bonne idée, par contre, que d'avoir confié la fabrication du générique d'ouverture à Karkwa, groupe qui a chanté dans un décor peuplé de cônes orangés et de pancartes de «rues barrées».

À TVA, On connaît la chanson, émission vue par 1 153 000 personnes, a ouvert avec un duo dépareillé, soit Guillaume Lemay-Thivierge et Ginette Reno. Pas le meilleur choix. Mettons que Lise Dion et José Gaudet ont été plus drôles et efficaces.

Toujours dans la soirée du 31 décembre, Et Dieu créa... Laflaque a rallié une audience évaluée à 619 000 adeptes et Tout le monde en parle a attiré 1 019 000 fans.