René Angélil a célébré ses 70 ans lundi soir à Las Vegas. Et à l'entendre bafouiller, se tromper et buter sur des noms de professeurs, mardi midi, c'était flagrant: le directeur de la Star Académie de TVA a fêté fort. Très fort. Visiblement, le mari de Céline Dion vivait un pénible et confus lendemain de veille, comme ça nous est tous déjà arrivés, alors qui le blâmera d'avoir souligné cet anniversaire charnière en grand? Pas moi.

«La nuit a été courte. Je me suis couché tard, je m'excuse», a glissé un René Angélil aux petits yeux, qui participait mardi par vidéoconférence au grand dévoilement de la téléréalité vedette de Quebecor Média, dont le décollage est prévu ce dimanche à 19h30. Constatant le regard hagard du directeur, Patrick Huard a attrapé la balle au bond: «c'est vrai que vous en avez viré une, hier», a-t-il blagué.

Encore une fois, l'animatrice et productrice Julie Snyder, toute en cheveux hier, a mis le paquet en organisant une méga-conférence de presse digne de l'ONU avec une rangée de 15 micros et autant d'intervenants. Tout ce qui grouille de médias à 100 kilomètres à la ronde des studios Mel's de Saint-Hubert y a été attiré, comme des punaises sur un gros aimant.

Trêve de préambule, voici la liste des artistes qui chanteront dans les galas du dimanche et dont la présence a été coulée dans le béton: Gilles Vigneault, Stromae (et son succès Alors on danse), Jason Mraz, Hedley, Cyndi Lauper, Lulu Gainsbourg, Men Without Hats, Inna Modja, Damien Robitaille, Patricia Kaas, Vincent Vallières, Céline Dion, Philippe Katherine, Lynda Lemay, REO Speedwagon (une demande spéciale de la démone blonde), Coeur de Pirate, Michel Sardou, Kaïn, Mes Aïeux, Véronique Sanson (oui, elle fera son classique Amoureuse), Les Trois Accords, The Kids Wear Crowns, Brigitte Boisjoli, Dumas et Johnny Hallyday. De quoi satisfaire le public «Tintin de 7 à 97 ans» regardant l'émission, note Julie Snyder.

À l'exception de Céline Dion, dont la soirée spéciale se déroulera le 25 mars, aucune de ces vedettes n'a foulé la scène des studios Mel's lors des éditions précédentes. «On ne veut pas emmerder les gens. On ne veut pas que ça soit du réchauffé», explique Julie Snyder.

Pour elle, l'animation des galas sera beaucoup plus détendue cet hiver. «En 2005 et 2009, j'avais deux jeunes enfants que j'allaitais. Mettons que j'ai pompé en tabarouette», se souvient Julie Snyder, qui tente présentement de concevoir un troisième bébé avec son conjoint Pierre Karl Péladeau.

Selon France Lauzière, vice-présidente à la programmation de TVA, «Star Académie, c'est le joyau de la télévision». Les concepteurs nous promettent une cinquième édition encore plus gigantesque et plus tonitruante que les autres.

En 2009, les quotidiennes de Star Académie ont cumulé des auditoires moyens de 1 624 000 téléspectateurs, contre 2,5 millions pour les soirées du dimanche. «On ne pourra pas avoir plus de parts de marché, c'est mathématiquement impossible, ce qui ne nous empêche pas d'investir davantage dans l'émission», résume Julie Snyder, qui décrit Star Académie comme un tsunami euphorisant.

Après avoir ramené dans les rangs le récalcitrant Michel Rivard, Julie Snyder a recruté Biz du groupe Loco Locass, qui enseignera l'expression orale aux jeunes. Rappelez-vous: Biz a participé au documentaire Star Apoplexie en 2005, où il critiquait sévèrement le caractère interchangeable des concurrents de Star Académie enfermés dans un «manoir Ronald McDonald». «Ils font un aréna, mais il y a six mois, ils vendaient des beignes», persiflait-il à l'époque.

Biz en rajoutait, toujours dans Star Apoplexie: «Nous autres, on ne reconnaît pas la légitimité artistique de l'Académie. Et on ne va jamais s'associer à l'Académie et permettre à l'Académie de s'associer à nous». Tiens, tiens. Les choses ont bien changé depuis, n'est-ce pas?

Et il y a eu cet épisode controversé, il y a deux ans, où Biz et ses comparses de Loco Locass ont, le même soir, chanté pour les lock-outés de Rue Frontenac et pour l'émission Montréal-Québec à TVA. Quand j'ai soulevé cette contradiction, en janvier 2010, Biz m'a traité de «minable», de «vizir de la zapette» et de «Louise Cousineau des pauvres». Mettons que la logique du chanteur-poète est difficile à suivre.

Mardi midi, pour bien nous faire comprendre son statut «d'électron libre», Biz portait une casquette des Nordiques et un chandail célébrant les 100 ans du journal Le Devoir. Oui, il apparaîtra dans les quotidiennes de Star Académie, mais pas dans les galas dominicaux. Pourquoi? «Les galas, c'est contre ma religion. Je suis exempté d'y aller», souligne-t-il, tout en restant bien vague.

Aujourd'hui, Biz dit vouloir se servir de la force de Star Académie pour transmettre son amour de notre langue et, par la bande, freiner le déclin du français, en particulier à Montréal. Il a aussi parlé d'assimilation, de société minoritaire et «d'aliénation collective linguistique». Ah oui, Biz a martelé: «je ne suis pas menotté par les guerres d'empire et les guerres de réseaux». Comprendre: il n'a pas vendu son âme à Quebecor. Est-ce que c'est clair?

En grand expert du show-business, René Angélil a tenu à préciser ceci: «Star Académie, c'est une compétition. C'est comme si on voyait les Oscars ou les Grammys tous les dimanches. Le public aime la compétition. Et un artiste doit être bon quand ça compte. Si tu veux faire du show-business, tu es en compétition avec toi-même et avec les autres. Il faut être discipliné».

Dimanche soir, Star Académie présentera un hommage à Gilles Vigneault avec Jean-Pierre Ferland, Paul Piché et Céline Dion, qui s'y joindra de Las Vegas. René Angélil y poussera également la note.

Pendant les galas, «tout en remontant sa gaine», Julie Snyder a promis de «tweeter» au moins deux fois en direct. Conseil d'ami pour Julie, ici: il faudrait dorénavant employer le mot «gazouiller» au lieu de «tweeter». Biz est bien sensible sur les questions linguistiques. Et quand Biz est fâché ou contrarié, il a l'insulte assez facile, merci.

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