Pour la première fois en six années d'existence, le gala des Aurore de l'émission Infoman, qui célèbre le «plus pire» du cinéma québécois, se paie la totale: Hollywood!

Jean-René Dufort et Chantal Lamarre animeront donc cette cérémonie sans prétention à Los Angeles, en pleine frénésie des Oscars, des paillettes et du glamour. «En bonne équipe un peu broche à foin, on va faire le gala là où on le pourra», glisse Jean-René Dufort en entrevue.

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Bien sûr, les deux coanimateurs traîneront avec eux dans la Cité des anges nul autre que Pierre Brassard, toujours disponible pour cueillir les trophées des absents, soit la célèbre bobine soudée à un rond de poêle. Vous verrez cette escapade américaine le jeudi 8 mars à 19 h 30 sur les ondes de Radio-Canada, quatre jours avant la fête des Jutra. Il s'agira aussi de la 300e émission d'Infoman. Champagne!

Un type de gala comme les Aurore pourrait facilement sombrer dans la bitcherie, la mesquinerie et le règlement de comptes. Mais Dufort, Lamarre et Brassard trouvent toujours le ton juste pour se moquer gentiment des gagnants sans trop les planter ou les humilier. Ajoutons que ce trio-là possède une intelligence comique et un sens de la répartie hors du commun.

«Les gens de l'industrie savent qu'on ne le fait pas avec méchanceté. Ça prend de l'humour et de l'autodérision», précise le producteur d'Infoman, Richard Gohier, de Zone 3.

Jean-René Dufort ajoute: «On dit toujours que les Aurore, c'est une forme d'hommage. S'il y a assez de films québécois pour que l'on puisse faire un gala comme ça, c'est un signe que l'industrie du cinéma est en bonne santé.»

Alors, qui d'Angle mort ou de French Immersion se sauvera cette année avec tous les déshonneurs? L'académie qui a élaboré cette liste noire se compose des collègues de La Presse Marc Cassivi et Marc-André Lussier, ainsi que de Manon Dumais de Voir, Odile Tremblay du Devoir et Michel Coulombe de la SRC.

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Passons maintenant aux choses sérieuses: les gens nommés. Dans la catégorie «actrice qui devrait effacer de son curriculum vitae le film dans lequel elle a compromis sa carrière», les finalistes sont: Karine Vanasse pour Angle mort, toute la distribution féminine de French Immersion, Marina Orsini dans Sur le rythme, Sylvie Léonard pour Le colis et Brigitte Pogonat dans La peur de l'eau.

Chez les hommes, le prix «Aurore liquid paper», pour effacer cette mauvaise performance, voici les candidats dans la course: Emmanuel Biloeau, Jean-Marie Corbeil et Gildor Roy dans Le colis, toute la distribution masculine de French Immersion, Éric Bruneau dans Gerry, Sébastien Huberdeau dans Angle mort et René Richard Cyr dans Le sens de l'humour.

Puis, pour la statuette du «pire meilleur film», la lutte se fera entre French Immersion de Kevin Tierney, Angle mort de Dominic James, French Kiss de Sylvain Archambault, Le colis de Gaël D'Ynglemare et La peur de l'eau de Gabriel Pelletier.

L'équipe d'Infoman couronnera également la pire réplique, la pire scène, le pire accessoire et, une nouvelle catégorie, la pire utilisation d'une chanson connue.

Un Aurore ne signifie pas que toute la carrière de son lauréat est atroce, rappelle Jean-René Dufort. «Ça peut être un très bon acteur, mais qui a tourné dans un très mauvais film, avec un très mauvais texte. C'est un gala qui se veut cheapo et ça doit se prendre comme tel. Nous n'avons pas détruit de carrières», précise-t-il.

Depuis la première remise des Aurore, en 2006, à peine deux braves ont parlé publiquement de leur récompense: Guillaume Lemay-Thivierge pour Filière 13 et Benoit Roberge pour Le cas Roberge. «Mettons qu'on ne reçoit pas trop de feedback», dit Jean-René Dufort.

Il n'existe qu'un seul exemplaire du trophée Aurore. «Alors, si quelqu'un vient le chercher, on va vraiment être dans le trouble», conclut en riant Jean-René Dufort.