Je ne voulais vraiment pas gaspiller de l'encre et griller le peu de neurones en santé qu'il me reste en réécrivant sur cette honte qu'est L'instant gagnant sur les ondes de V. Mais les irrégularités qui s'y succèdent ne me laissent guère le choix. Ce clone louche de Call-TV est carrément indigne d'une antenne généraliste comme celle appartenant à la famille Rémillard.

Samedi soir, l'animatrice-sollicitatrice de L'instant gagnant, Sandra Sirois, implorait les téléspectateurs de lui suggérer des noms d'animaux dont la deuxième lettre était un A. Du genre: lama, panda ou jaguar. Mais une seule réponse, cachée dans l'enveloppe, permettait de rafler la cagnotte de 6000$, accompagnée d'un bonus de 10 000$. Et quelle était la clé de l'énigme? Pachyure étrusque. Oui, oui, un pachyure étrusque, cet animal tellement connu que vous êtes présentement en train de le «googler» (c'est une sorte de petite musaraigne).

Attendez, il y a pire. Cette même Sandra Sirois a claironné, toute fière, que la solution à un jeu de mathématiques se lisait comme suit: 86 + 54 = 120. Depuis quand et sur quelle planète? Les calculatrices que j'ai testées ont toutes affiché 140 à cette même équation. Mais bon, à L'instant gagnant, les producteurs se fichent pas mal de l'exactitude des réponses. Du grand n'importe quoi.

Sinon, Sandra Sirois (encore elle, la pauvre) a dû publier un rectificatif assez gênant sur sa page Facebook, le 29 février, afin de corriger deux injustices commises dans l'émission de la veille. En ondes, deux participants avaient bel et bien fourni la bonne réponse à une question d'observation, mais n'ont pu obtenir leur argent en raison d'une erreur de calcul de la «régie». Bravo pour la vigilance et la diligence.

«Je suis tout à fait en accord avec vous qu'une réponse doit être logique et trouvable», a écrit, sans ironie, Sandra Sirois sur différents réseaux sociaux. Ça vous rassure, vous?

Je répète encore la question ici, comme un animateur zélé trop content d'avoir été parachuté en Europe: pourquoi la chaîne V ne se débarrasse-t-elle pas de cette production qui entache sa réputation? Il s'agit d'un manque flagrant de respect envers les téléspectateurs que de leur présenter une tombola aussi broche à foin.

Et ne me dites pas que c'est la faute de tous ces gens naïfs qui téléphonent et qui perdent 1$ par appel «sélectionné au hasard». Non. Car l'emballage et le fonctionnement de L'instant gagnant laissent croire à des milliers de téléspectateurs, peut-être moins bien informés, que cette infopub est une émission respectable et légitime. Ce qui est loin d'être le cas. Ça frôle la tromperie.

L'instant gagnant nous provient des studios de la société Telemedia à Budapest, en Hongrie. Sachez que le Canada est le seul pays francophone qui diffuse encore une télétirelire usinée par Telemedia, selon un article publié dans La Libre Belgique, à la fin du mois de février. Partout dans le monde, les Call-TV et autres Appel gagnant disparaissent du paysage médiatique en raison d'une accumulation de plaintes de joueurs s'estimant floués.

Pour compliquer davantage le portrait, Telemedia a pignon sur rue à Budapest, son siège social se trouve à Malte, mais toute sa comptabilité se fait aux îles Vierges britanniques. Bonne chance pour intenter un recours en justice.

Telemedia utilise même un logiciel pour ajuster les effets sonores et la musique aliénante que vous entendez derrière le babillage insignifiant des animateurs, question de toujours augmenter le nombre d'appels en studio.

Star Ac, toujours en tête

Sans Super Bowl et sans gala des Oscars, les téléspectateurs ont consommé massivement des produits du petit écran québécois dimanche soir. Tout le monde en parle est remonté au-dessus de la barre du million avec 1 034 000 amateurs. Mais c'est Star Académie qui a largement dominé la soirée avec ses 2 128 000 fans à l'écoute.

Ce dernier gala de la Star Ac a été très inégal et parsemé d'erreurs. Tout le segment avec Lulu Gainsbourg, sauf pour Couleur café avec les trois candidates en danger, n'a pas été très enlevant. Même chose pour Kaïn: ce fut correct, sans plus.

Malheureusement pour la formation Men Without Hats, Olivier Dion a raté le premier couplet de Safety Dance. Déception: Jason Mraz n'a pas joué un de ses plus gros succès, The Remedy, et Sophie Pelletier en a arraché avec la prononciation des paroles de I'm Yours.

Sinon, Lucky, avec Andrée-Anne Leclerc, c'était très joli. Jean-Marc Couture a été hyper solide, comme d'habitude, sur I Won't Give Up.

Interprétant J'lâche pas avec Simon Morin, c'est cependant Marjo qui a le plus fait lever le plafond, avec son énergie infinie. C'est hallucinant de voir à quel point Marjo a toujours du pep dans le talon haut. Julie Snyder a par ailleurs débaptisé Simon en l'appelant Sylvain et il me semble bien avoir entendu la démone lâcher un «estie» durant son entrevue avec Marjo.