Si la Dre Julie Lemieux opère le mieux dans Trauma et que le Dr Pierre Meilleur est effectivement le meilleur de l'hôpital Saint-Arsène, pas étonnant que Diane Hevey soit, vous l'aurez deviné, la plus «heavy» avec son entourage. Heavy métal, même.

Directrice générale d'un grand centre hospitalier, Diane Hevey, campée par Pascale Montpetit, est manipulatrice, dépressive, rigide et, n'ayons pas peur des mots, folle. Pour en rajouter une couche, le suicide du mari de Diane Hevey, un éminent chirurgien, la hante et empoisonne toujours sa vie des années plus tard.

Diane Hevey mise tout sur sa fille Sophie Léveillée (Laurence Leboeuf), résidente en chirurgie très douée, pour réparer sa vie brisée et décrocher la prestigieuse carrière qu'elle n'a jamais eue. C'est tordu et malsain, bien sûr, mais c'est la réalité de Diane Hevey dans cette fiction qu'est Trauma.

Puis, tout éclate. Elle aussi très tourmentée, Sophie accuse sa mère d'avoir tué son père, lui annonce qu'elle ne veut plus jamais la revoir et lui révèle qu'elle abandonne la chirurgie pour se consacrer à la médecine familiale. Pif, paf, pouf. Le monde de Diane Hevey s'écroule. Elle vient de tout perdre: sa fille, ses ambitions, son rêve.

«On ne soigne pas des rhumes quand on peut réparer des organes à moins d'être une ratée», crie alors Diane Hevey à sa fille dans un accès de rage et de désespoir. Plus tard dans l'épisode, Diane rajoute: «Sophie veut devenir médecin de famille, pourquoi pas faire des ménages?»

Que Diane Hevey crache des phrases réductrices comme celles-là n'a rien d'étonnant dans l'univers de Trauma. C'est une ambitieuse ascendant carriériste, totalement déconnectée de la réalité. Pourtant, la Fédération des médecins omnipraticiens du Québec a accusé cette semaine l'auteure Fabienne Larouche de véhiculer des préjugés futiles et ignares ainsi que de ternir l'image de leur profession.

Aucune personne saine d'esprit ne pense que les médecins de famille sont des ratés. Pas moi, pas Fabienne Larouche et vous non plus, j'en suis certain. Les auteurs de télé n'ont pas à être - et ne doivent surtout pas être - les porte-parole des ordres professionnels. Le téléspectateur n'est pas niais et décode très bien le fait que Trauma n'est pas un éditorial de journal ou une prise de position publique, mais  une oeuvre de fiction. Comme dans: ça ne se passe pas de cette façon dans la «vraie vie».

En connaissez-vous beaucoup de professeurs comme Guillaume Lemay-Thivierge dans 30 vies qui donnent des cours dans des locaux désaffectés du Centre-Sud afin que leurs élèves saisissent bien l'histoire de Dollard des Ormeaux?

Est-ce que l'Ordre des psychologues a rouspété quand Isabelle Langlois, l'auteure de Rumeurs, a imaginé une psy complètement hystérique et pas professionnelle pour deux sous? Est-ce que les procureurs de la Couronne du Québec se sont plaints du fait que les comportements illégaux et inacceptables de Sylvain Régimbald (Éric Bruneau) dans Toute la vérité nuisaient à leur réputation d'incorruptibles?

Maintenant, imaginez si la Fédération professionnelle des journalistes du Québec (FPJQ) grimpait dans les rideaux chaque fois qu'un reporter d'un quotidien est dépeint à la télé comme un imbécile, un alcoolique ou un être sans scrupule. Il n'existerait pas une seule tringle qui n'aurait pas été arrachée à 10 000 kilomètres à la ronde.

Confession, ici. Si la télésérie Scoop avait montré ce qui se passe dans la vie «réelle» d'un journaliste, donc une sorte de «vérité», vous vous seriez royalement emmerdés, croyez-moi. Voir beaucoup de gens mal habillés, très blasés, qui parlent au téléphone, qui boivent des litres de café et qui chialent contre tout (même le chialage), ça ne fait pas de la télévision très palpitante.

Alors, les scénaristes ont-ils l'obligation de montrer les deux faces d'une médaille? Pas du tout. Pourvu que leurs intrigues restent crédibles et intéressantes, je ne diagnostique aucun problème. Trauma n'a pas à se métamorphoser en infopub qui valoriserait le travail d'un omnipraticien.

Personnellement, pour découvrir le vrai travail du personnel médical, je me branche sur Soins intensifs à Télé-Québec. Et quand je vois mon propre médecin de famille, un homme compétent, brillant et attentionné, je lui dis à quel point j'apprécie son travail et je fais toujours ce qu'il me dit sur sa table d'examen. Je prends une grande respiration, j'expire lentement et je recommence. À vous maintenant, en répétant le mantra d'André Robitaille: c'est juste de la TV.

Je lévite

Avec la websérie Hors d'ondes: confessions d'une téléréalité. Explorez les coulisses de la fabrication d'une (fausse) émission comme Loft Story avec la productrice (Kim Rusk), l'animateur peu confiant (Daniel Thomas), le réalisateur nonchalant (Pierre-Luc Brillant) et la dévouée directrice de production (Anne-Élisabeth Bossé). Très rigolo et punché. À voir sur le www.horsdondes.com.

Je l'évite

Les pubs de Plaisirs gastronomiques. La première fois qu'on la voit, on se bidonne. La quatrième fois, on se marre encore. Rendu à la 12e fois, on sent que l'indigestion nous guette. Puis, quand ça fait 437 fois que cette même publicité, ou quelques-unes de ses variantes, passe dans notre salon, la notion de plaisir fait plutôt place à de la colère. Trop, c'est comme pas assez.