Durant longtemps, le maire Tremblay s'est laissé manipuler par des entrepreneurs rapaces et des fonctionnaires corrompus, incapable de voir (ou ne voulant pas voir) les magouilles qui se tramaient sous son nez. L'homme s'est métamorphosé. Il est passé de la droite marchande à la gogauche illuminée. Le voilà instrumentalisé par nul autre que Richard Bergeron, à qui il a fort imprudemment confié le dossier de l'urbanisme bien que ce monsieur ait eu, non sans raison, une réputation d'électron libre doublé d'un écologiste extrémiste.

Durant longtemps, le maire Tremblay s'est laissé manipuler par des entrepreneurs rapaces et des fonctionnaires corrompus, incapable de voir (ou ne voulant pas voir) les magouilles qui se tramaient sous son nez. L'homme s'est métamorphosé. Il est passé de la droite marchande à la gogauche illuminée. Le voilà instrumentalisé par nul autre que Richard Bergeron, à qui il a fort imprudemment confié le dossier de l'urbanisme bien que ce monsieur ait eu, non sans raison, une réputation d'électron libre doublé d'un écologiste extrémiste.

Influençable, le maire Tremblay? Et comment ! Sur la question de l'échangeur Turcot, M. Bergeron l'a reviré comme une crêpe.

Notre bon maire se faisait la semaine dernière l'ardent thuriféraire du projet d'échangeur aérien piloté par le chef de Projet Montréal, un projet en contradiction totale avec l'opinion que professait le maire il y a moins de deux ans.

M. Tremblay ne s'était jamais opposé à ce que le plan du ministère des Transports prévoit un échangeur construit au sol. Il tenait seulement à ce que le projet fasse une plus large place aux transports en commun et sauvegarde un plus grand nombre d'habitations - revendications dont le ministère a d'ailleurs tenu compte en remaniant son projet.

Ce n'est qu'après l'arrivée de M. Bergeron au comité exécutif que l'administration municipale a décidé de concocter son propre projet au lieu de collaborer de bonne foi avec le MTQ pour continuer à trouver des compromis tenant compte à la fois des réalités du transport urbain, des besoins des habitants de la région métropolitaine et de la nécessité de préserver l'environnement. M. Tremblay dit souhaiter un «véritable partenariat»... Trop tard. M. Bergeron a pris le contrôle du dossier et M. Bergeron a toujours été un radical ennemi des compromis.

Loin de l'opinion des «arriérés sociaux» du MTQ (dixit le maire du Plateau), ces ingénieurs qui veulent, ô scandale, assurer la fluidité du transport routier (comme si ce n'était pas la première chose à considérer quand on construit un échangeur!). La Ville opte brusquement pour un projet de réingénierie idéologique.

Les citoyens ne veulent pas complètement abandonner leur auto? Eh bien, on les rééduquera de force en réduisant les voies de manière draconienne, et en bâtissant un échangeur sur pilotis dont la partie centrale sera de forme circulaire, sur le modèle d'un gigantesque rond-point : tout pour embêter les conducteurs et pour multiplier les bouchons... et tant pis si les gaz d'échappement produits par des files de voitures et de camions bloqués empoisonnent l'air de la ville!

Chicago s'est donné un échangeur circulaire. Résultat: congestion permanente. Selon la revue Popular Mechanic, c'est l'un des 10 ouvrages d'infrastructures les plus problématiques aux États-Unis. Même le maire de Chicago a dû avouer que le projet qu'il avait parrainé s'est avéré un échec.

Les partisans du projet du tandem Bergeron-Tremblay font grand état du fait que l'opposition municipale est d'accord. Ce n'est pas si étonnant, puisque les deux partis de l'opposition partagent à peu près la même idéologie, et que la chef de Vision Montréal, Louise Harel, n'a pas souvent été prise en flagrant délit d'approuver quelque chose qui sortait d'un gouvernement libéral.

Malheureusement, dans ce dossier qui poireaute depuis trois ans au mépris du fait que la vieille structure de Turcot périclite à vue d'oeil, on a beaucoup entendu l'opinion d'une pléthore d'associations militantes et de groupes communautaires du quartier (combien de gens compte chacune de ces associations?)... mais comme c'est la coutume dans ce genre de consultation, on n'a pas beaucoup entendu l'opinion des usagers de l'échangeur Turcot. Aucun groupe de pression ne représente Monsieur et Madame Tout-le-Monde.