On se prend à souhaiter que l'Assemblée nationale ferme ses portes au plus vite, tant le spectacle de cette foire d'empoigne est devenu insupportable. La réalité est déjà assez affligeante.

On se prend à souhaiter que l'Assemblée nationale ferme ses portes au plus vite, tant le spectacle de cette foire d'empoigne est devenu insupportable. La réalité est déjà assez affligeante.

La réalité, c'est le dévoiement du système de financement des partis politiques par des firmes qui en tireront profit avec la complicité des élus et des fonctionnaires. Les accusations pleuvent sur les deux gros partis, mais les plus graves, et de très loin, concernent le PLQ de Jean Charest.

Le dernier cas, révélé par le député Amir Khadir, est particulièrement troublant. La firme d'ingénieurs-conseils CIMA+ a versé 171 000$ à la caisse libérale en 2008 par l'intermédiaire de ses employés, dont 46 ont contribué le maximum permis de 3000$, 18 autres y allant de dons entre 1400$ et 2600$.

Comme par hasard, cette firme a obtenu l'année suivante de lucratifs mandats pour les autoroutes 25 et 30 de même, comme le révélait le collègue Denis Lessard, que 12 millions de dollars de contrats sans appel d'offre, dont l'un consistant à effectuer la surveillance de l'échangeur Turcot pendant 10 ans... alors que cet échangeur sera démoli d'ici là!

Il est vrai que la même firme a contribué à la caisse du PQ, mais par des montants moindres. On arrose à droite et à gauche... après tout, on ne sait jamais si le PQ ne reviendra pas au pouvoir.

Je l'ai déjà écrit, je me méfie de ces grosses machines spectaculaires, destructrices de réputations, que sont les commissions d'enquête à la Gomery. Mais la coupe a débordé depuis longtemps, il y a trop de soupçons qui s'abattent sur le parti au pouvoir et il faut faire la lumière sur ce qui se trame dans les coulisses de la voirie québécoise... et qui expliquerait pourquoi nos infrastructures sont depuis si longtemps d'aussi piètre qualité. Il faut enquêter chez les élus, mais aussi chez les fonctionnaires chargés de l'attribution des contrats, et sur la façon dont les firmes de construction «coupent» sur la qualité du matériel.

Quand des caïds de la pègre semblent avoir des liens avec diverses firmes de construction, quand on voit les grenouillages malodorants qui se sont produit autour de BCIA et de la FTQ-Construction, et quand, par-dessus le marché, on apprend que l'ancien chef de la police de Montréal, de même que le numéro trois du même service, ont eu à l'occasion d'étranges fréquentations, il est temps de diriger les réflecteurs sur ce petit monde-là. Si le premier ministre Charest continue de se dérober à ce devoir de vérité, c'est dans une atmosphère de honte et de suspicion qu'il quittera le pouvoir.

C'est sur la construction qu'il faut enquêter, bien davantage que sur le financement des partis, même s'il y a corrélation entre les deux. Car pour ce qui est du financement des partis, il n'y a guère de solution-miracle.

Abaisser la limite des dons de 3000$ à 500$, comme le suggère Mme Marois, ne changerait rien au fond du problème, et ne ferait qu'accroître le fardeau des contribuables, dont les partis s'attendront à ce qu'ils comblent l'écart. Les partis reçoivent déjà 40 cents par vote enregistré aux élections précédentes, c'est plus qu'assez. C'est chez ses membres, chez ses militants, qu'un parti politique doit aller chercher l'essentiel de son financement, parce que le financement populaire des partis politiques est la clé de la démocratie. Peut-être les partis devraient-ils réapprendre à faire des campagnes à bon marché. Faut-il vraiment tant de pancartes? Tant de tournées en autocar et en avion? Tant de messages télévisés? Tant de relationnistes et de faiseurs d'image?