Une fois de plus, l'ombre du Pakistan plane derrière le présumé complot terroriste que la police vient d'éventer en Ontario. Non seulement les zones tribales du Pakistan sont-elles devenues le principal foyer du terrorisme islamiste, mais l'on retrouve une proportion démesurée de gens d'origine pakistanaise dans les complots qui ont été éventés ces dernières années en Occident.

Une fois de plus, l'ombre du Pakistan plane derrière le présumé complot terroriste que la police vient d'éventer en Ontario. Non seulement les zones tribales du Pakistan sont-elles devenues le principal foyer du terrorisme islamiste, mais l'on retrouve une proportion démesurée de gens d'origine pakistanaise dans les complots qui ont été éventés ces dernières années en Occident.

Tout Montréalais soient-ils, deux des quatre hommes qu'on vient d'arrêter en Ontario sont d'origine pakistanaise. C'était le cas d'une bonne partie des jeunes gens de Mississauga qui ont été jugés coupables d'avoir fomenté un complot terroriste en 2006. La plupart des terroristes britanniques qui voulaient, vers la même époque, faire exploser en plein vol une dizaine d'avions de ligne américaines, étaient également d'origine pakistanaise, de même que de l'auteur de l'attentat raté à Times Square l'hiver dernier.

Derrière tous ces attentats, il y a une constante: l'intégrisme islamiste. Mais il y en a une autre, qui relève de la culture pakistanaise et qui résiste même à l'intégration la plus réussie (en apparence). Nombre de ceux qu'on appelle les «home grown terrorists» semblaient parfaitement adaptés à leur pays d'accueil. Et pourtant...

En 2006, deux sondages ont jeté un éclairage révélateur sur les différences entre les diverses communautés musulmanes. Un premier, réalisé par la chaîne britannique Channel 4, montrait que seulement la moitié des musulmans britanniques considéraient la Grande-Bretagne comme leur pays, bien qu'ils y fussent nés et y eussent été élevés... et le tiers aurait préféré vivre sous la charia que sous les lois britanniques!

Un autre sondage, du Pew Institute, réalisé celui-là dans plusieurs pays, montrait que 81% des musulmans britanniques se considéraient d'abord comme musulmans, leur citoyenneté ne venant qu'en deuxième lieu. Paradoxalement, la proportion de ceux qui s'identifiaient comme musulmans d'abord était plus élevée en Grande-Bretagne qu'en Jordanie, en Égypte et en Turquie ! Le seul pays où une forte majorité (87%!) accordait plus d'importance à l'identité religieuse qu'à l'identité nationale était le Pakistan.

Or, il faut savoir que la majorité des musulmans britanniques sont d'origine pakistanaise. C'est vraisemblablement pourquoi le degré d'aliénation des musulmans britanniques serait, selon le sondage Pew, deux fois plus élevé que celui des musulmans français, qui sont pour la plupart d'origine maghrébine. Si les Français d'origine maghrébine sont mieux intégrés, ce serait donc moins à cause du modèle républicain français qu'à cause de la culture religieuse propre au Maghreb. Et si les musulmans britanniques résistent davantage à l'intégration, la raison ne tiendrait pas au multiculturalisme à l'anglaise, mais au fait qu'il s'agit d'une communauté d'origine pakistanaise.

Pourquoi l'identité religieuse est-elle plus forte au Pakistan que dans tout autre pays musulman? Vraisemblablement parce que ce pays a été fondé à partir d'une base exclusivement religieuse, après la sanglante partition de l'Inde. Il faut croire que cette identification à la religion plutôt qu'au pays dont on partage pourtant la langue, les moeurs et le style de vie, est un phénomène qui perdure chez certains d'entre eux à travers les générations, même après l'immigration et l'acculturation au pays d'accueil.

Le Dr Khurram Sher était un jeune Montréalais en apparence parfaitement adapté. Il adorait le hockey, il était allé faire le pitre à Canadian Idol, en s'y présentant au surplus comme une caricature du Pakistanais stéréotypé, il avait fait sa médecine à McGill et avait un bel avenir devant lui. Et pourtant, à un moment donné, dans une trajectoire mystérieuse et confondante, il semble s'être reconnu plus d'affinités avec la peuplade médiévale des talibans qu'avec les gens du pays où il était né...