Il y a des débats récurrents, comme celui que les péquistes reprennent tous les trois ou quatre ans, au grand amusement de la galerie, sur l'article 1 de leur programme. Il y a, sur un registre plus sérieux, des problèmes qui semblent ne jamais trouver de solution, comme l'engorgement des urgences. Il y a enfin, et c'est cela qui est le plus affligeant, des petits problèmes bien réels, qui se régleraient très facilement, mais qui, n'étant jamais solutionnés, remontent à la surface tous les quatre ou cinq ans.

Il y a des débats récurrents, comme celui que les péquistes reprennent tous les trois ou quatre ans, au grand amusement de la galerie, sur l'article 1 de leur programme. Il y a, sur un registre plus sérieux, des problèmes qui semblent ne jamais trouver de solution, comme l'engorgement des urgences. Il y a enfin, et c'est cela qui est le plus affligeant, des petits problèmes bien réels, qui se régleraient très facilement, mais qui, n'étant jamais solutionnés, remontent à la surface tous les quatre ou cinq ans.

Ainsi en est-il de cette injustifiable coutume qui force les caissières à travailler debout. Un problème qui revient périodiquement dans l'actualité, à la faveur d'un reportage, et qu'on oublie aussitôt en raison de l'obstination des grandes chaînes de supermarchés, de la négligence des syndicats et de l'inertie de la CSST.

Dans le cahier Plus de samedi dernier, on revenait une fois de plus sur les risques qui grèvent la santé de milliers de femmes que l'on force à travailler debout bien que leur tâche ne le requiert aucunement : douleurs lombaires, enflure des jambes, risques d'artériosclérose, épuisement.

(Précision à l'intention du lecteur fidèle qui se rappellera peut-être avoir lu à peu près les mêmes réflexions sur ma plume. C'est en effet la quatrième fois que je reviens sur ce sujet, après trois chroniques successives, en 1991, en 1998 et en 2005. Impression désagréable de radoter... mais c'est parce que la réalité n'a pas changé!)

En France, où pourtant à peine 8% de la main-d'oeuvre est syndiquée, il y a des années que les caissières, dans les grandes surfaces et les supermarchés, travaillent assises. Assises sur un siège pivotant muni d'un vrai dossier. C'est le cas dans la plupart des pays européens.

Certes, il est plus difficile de remplir les sacs en position assise. C'est d'ailleurs pourquoi, dans tous les grands commerces français, les clients remplissent eux-mêmes leurs sacs, après que la caissière a fait passer la marchandise sur le lecteur électronique. Où serait le drame, à ce que la même petite corvée soit imposée à la clientèle nord-américaine? D'ailleurs, est-ce même une corvée ? Souvent, je préfère m'acquitter moi-même de cette tâche, ce qui m'assure que la barquette de tomates ne sera pas écrasée sous la boîte de jus d'orange et que les produits réfrigérés seront regroupés dans le même sac.

La négligence des syndicats, à ce chapitre, est impardonnable. En 1999, la CSST a mis sur pied un comité de travail qui a planché sur la question pendant cinq ans (5 ans!) pour finalement accoucher d'une solution qui n'en était pas une: une assise haut-perchée à dossier minimal, que les caissières ont trouvé évidemment peu pratique, puisqu'elles restent obligées de se lever pour faire les sacs. Et puis, l'affaire est tombée dans l'oubli. Aujourd'hui, les chefs syndicaux préfèrent tonitruer contre la menace inexistante de la «droite» plutôt que de s'occuper de la santé et de la sécurité des travailleurs.

On parle des caissières, mais bien d'autres employés dont le poste est stationnaire (par exemple, les préposés à la clientèle dans les banques) devraient avoir droit à des tabourets. Les vendeurs qui doivent circuler dans un rayon ou derrière un comptoir travaillent debout, et c'est normal, mais pourquoi les priver d'un appui-fesses qui leur permettrait au moins de se reposer discrètement le dos dans les périodes où la clientèle se fait rare?

Grâce à des gens comme feu Émile Boudreault de la FTQ, la sécurité des travailleurs s'est grandement améliorée: casques, bottes et lunettes protectrices, mobilier ergonomique... Mais il y a des milliers de laissées-pour-compte, qui sont presque toutes, comme par hasard, des femmes.