La rumeur est une affaire vicieuse. Une boule de neige qui grossit à mesure qu'elle roule. C'est dans ce maelstrom qu'est pris le gouvernement Charest, et d'après moi, il ne s'en sortira pas. Que ce soit sous la gouverne de M. Charest ou d'un autre, il boitera jusqu'aux élections, qui porteront le PQ au pouvoir. Le dommage est trop grand, la cause est irrécupérable.

La rumeur est une affaire vicieuse. Une boule de neige qui grossit à mesure qu'elle roule. C'est dans ce maelstrom qu'est pris le gouvernement Charest, et d'après moi, il ne s'en sortira pas. Que ce soit sous la gouverne de M. Charest ou d'un autre, il boitera jusqu'aux élections, qui porteront le PQ au pouvoir. Le dommage est trop grand, la cause est irrécupérable.

Non pas que toutes les rumeurs soient fondées. Si l'on peut donner le bénéfice du doute à un Serge Ménard, il n'en va pas de même des allégations fantasques d'un Marc Bellemare. Les soupçons qui pèsent sur plusieurs élus municipaux n'ont pas tous été avérés, et, dans le cas du maire de Laval, ne pourront peut-être jamais l'être, à moins que la source qui a informé Radio-Canada, au sujet des fameuses enveloppes, n'accepte de témoigner à visière levée.

La pétition sur internet réclamant la démission de Jean Charest n'est pas non plus parfaitement crédible, tant il est évident que l'opération a été montée par des adversaires politiques radicaux.

Par contre, même si les innombrables scandales mis au jour ces dernières années par les médias n'ont pas tous été prouvés sur le plan juridique, les cas sont nombreux, flagrants et irréfutables: collusion entre fonctionnaires, élus, syndicalistes et cartels d'entrepreneurs mafieux, octroi de contrats en échange de dons aux partis politiques, tout cela pointe presque toujours dans la même direction: du côté des libéraux.

Et la vague de dégoût que suscitent ces révélations charrie en plus une hostilité sans précédent envers le gouvernement, le pire étant que ce que l'on sait, ou ce dont on se doute, n'est que le pic de l'iceberg.

Même si, pour l'instant, rien de tout cela n'implique directement le premier ministre, c'est lui qui sera le bouc émissaire, et il entraînera son gouvernement dans sa chute.

On repense, inévitablement, à cette atmosphère de fin de règne qui avait marqué les deux dernières années du second mandat de Robert Bourassa, avant la victoire péquiste de 1976. Certes, la loi 22, à la fois honnie par les nationalistes francophones et par les anglophones, avait précipité la chute des libéraux, de même que la croisade retentissante des «gens de l'air» et les conflits de travail qui, à l'époque, étaient d'une extrême violence.

Mais en fond de scène, il y avait cette toile de fond, ces rumeurs de favoritisme et de patronage, dont l'affaire Paragon fut le pinacle. Ce fabricant de formules mécanographiques appartenant à la belle-famille de M. Bourassa avait reçu d'imposants contrats du gouvernement et d'Hydro-Québec. Le premier ministre eut beau se défendre en disant que Paragon était la seule firme québécoise dans ce domaine,  rien n'y fit. Cette proximité avec la richesse et les puissances de l'argent allait abîmer pour longtemps l'image de Robert Bourassa, même s'il était en fait un homme intègre et plutôt puritain qui, loin de se vautrer dans le luxe, n'avait de réelle passion que pour la politique.

Les rumeurs de scandale actuelles dépassent de loin l'affaire Paragon. On semble avoir affaire à une corruption systémique plutôt qu'occasionnelle, à une véritable culture de la corruption, et ce, à tous les niveaux. D'un ancien premier ministre fédéral qui se fait payer en argent liquide par un homme d'affaires véreux, aux maires de petites municipalités, ce qui se passe au Québec est en train de donner raison au magazine Maclean's de manière aussi éclatante qu'humiliante.

C'en est au point où même la FTQ, qui est au coeur des scandales dans la construction, demande une enquête publique sur la corruption ! Le gouvernement Charest est désormais complètement isolé.