Deux petits mots doivent hanter les cauchemars de Barack Obama: Jimmy. Carter.

Deux petits mots doivent hanter les cauchemars de Barack Obama: Jimmy. Carter.

Jimmy Carter, le seul président de l'ère contemporaine à part George H. Bush à n'avoir pas réussi à se faire réélire pour un second mandat.

Lors de sa triomphale ascension, tous les gens le moindrement lucides prédisaient que la réalité viendrait vite à bout du mythe Obama, et que la chute serait d'autant plus rude que le piédestal était à une hauteur quasi inhumaine. Mais qui aurait prévu autant d'échecs en deux ans?

Le dernier en date concerne la réforme de l'assurance-maladie, la mesure phare de son administration qu'il avait habilement réussi à faire passer à l'arraché au Congrès. La Cour fédérale de Virginie vient de déclarer inconstitutionnelle l'obligation faite aux citoyens d'acquérir une couverture minimum. L'affaire aboutira en Cour suprême... où cinq des neuf juges ont été nommés par Reagan et les Bush père et fils. Quoi qu'il advienne, ce revers ralentira la mise en oeuvre d'une réforme qui, même dans les meilleures conditions, s'avérait extrêmement complexe.

Chez les démocrates, mal remis de la débâcle des élections de mi-mandat, la division pointe. Selon un sondage cité par Richard Hétu, 47% des électeurs démocrates souhaitent voir un autre candidat à l'investiture pour la présidentielle de 2012, et la gauche du parti est d'humeur frondeuse. On reproche amèrement à Obama de ne pas avoir donné suite à ses engagements les plus solennels - notamment la fermeture de Guantánamo, et l'abolition des allègements fiscaux pour les gens gagnant plus de 250 000 $ par année. Désormais privé de sa majorité à la Chambre des représentants, et face à des républicains plus belliqueux que jamais, Obama voit tous ses projets compromis, qu'il s'agisse du traité de dénucléarisation avec la Russie ou des nouvelles politiques environnementales.

Sur la scène internationale, les beaux discours d'Obama, à qui les Suédois avaient octroyé bien prématurément le prix Nobel de la paix, ont fait long feu. Il a eu beau se présenter, dans son discours du Caire, comme «Barack Hussein Obama», reprenant coquettement à son compte l'appellation que seuls ses adversaires utilisaient durant la campagne présidentielle, la politique de la main tendue n'a servi qu'à stimuler l'ardeur anti-américaine des islamistes radicaux, qui voient maintenant qu'ils ont affaire à un faible, tant il est vrai que pour les fanatiques de cet acabit, la recherche du compromis est synonyme de faiblesse.

Obama voulait accentuer la pression sur Israël. Le gouvernement de Nétanyahou vient de lui administrer un autre camouflet en autorisant la reprise des constructions juives en Cisjordanie. L'Europe, de même que le Brésil et l'Argentine, tentent actuellement de court-circuiter la Maison-Blanche pour réactiver le dossier pourri du Proche-Orient... dont Obama s'extrait de plus en plus, vaincu par cet inextricable noeud de vipères.

En Afghanistan, la guerre que l'on disait devoir être «celle d'Obama» s'enlise dans un maelstrom de violence, la guérilla talibane étant de plus en plus meurtrière, et le régime Karzaï, de plus en plus corrompu et arrogant. Les renforts envoyés en Afghanistan au coût de 190 millions de dollars par jour n'ont rien réglé, les complicités souterraines à l'oeuvre au Pakistan minant à mesure l'effort de guerre américain.

La vie n'a jamais été facile pour les présidents américains, mais on peut se demander si Obama, au-delà de sa rhétorique inspirée et des puissants symboles qu'il incarnait, avait l'étoffe et l'expérience nécessaires à cette dure fonction, surtout à un moment où les États-Unis, affaiblis par une très grave crise économique, perdent de plus en plus leur position sur l'échiquier mondial au profit de la Chine et des puissances émergentes. Mais un autre aurait-il fait mieux? Pas sûr.