L'affaire DSK? Une répétition de «l'affaire Dreyfus»! dixit Jean-Pierre Chevènement, une étoile (déclinante) de la gauche française.

L'affaire DSK? Une répétition de «l'affaire Dreyfus»! dixit Jean-Pierre Chevènement, une étoile (déclinante) de la gauche française.

«Mais après tout, il n'y a pas mort d'homme!» dixit Jack Lang, ci-devant ministre de la Culture de Mitterrand.

«Strauss-Kahn, traité comme un justiciable ordinaire!» dixit le philosophe Bernard-Henri Lévy, qui s'en étrangle d'indignation.

«Ce n'était que... du troussage de domestique», dixit Jean-François Kahn, journaliste (de gauche) renommé. Solidarité de mâles, solidarité de caste...

Comme le mot est peu utilisé depuis l'Ancien Régime, allons au dictionnaire. «Trousser» se dit d'une volaille dont on attache les pattes et les ailes avant de la faire cuire. Se dit également de l'homme qui relève les jupes d'une poule (ou d'une servante) pour la posséder par derrière.

Ces beaux esprits de la gauche française ne se sont pas grandis quand, sous le coup du scandale mettant en vedette leur ami Strauss-Kahn, ils ont spontanément exprimé le fond de leur pensée.

Heureusement, les jours suivants, les grands magazines français faisaient entendre des sons de cloche plus mesurés. Reportages sans complaisance, autocritiques prolongées (les médias auraient-ils dû dévoiler la brutalité sexuelle de DSK, dont le Tout-Paris était au courant?), commentaires s'attaquant à la racine de cette sordide affaire, soit la confusion entre sexe et pouvoir, flirt et harcèlement, séduction et agression, libertinage et violence.

Exemple: Christophe Barbier dans L'Express, accusant DSK «de ne pas avoir lutté contre un travers compulsif qui le hantait depuis longtemps». «Il y a, dans les coulisses de la politique française, un bruit de caleçonnade endiablée et une odeur d'alcôve désormais insupportables.»

Jean Daniel, du Nouvel Observateur, atterré devant l'indignité qui frappe l'ancien patron du FMI, reste sur la réserve... mais sans une pensée pour la femme de chambre.

Claude Imbert, du Point, n'a vraiment rien compris. Il s'en prend au puritanisme américain qui «interdit l'adultère le plus fugace à tout responsable public» (il a raison, mais cela n'a rien à voir avec l'affaire DSK), et se lamente à la perspective que dorénavant, «de l'homme public on exigera une 'sainteté laïque' sous l'inquisition de Big Brother». Ai-je bien lu? Serait-ce contraindre un politicien à la «sainteté» que de le prier de ne pas violer les femmes?

Pendant ce temps, la jeune femme de chambre dont la presse française a révélé impunément (et impudiquement) l'identité, fait face à l'hostilité larvée de la communauté guinéenne où certains s'activent à blâmer la victime: «Si tu as honte, t'as qu'à pas te donner... en Afrique on la montrerait du doigt», dit un Guinéen de New York interviewé par Le Monde, tandis qu'un autre l'accuse de chercher à extirper de l'argent.

Même si le viol était avéré, elle restera stigmatisée, car, explique un enseignant sénégalais, «chez les Islamo-Africains, si une femme est victime de viol, on dit qu'elle l'a cherché».

Une enquête du Monde laisse d'ailleurs croire que c'est sous la pression de ses superviseurs de l'hôtel qu'elle s'est résolue à porter plainte, après qu'on l'eût découverte cachée derrière un placard, essayant de vomir, et rendue aphone. La honte...

En même temps, Mme D. voit foncer sur elle la machine de guerre mise en marche à coup de millions par les avocats de DSK, qui ont mandaté une firme de détectives pour enquêter sur son passé jusque dans son village d'origine, dans la brousse guinéenne. La rumeur court qu'on offrira des millions de dollars à sa famille pour que Mme D. retire ou atténue ses accusations... Sordide? You bet

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