Ségolène Royal parlant de François Hollande: «Peut-on citer une seule chose qu'il aurait réalisée en trente ans de vie politique?»

François Hollande parlant de Ségolène Royal: «L'économie n'est pas son fort, la politique internationale non plus. Mais quelle importance, puisqu'elle peut marcher sur l'eau?» (cela dit en 2007, alors que Mme Royal menait une campagne de type évangélique.)

Ces méchancetés passeraient inaperçues dans le cadre d'un combat politique normal. Mais quand on sait que les protagonistes ont vécu 25 ans ensemble et donné naissance à quatre enfants, la chose prend une autre tournure.

L'histoire de ce couple aujourd'hui désuni par l'ambition est hors de l'ordinaire. Elle commence par une jolie vie familiale et une passion politique partagée. Mais vient un moment où les deux conjoints se retrouvent en situation de rivalité professionnelle.

En 1992, sous la présidence de Mitterrand, Ségolène est nommée ministre de l'Environnement. Situation délicate: Et François?, demande-t-elle au président. «Pas question de mettre la femme et le mari dans le même gouvernement, décrète Mitterrand. C'est vous ou lui.» Elle choisit, ce sera elle-même. Pour Hollande, c'est la première blessure d'amour-propre.

Les jeux se font en 2005. Hollande rêve depuis longtemps d'être le candidat du PS aux présidentielles de 2007. Mais Ségolène soigne son image... Au grand dam de Hollande, les médias s'amourachent de sa femme: «Pourquoi pas elle?», titre Le Nouvel Observateur. Le ménage vacille, et Hollande entreprend une liaison avec Valérie Trierweiler, une amie du couple qui couvre les activités du Parti socialiste pour Paris-Match.

La femme bafouée passe à l'attaque, allant jusqu'à forcer son fils aîné, un garçon de 20 ans, à intervenir auprès du patron du magazine pour le sommer de changer l'assignation de la journaliste. Et elle donne libre cours à sa propre ambition.

Elle est belle, charismatique, et les sondages la favorisent. Consultés, les enfants se rangent du côté de leur mère. Malgré tout, Ségolène se dit prête, in extremis, à s'effacer au profit de Hollande s'il rompt avec la journaliste. Il refuse.

Durant les présidentielles de 2007, la guerre des anciens amants sera si féroce que Ségolène refusera d'apparaître sur la même tribune que celui qui est le patron du parti dont elle porte les couleurs. Et elle trouve dans l'adulation de ses partisans l'amour qui lui a été retiré...

L'année suivante, la rivalité reprend. Hollande veut rester secrétaire général du PS, Ségolène veut le poste pour elle-même. (C'est finalement Martine Aubry qui sera élue).

Quand arrivent les primaires socialistes en vue de la présidentielle de 2012, ils sont tous deux en lice, encore rivaux. Leurs rapports sont un peu moins tendus - ils se serrent la main lors d'un meeting - mais les blessures restent vives. Ségolène s'emporte quand elle voit son «ex» s'amener avec Valérie dans la loge où les candidats passent au maquillage avant un débat télévisé.

Cette fois, c'est lui qui va gagner. Ségolène s'effondre en larmes, devant une défaite sans appel. Elle se ralliera au vainqueur du premier tour sans en faire l'éloge, au nom simplement de l'efficacité politique.

Le soir du second tour, elle félicite froidement le vainqueur en le désignant comme «le candidat», sans jamais l'appeler par son nom - un comportement fréquent chez les femmes qui ne pardonnent pas la trahison de leur ex-conjoint. Fera-t-elle partie d'un éventuel cabinet Hollande? Rien n'est moins sûr.

Cette fois, les enfants du couple sont restés neutres. Ils ont convenu qu'ils militeraient pour celui des deux parents qui gagnerait la primaire. Sage décision de la part de ces enfants, premières victimes d'un divorce si peu ordinaire...