La lune de miel n'aura pas duré longtemps pour François Hollande. Selon un sondage IFOP publié jeudi, la cote de popularité du vainqueur des primaires socialistes continue à dégringoler: à 29,5% (trois points de moins que le mois dernier), il devance à peine Nicolas Sarkozy, qui reste stable à 26%.

La chute est d'autant plus remarquable que M. Hollande jouissait, avant les primaires, d'une très forte avance sur le chef de l'État, au point où nombre de gens tenaient pour acquis, bien imprudemment, que l'électorat renverrait bientôt M. Sarkozy en congé de paternité permanent.

La crise de l'euro a bien servi M. Sarkozy, qui joue maintenant la carte du sérieux et de la dignité, et qui vient en plus de recevoir un fameux coup de pouce de Barak Obama, qui a loué publiquement ses qualités de leadership.

François Hollande, quant à lui, a perdu de la crédibilité en endossant l'habit du candidat réel plutôt que d'incarner un espoir de changement hypothétique (le même piège guette François Legault).

On lui reprochait déjà, même dans son propre camp, son indécision. L'insulte lancée par Martine Aubry durant les primaires (la «gauche molle» !) lui colle à la peau. Un ténor de l'UMP l'a baptisé Babar, à l'image de l'éléphanteau du conte pour enfants. Jean-Luc Mélenchon, le leader du Front de gauche (théoriquement allié du PS) l'a qualifié de «capitaine de pédalo»....

«Est-il un vrai chef?», s'interroge L'Express avec scepticisme.

Cette image de faiblesse s'est aggravée lorsque le PS a négocié laborieusement un accord avec les Verts (un appui des Verts au deuxième tour de l'élection présidentielle contre un certain nombre de circonscriptions aux législatives qui suivront).

Le contrôle de cette négociation cruciale a complètement échappé à François Hollande, incapable de s'imposer face à l'énergique patronne du PS, Martine Aubry, qui a concocté avec EELV (Europe Écologie - Les Verts) un accord qui est tout à l'avantage de ces derniers et risque de nuire à la campagne de M. Hollande.

Comble de l'humiliation, les députés sacrifiés à des candidatures vertes sont presque tous des alliés de M. Hollande! Certains vont jusqu'à se demander si le camp Aubry n'entend pas saboter la campagne de ce dernier, dans l'espoir que Martine Aubry devienne première ministre dans un gouvernement de cohabitation présidé par... Nicolas Sarkozy!

Le PS a cédé sur toute la ligne, avant même de connaître le poids électoral réel des Verts, pour l'instant négligeable. Le PS s'est engagé à démanteler 24 réacteurs nucléaires, une promesse imprudente (ce sera quoi à la place? Les éoliennes? Le charbon?), et électoralement catastrophique. La transition coûtera 200 milliards d'euros par année pendant dix ans, et fera augmenter de 20% les tarifs de l'électricité!

En outre, cette reddition a fait perdre au PS une bonne partie de ses appuis chez les ouvriers, pour qui les centrales nucléaires représentent des emplois plutôt qu'un fléau imaginaire.

Devant un président qui joue les sauveurs de l'Europe avec Angela Merkel et qui s'active au centre de la scène politique internationale, François Hollande n'a guère de prestance, lui qui n'a jamais été ministre, ni géré autre chose que le PS, et qui n'a aucune stature internationale. Il n'a même pas établi de contacts avec ses homologues socialistes allemands! Récemment, il n'a rien trouvé de mieux, pour rehausser sa stature, que d'aller rendre visite à Jose Zapatero, le chef socialiste espagnol qui vient de se faire battre à plate couture!

Il a été question d'un voyage au Québec avant qu'il finisse par comprendre qu'il lui serait plus utile d'aller à Berlin. Une entrevue avec Angela Merkel pèsera plus lourd qu'un tête-à-tête avec Jean Charest.