François Legault a beau se prétendre à la tête d'une coalition de libéraux et de péquistes, son choix de comté indique au contraire que M. Legault nage essentiellement dans les eaux du PQ, qu'il compte sur les votes péquistes et qu'il aurait peu de chances chez les Libéraux.        

L'Assomption, où le chef de la CAQ entend se présenter, est un château fort péquiste depuis 1976. Ce fut le comté de Jacques Parizeau. Il est situé dans la région de Lanaudière, qui a donné ses six députés au PQ en 2008.

La majorité de Scott Mckay était de 4090 votes, et aurait été bien supérieure si l'association péquiste n'avait été divisée entre les partisans de l'ancien député Jean-Claude St-André, un pur et dur de l'aile Parizeau, et M. Mckay, imposé par Pauline Marois.

En 2007, c'est Éric Laporte, propulsé par la vague adéquiste, qui avait remporté la mise - un autre élément qui fait l'affaire de M. Legault, qui vient de s'allier à l'ADQ.

Détail révélateur, quelques heures à peine après que M. Legault eût révélé son choix de comté, la circonscription d'Argenteuil se libérait avec la démission de David Whissell. Dans ce comté profondément libéral, naguère détenu par Claude Ryan, M. Whissell a été élu sans difficulté avec 49% des voix.

M. Legault avait été certainement mis au courant des intentions de M. Whissell, d'où la précipitation avec laquelle il a annoncé son choix pour L'Assomption.

Autrement, il se serait trouvé dans de mauvais draps. Un chef de parti non élu qui refuse de se présenter à une élection partielle risque de passer pour une poule mouillée. Et refuser d'aller dans Argenteuil aurait été un aveu de faiblesse. Mais une fois formellement engagé dans L'Assomption, il pouvait passer son tour dans Argenteuil...

Bref, le tableau qui s'annonce est clair. C'est au PQ que la CAQ va faire mal, et il faut probablement s'attendre à d'autres défections. Du côté libéral, par contre, l'édifice ne montre aucune lézarde. Aucun député n'a quitté le bateau, la loyauté au chef et au parti est intacte.

Effectivement, le péquiste lambda a des atomes crochus avec François Legault même si ce dernier ne croit plus à la souveraineté, et ce, pas seulement parce que le chef de la CAQ est un ancien du PQ.

Même dans ses nouveaux habits, il apparaît plus nationaliste que Jean Charest. Il est resté un étatiste «à la péquiste», partisan du dirigisme d'État dans tous les domaines, de la Caisse de dépôt aux universités.

En attendant d'être élu dans L'Assomption, il hérite d'un caucus préfabriqué de huit députés, composé pour moitié des quatre adéquistes et de transfuges du PQ et de l'ADQ.

Élément comico-comique, dans cette CAQ qui n'en manque pas, l'un d'eux (Eric Caire) proposait en 2009 de forcer les députés qui changeraient de parti en cours de mandat à démissionner pour se présenter à nouveau lors d'une partielle...

Les temps changent, les intérêts aussi, et aujourd'hui M. Caire ne voit rien d'incorrect à avoir changé deux fois de bannière depuis son élection comme adéquiste en 2008. Il a siégé comme indépendant après avoir perdu son vote à la direction du parti, puis le revoilà maintenant député de la CAQ... sans que ses électeurs aient eu un mot à dire sur ces changements successifs d'allégeance.

Pourtant, n'est-il pas clair que ces électeurs ont voté non pas pour M. Caire, mais pour le parti de Mario Dumont?

Les députés-girouettes menaçant de s'accroître d'ici aux élections, on ferait bien de se demander s'il est juste et sain que des députés travestissent impunément le sens du vote de leurs commettants.