C'est l'histoire du buffle qui demande à la libellule et au poisson rouge de l'aider à traverser la rivière. Insensé, dites-vous? Évidemment!

Tel est pourtant le projet concocté par un groupe de députés péquistes: le PQ, qu'ils croient en perdition, trouverait son salut dans une alliance avec les groupuscules souverainistes!

Incroyable mais vrai, ce projet a fait boule de neige au PQ, même s'il aliénerait l'autonomie de ce grand parti de gouvernement au profit de petites formations marginales qui ne lui apporteront aucun vote de plus.

Selon une rumeur plantée dans un autre quotidien, Pauline Marois serait intéressée par cette idée. Je n'en crois rien, mais si c'était le cas, cela indiquerait que la chef péquiste est prête à laisser le volant à n'importe quel aventurier.

Quels seraient donc ces alliés qui, selon les promoteurs du projet, permettraient au PQ d'échapper à la défaite aux prochaines élections?

Exception faite de Québec solidaire, il s'agit de groupuscules qui ont en commun d'être totalement obscurs, d'être dirigés par de parfaits inconnus et dont on n'est même pas sûr qu'ils aient plus d'une douzaine de militants.

On parle, par exemple, d'Option nationale, le parti fondé par l'ex-député péquiste Jean-Martin Aussant, dont l'unique recrue connue est Lisette Lapointe.

Il y a aussi le Parti indépendantiste, dirigé par Michel Lepage, l'ancien sondeur du PQ aujourd'hui retraité.

Et puis le Parti vert... Comme ce parti se propose, en toute modestie, de «changer le monde», son site internet contient une myriade de projets grandioses, agrémentée de jolies photos d'éoliennes et d'animaux, mais on y cherche en vain la trace d'un comité de direction ou d'activités partisanes.

Que voilà de puissants renforts pour le PQ!

De telles alliances n'auraient pour effet que de rapprocher le PQ des «purs et durs» d'Option nationale et du Parti indépendantiste, lesquels lui nuiraient considérablement en remettant constamment sur le tapis la question du référendum... dont les électeurs ne veulent plus entendre parler.

Si le PQ veut regagner le terrain perdu, il a plutôt intérêt à ce que les «purs et durs» restent au large, enfermés bien au chaud dans leur propre petite bulle. Cela permettra au PQ de se présenter comme un parti souverainiste, certes, mais modéré, et respectueux de la sensibilité populaire... ce qui fut de tout temps la clé du succès du parti de René Lévesque.

Une alliance avec Québec solidaire serait encore plus dangereuse. On a tendance à l'oublier, mais derrière les pieux sermons de Françoise David et les coups d'éclat d'Amir Khadir, QS est à la base un parti socialiste dogmatique et sectaire.

Alors que le PQ véhicule des valeurs très largement répandues au Québec, celles de QS, pour peu qu'on les connaisse, répugnent à l'immense majorité des Québécois. Quel intérêt le PQ, qui est depuis toujours une coalition de souverainistes de centre gauche et de centre droit, aurait-il à s'allier avec une formation extrémiste?

Si encore cela pouvait lui rapporter des voix! Mais QS ne récolte même pas 10% d'appuis au Québec! Il n'a aucune assise et aucune chance de succès dans le Québec profond et ne percera jamais en dehors des comtés «bobos» (bourgeois-bohèmes) de Montréal.

Alors quoi? En échange d'un appui fictif de QS dans des régions où QS n'existe pas, le PQ abandonnerait l'est de Montréal? Il n'essaierait pas de reprendre le Plateau et donnerait Gouin à Mme David?

Ce serait du masochisme électoral caractérisé, en plus d'être une trahison envers les électeurs souverainistes non socialistes, qui se trouveraient privés du droit d'élire un député à leur image.