Il m'est venu à l'idée d'écrire sur le sujet de l'heure - le Bye Bye, voyons, quelle question! -, mais des collègues plus diligents l'ont fait avant moi. Mince!

Je devrai donc me contenter du deuxième sujet le plus chaud de ce début d'année: le régime. Celui qui, inévitablement, prend le relais des excès de la dernière quinzaine.

Il ne sera pas question de rapport mathématique entre consommation et dépense de calories. Une soustraction qui, à en juger par la quantité de livres et d'articles qu'elle inspire, semble d'une étonnante complexité. Mais de course à pied, le sport plus efficace pour contrer l'embonpoint.

Moi qui ne croyais jamais un jour me résoudre à courir sans ballon, je suis devenu, presque à mon corps défendant, un coureur. Obsédé par sa cadence et son kilométrage, inquiet de sa fasciite plantaire quand il ne s'agit pas de sa bursite, et toujours susceptible d'être ralenti par une blessure à la «laine». Je suis la preuve vivante qu'avec l'âge, on ne rajeunit pas, comme dirait Jean Perron.

Je suis de ces coureurs qui saoulent leurs collègues «non coureurs» avec les récits de leurs crampes aux mollets par accumulation d'acide lactique. Un coureur qui, sans la course, devient irritable, déprimé, en manque d'endorphines. Bref, un poids pour son entourage. (On y revient toujours, au poids.)

Mais contrairement aux coureurs de la vieille école, qui portent des shorts échancrés et s'inscrivent aux épreuves de villes ontariennes plates (je parle de dénivellation), je cours presque toujours en écoutant de la musique. Signe qui ne ment pas de mon amateurisme en la matière.

Long détour pour me rendre au sujet de cette chronique: la musique qui accompagne la course. S'il me semble une chose que l'on néglige lorsqu'il est question d'entraînement à la course à pied, c'est bien la musique qui inspire notre foulée. Essayez un entraînement par intervalles en écoutant Fleet Foxes ou Bon Iver, pour voir.

Je ne suis pas un spécialiste de la course. Mais j'aime croire que je m'y connais un peu en matière de listes de musique pour la course (on se console comme on peut). J'en prépare de toutes les sortes, pour toutes les distances. Des amis me les empruntent.

L'occasion est bonne, pendant que l'on digère encore la tourtière, de partager avec vous cette science très peu exacte. En me transformant pour l'occasion en gourou autoproclamé de la remise en forme.

Premier conseil: il n'existe pas de mauvaise musique pour s'inspirer à courir. Whatever works, comme dirait Woody Allen. Certains trouvent une source de motivation dans Against All Odds de Phil Collins. Il n'est pas nécessaire que la musique soit constamment rythmée. Ce n'est pas seulement une question de BPM (les fameux «beats per minute»), mais de «feeling», comme dirait l'autre.

Deuxième conseil: comme on ne peut entamer une course trop lentement, on ne peut commencer une liste de musique avec une chanson trop lente. Il est important de se délier les jambes, et donc de choisir une musique idoine. Pour me mettre en appétit, j'aime Vomit de Girls (sans mauvais jeu de mots). Du rock aérien, à mi-chemin entre Pink Floyd et Teenage Fanclub (mettons).

Troisième conseil: établir ses listes selon la durée des épreuves et des chansons. Les 11 minutes ou presque de Spiders (Kidsmoke) de Wilco sont parfaites pour une longue course à la montagne. Mais si vous espérez battre votre record au 10 km, il est préférable de choisir une première pièce moins longue, par exemple, l'Intro de The XX. Sinon, on pourrait se demander si votre «barre énergisante» du matin contenait vraiment que du chanvre.

Quatrième conseil: comme tout DJ amateur, il faut savoir créer une ambiance et soigner ses transitions, en espérant atteindre cet état euphorique que l'on nomme la «zone». On commence lentement (avec le charme rétro de Blue Jeans, de Lana Del Rey), puis on accélère progressivement le tempo, avec des chansons qui tendent vers un crescendo rythmique: Shake It Out de Florence + the Machine, par exemple, ou Runaway de Kanye West. Des chansons avec des titres prophétiques, préférablement...

Cinquième conseil: varier les genres et les longueurs des tounes. Trouver des chansons qui se complètent bien. À chacun ses goûts. J'aime bien les mariages de Dekshoo de Radio Radio et d'Alive Again de DJ Champion, de 1901 de Phoenix et de 8th Wonder de The Gossip, de Lonely Boy et de Tighten Up des Black Keys ou encore de Raconte-moi une histoire de m83 et de Look de Metronomy. Ou n'importe quelle combinaison entre ces pièces et l'oeuvre complète de Martine Chevrier.

Sixième conseil: ne pas bouder l'impact positif pour la course d'un plaisir coupable. Pour moi, c'est Hot in Herre de Nelly. Ou la combinaison de Not in Love de Crystal Castles, avec Robert Smith qui chante un vieux succès de Platinum Blonde, et la pièce originale des platinés ontariens.

Septième conseil: se trouver une «power song». Celle qui nous dépanne quand le moral est au plus bas et qu'on a besoin d'une poussée dans le dos. La mienne, c'est Ready to Start d'Arcade Fire. Record personnel garanti (enfin, presque).

Huitième conseil: ne pas sous-estimer le danger de se retrouver dans la «zone» en écoutant de la musique. Dans l'euphorie, on oublie ce que nous dicte notre corps et on se blesse. Je le sais. Je suis encore blessé...

Pour joindre notre chroniqueur: mcassivi@lapresse.ca