Je ne sais pas si le coureur cycliste Fabian Cancellara triche avec un moteur électrique caché dans le cadre de son vélo. Mais moi, si.

Moi, je triche depuis une semaine et j'en suis tout à fait fière. Car tant que je triche, je ne prends pas ma voiture.

 

Depuis une semaine, en effet, je roule sur un vélo emprunté à la société Volta, qui importe depuis peu au Canada les bicyclettes électriques de la marque suisse Flyer.

Et peu importe l'itinéraire, je cartonne.

La côte pour sortir du Vieux-Montréal et monter vers la rue Sherbrooke? Pfff...

La piste cyclable longeant le canal de Lachine? Je me prends pour Lyne Bessette.

Atwater jusqu'à De Maisonneuve? Un pet...

Je n'ai pas essayé la côte Berri mais j'en ferais mon petit-déjeuner, j'en suis sûre.

Le vélo électrique nous rend bionique.

Contrairement à ce que plusieurs croient, ce type de vélo, ce n'est pas une sorte de Vespa anorexique qui peut rouler tout seul même si on ne lève pas le gros orteil, ni une «mobylette» à l'ancienne où les pédales servent essentiellement à donner le coup d'envoi au moteur.

Le vélo électrique est réellement un vélo de tricheur assumé. Un moteur électrique permet d'augmenter la force de chaque coup de pédale et de donner plus de propulsion à la personne qui pousse. Mais si on ne fait rien, le vélo n'avance pas.

C'est la mère d'un des associés chez Volta qui m'a parlé de ces vélos, il y a un moment. Tout de suite, je me suis portée volontaire pour en essayer un, en me disant que ce nouveau type d'engin répondrait peut-être enfin à un des grands obstacles à ma conversion au vélo: la paresse.

Comme vous le savez, je fais en effet partie de cette masse de gens complètement incohérents qui voudraient être écolos mais qui n'arrivent pas à diminuer leurs habitudes énergivores en commençant, dans mon cas, par la voiture.

J'adore le vélo et j'aimerais en faire plus. D'ailleurs, quand je voyage, je suis toujours la première à me chercher deux roues pour me déplacer dans les villes que je visite. Mais quand je suis à Montréal, j'ai deux problèmes anti-vélo.

Le premier, c'est que, comme bien des mamans, je suis un taxi à enfants, qui se balade du bureau à l'école, aux activités parascolaires. Et quand je ne suis pas sur quatre roues, je suis à pied. Voyez-vous, non seulement il n'y a pas de Bixi dans mon quartier, il n'y a pratiquement pas de couloirs à vélos sécuritaires pour les enfants non plus. Aller à l'école avec eux en file comme une maman cane serait peut-être écologique, mais surtout dangereux.

L'autre problème, et c'est là que le vélo électrique commence à avoir un réel impact décisionnel, c'est que si j'aime me dépenser quand je jogge pour jogger, je n'ai pas du tout envie d'arriver en nage, la langue à terre, ni au bureau ni à la maison après le boulot et avant le deuxième quart de travail du soir. Or pour revenir chez moi en roulant, il faut grimper deux côtes vertigineuses. Vu de mon vélo traditionnel: l'Everest.

Avec le vélo électrique, monter ces côtes est un plaisir. On pédale, on souffle un peu, on arrive en haut réchauffé. Mais ça n'a rien à voir avec la bicyclette traditionnelle. On roule jusqu'à destination frais comme une rose.

Avec ce vélo, je peux rentrer du boulot en 30 minutes, éviter les bouchons du centre-ville ou des autoroutes, pour ensuite sauter dans mon auto afin de remplir mes tâches de covoiturage écolier, hors embouteillage, relax.

Vais-je m'en acheter un? J'aimerais. Mais les bons modèles sont chers. La bicyclette qu'on m'a prêtée coûte, attention, plus de 4000$, ce qui signifie qu'elle doit être hyper bien rangée et cadenassée, facteur à ne pas négliger. Toutefois, c'est un modèle venant du même pays que les Rolex, hyper solide, dont la motorisation est parfaitement intégrée et confortable. Une sorte de Mercedes à deux roues qui peut passer l'hiver sans problème.

Cela dit, il y a aussi des versions pas mal plus abordables. J'en ai même vu un à 700$ chez Canadian Tire. Et il y en a pour tous les prix entre 700$ et 6000$.

Mais doit-on regarder cette dépense comme une dépense vélo, en la comparant à des prix de vélos, si cette bicyclette réussit à remplacer une voiture?

En effet, si la propulsion électrique rend le déplacement à deux roues assez facile et agréable pour que l'irritant de l'effort disparaisse et que ce mode de transport devienne une alternative réaliste au transport à quatre roues, n'entre-t-on pas dans un tout nouvel univers de dépenses, où les références se transforment?

Car en incluant l'essence, le parking, les papiers, les tickets de stationnement et l'abonnement au gym du sédentaire, c'est réellement la voiture, surtout si c'est une deuxième, qui coûte une vraie fortune.