Je ne sais pas comment on va réussir à endiguer la crise alimentaire mondiale et à le faire en évitant les raccourcis inquiétants, comme les OGM, les pesticides et les herbicides hyper toxiques. Mais il est clair que si on veut commencer à manger de la vraie nourriture, à prix raisonnable, il faut se tourner non seulement vers nos fournisseurs locaux, en l'occurrence, les agriculteurs, pêcheurs et éleveurs québécois, mais aussi carrément regarder dans sa cour.

Oui, dans le jardin. Ou sur le balcon. Ou le toit...

L'agriculture urbaine et suburbaine n'est pas une coquetterie de bourgeois bohèmes amateurs de betteraves chioggia et d'oeufs fraîchement pondus. C'est une destination logique dans un monde où il faut chercher par tous les moyens à rationaliser notre utilisation d'énergie fossile. Pas besoin de brûler beaucoup de fioul pour manger ce qui pousse dans le jardin d'à côté. C'est aussi une réponse efficace à la concurrence à rabais de la nourriture industrielle. Acheter un sac de tomates bio coûte peut-être plus cher qu'un sac de chips. Mais faire pousser ses propres radis, non. Et saviez-vous que la roquette se cultive, littéralement, aussi facilement que de la mauvaise herbe?

De plus en plus de gens de la grande région métropolitaine mettent de l'avant des projets d'agriculture urbaine - poules dans leur jardin ou sur les toits, potagers, abeilles... - mais Montréal ne les aide pas assez et n'endosse pas assez ouvertement et activement l'importance de cette activité, croit le Groupe de travail en agriculture urbaine, qui a lancé jeudi dernier une pétition demandant la tenue d'une consultation publique sur le sujet. Projet Montréal, le parti de Richard Bergeron, a déjà annoncé son appui. Hâte de voir ce qu'en dit le maire Gérald Tremblay...

Hâte de voir aussi comment la population va adhérer - ou pas - à cette tendance, qui n'est certainement pas la plus exotique du moment.

Car voulez savoir de quoi tout le monde parle aussi, ces jours-ci, quand il est question de l'avenir alimentaire de notre biosphère?

DES INSECTES!

J'avoue que même moi, qui suis quand même plutôt ouverte à l'idée de manger de tout, je trace la ligne là. Manger des sauterelles? Asticots? Fourmis? Permettez-moi de rester avec les chanterelles, les haricots et le brocoli.

Mais peut-être devrais-je un jour passer par-dessus mon haut-le-coeur comme je l'ai fait pour manger un délicieux - vraiment - concombre de mer entier et farci dans un restaurant d'avant-garde de San Francisco. Après tout, 80% des habitants de la planète mangent des insectes, de l'Asie à l'Amérique Latine en passant par l'Afrique et l'Océanie. Il n'y a finalement que les Européens et les Américains du Nord, comme nous, qui levons le nez sur cette remarquable source de protéines maigres.

Plus ça va, plus on entend parler d'entomophagie. Bonbons aux scorpions au Texas, drinks à la sauterelle à Los Angeles. Même le grand chef hispano-américain José Andrès en fait des tacos chez Oyamel, à Washington.

Le magazine The New Yorker vient de consacrer un long papier sur la question, qui semble nous dire, paragraphe après paragraphe, que les sauterelles et vers de farine sont délicieux. Apparemment, les grillons grillés goûtent la noix et les vers, une fois frits, sentent les champignons et ont une saveur de graines de tournesol...

La FOA, l'organisme des Nations unies qui veille sur les questions alimentaires, trouve ces bestioles formidables et loue leur potentiel «commercial autant que nutritionnel».

Dans un des documents qu'elle a publiés sur la question, elle précise que déjà, qu'«au moins 527 insectes différents sont consommés dans 36 pays d'Afrique; et 29 pays d'Asie et 23 des Amériques en consomment également».

Punaises, fourmis, abeilles, teignes et papillons... Les larves aussi sont particulièrement intéressantes, plus grasses, pleines de vitamines et de minéraux.

De plus, nous rappelle le New Yorker, élever des insectes coûte beaucoup moins cher, en carburant fossile, par kilo de protéines, que la viande traditionnelle, une considération cruciale quand on sait que d'ici 40 ans, selon les démographes, la population mondiale - dont près du quart souffre déjà de faim chronique - atteindra les 9 milliards. Toute une bande de gens en quête de protéines...

Saviez-vous que gramme pour gramme, une sauterelle frite contient trois fois plus de protéine que le boeuf?

Une petite coccinelle avec ça?

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Une dernière chose: au Québec, contrairement à ce qu'a laissé entendre ma chronique, l'administration des congés parentaux est maintenant séparée de l'assurance-emploi dans un programme appelé le Régime québécois d'assurance parentale, où le délai de carence a été éliminé. Toutefois, Ottawa continue de gérer l'assurance-emploi, ce qui inclut les paiements de congé de maternité dans les autres provinces. Cette précision ne change en rien l'essentiel de mon texte, soit qu'Ottawa doit cesser de considérer un congé de maternité ou parental comme du chômage. Toutes mes excuses.