Suivez-vous les consultations sur le PMAD?

Oui, le PMAD. Le Plan métropolitain d'aménagement et de développement déposé par la CMM, la Communauté métropolitaine de Montréal, et qui doit être adopté d'ici la fin de l'année. Ce festival de sigles est un plan qui vise toute notre région métropolitaine: 82 municipalités incluant les banlieues proches et éloignées puisque la CMM va de Saint-Lazare à Terrebonne, en passant par Varennes et Oka. C'est un plan pour définir le genre de métropole que l'on veut être, demain.

Los Angeles ou New York? Calgary ou Vancouver? Des autoroutes aux larges voies irriguant efficacement la ville en voitures? Ou un modèle à la San Francisco, avec des trains, beaucoup de trains, et du covoiturage et quelques bouchons?

Le nom, PMAD, est affreux. Mais étonnamment, il parle d'avenir. Le P, c'est pour plan, comme dans «penser à demain» pour que tout ce que nous faisons aujourd'hui ne soit pas déjà dépassé le mois prochain, pour ne pas avoir à gaspiller, à recoller, à raccommoder, à combiner et à faire fonctionner comme un tout des projets disparates, voire contradictoires.

Pensez à ce classique: des gars qui s'installent dans votre rue creusent un trou pour, disons, le réseau d'eau. Ils travaillent, réparent, terminent leur labeur, bouchent le trou, refont l'asphalte, et laissent la rue toute belle et propre pour que la semaine suivante arrivent les gars du gaz, qui creusent un trou, travaillent, réparent...

Un PMAD, c'est un peu un plan pour que le même trou ne soit pas creusé trois fois et pour savoir aussi si on ne ferait pas mieux de planter un arbre au lieu de remettre de l'asphalte. Évidemment, on est à beaucoup plus grande échelle. Donc, on y prévoit comment s'articulera la région pour que les morceaux s'emboîtent et forment un tout qui fonctionne et convienne à nos priorités actuelles, plus vertes qu'hier. On espère qu'avec un tel plan, les moyens de transport, les moyens fiscaux, les mesures de protection environnementale marcheront main dans la main afin que l'un ne contredise pas l'autre. Tout un casse-tête. Dont on a vraiment besoin.

Prenez, par exemple, la situation dans Vaudreuil-Soulanges décrite par mon collègue Charles Côté en pages A22 et A23. Depuis une douzaine d'années, cette région à l'ouest de Montréal a explosé. Les promoteurs immobiliers et leurs coéquipiers, les constructeurs de centres commerciaux, y ont bâti des centaines et des centaines de maisons et de commerces formant de nouvelles zones résidentielles et commerciales, où vivent autant de familles qui ont aujourd'hui besoin de plus de services. Des écoles, des cliniques... L'hôpital de Valleyfield, le plus proche, pas du tout pensé en fonction des besoins de cette population en croissance, déborde.

Le problème est archiconnu. Au point où il y a aujourd'hui consensus: il faut construire un nouvel hôpital.

Mais où?

Entre les demeures et les grandes surfaces, y a-t-il de la place? Ou doit-on défricher encore un peu plus et poursuivre l'étalement urbain en retirant les protections vertes d'un secteur encore sauvage où se construirait cet imposant, mais nécessaire bâtiment?

En 2011, les simples mots «étalement urbain» devraient nous faire frémir. D'ailleurs, les gens de la CMM l'ont compris: leur PMAD propose un gel de cinq ans sur la conversion des terrains zonés verts, donc protégés contre la construction. Cela pourrait être plus, si vous voulez mon humble avis, mais cinq ans, c'est un message clair. Il faut qu'on arrête de gruger dans nos terrains verts pour y construire des maisons qui seront toujours plus loin du centre de la ville et pour lesquelles il faudra toujours plus de voitures. Trop simple comme équation? À moins que de nouveaux quartiers périphériques ne se transforment en pôles à haute densité desservis ultra-efficacement par les transports collectifs, étalement urbain continuera d'être synonyme de gaz à effet de serre.

Pour l'hôpital, la réflexion doit se poursuivre dans le même sens. La MRC croit qu'il faut défricher un terrain vert pour construire. Mais a-t-on réellement épuisé toutes les possibilités sur les terrains déjà aptes à la construction avant de penser à convertir des forêts, des champs et même des terres en friche? Voulez-vous vraiment que Montréal ressemble à Los Angeles?

Dans le cas de Vaudreuil-Soulanges, les opposants au rezonage ont une idée: qu'on construise l'hôpital sur un immense terrain où a été construite, il y a quelques décennies, une tour de 12 étages dominant tout le secteur et aujourd'hui occupée notamment par des bureaux. Le racheter pour réaménager tous ces hectares permettrait de corriger une erreur d'urbanisme, ou à tout le moins une anomalie, car avouons-le, plantée seule au milieu de cette région, cette tour détonne depuis toujours. C'est d'ailleurs ce que je me dis chaque fois que je l'aperçois à partir d'Oka, de l'autre côté du lac des Deux Montagnes.

Pour le moment, à la place, la MRC pense plutôt à faire lever les protections gouvernementales qui empêchent la construction sur un immense terrain, largement boisé, près de la route 540 et aisément accessible par les autoroutes 20 et 40. Au lieu de transformer des espaces déjà construits, on préférerait prendre des espaces verts et les asphalter.

Donc, en réponse aux besoins non planifiés liés à l'étalement urbain, on propose un peu plus d'étalement urbain.

Peut-on arrêter ça, chercher d'autres solutions et penser à se concentrer un peu?