Pour le décrire en quelques mots, New York a l'Empire State Building, une bonne partie des films de Woody Allen, les romans de Jay McInerney et la série Sex and the City.

Paris a sa tour Eiffel, ses romans de Zola, toute l'oeuvre photographique de Robert Doisneau et une liste de films à n'en plus finir, incluant, évidemment, Le fabuleux destin d'Amélie Poulain.

Rome a La Storia, autant le roman d'Elsa Morante que le long métrage de Comencini avec Claudia Cardinale. Elle a aussi le film Caro Diario de Nanni Moretti, le Colisée...

Toutes les villes majeures ont des romans, des films, des monuments qui les incarnent, les symbolisent. Choisissons en quatre: Pain de sucre, Copacabana, Corcovado, Ipanema... Vous savez que je parle de Rio. Le Kremlin, Tolstoï, le parc Gorki, Saint-Basile-le-Bienheureux. Moscou en quelques mots. Le Mur, le Reichstag, Checkpoint Charlie, le film Cabaret... Nous sommes à Berlin.

Maintenant, comment décrire Montréal?

Habitat 67, le film Un zoo la nuit de Jean-Claude Lauzon, le marché Jean-Talon et la chanson Je reviendrai à Montréal de Robert Charlebois. À chaque fois que je l'entends, je suis assaillie par un grand frisson nostalgique, froid comme l'hiver dont elle parle si joliment:

«Je veux revoir le long désert

Des rues qui n'en finissent pas

Qui vont jusqu'au bout de l'hiver

Sans qu'il y ait trace de pas...»

Mais j'aurais pu dire aussi la Place Ville-Marie, une poutine au foie gras du Pied de cochon, un manteau ou un chapeau de fourrure recyclée d'Harricana et L'homme, la sculpture d'Alexander Calder au parc Jean-Drapeau.

Ou alors, pour les pessimistes, l'échangeur Turcot, Réjeanne Padovani - un vieux mais non moins excellent film de Denys Arcand portant sur la corruption dans le monde de la construction - un bon nid-de-poule et une souffleuse.

Évidemment, on peut aussi faire un combiné classique touristique à mort, de type Stade olympique, place Jacques-Cartier, galerie souterraine et croix du Mont-Royal. Ou alors préférez-vous un quatuor à la mode, comme les magazines européens aiment bien, où on retrouverait les escaliers extérieurs du Plateau, le festival Osheaga, le quartier des festivals et chez Schwartz?

C'est Pointe-à-Callière qui a lancé ce petit jeu de définir Montréal par quelques symboles et j'avoue que je m'amuse beaucoup avec ce concept depuis que les gens du musée m'en ont parlé.

Que pensez-vous de «belvédère du mont Royal, un BIXI rue Rachel, le potager sur le toit du Palais des congrès et le Bota Bota, flottant dans le Vieux-Port»?

L'institution, qui fête cette année ses 20 ans, veut inviter tout le monde à s'exprimer sur la question. À partir de ce matin et jusqu'à l'automne, sur son site web et sa page Facebook, elle proposera des suites de symboles où il faudra choisir des éléments qui définissent le mieux notre métropole.

Ce matin, c'est une liste de bâtiments - cela va de l'Orange Julep aux escaliers extérieurs, en passant par le Stade, Habitat 67 et le Musée des beaux-arts - qui est soumise au vote. À partir de cette série de suggestions, on peut choisir cinq symboles dont les plus populaires seront révélés à la fin de l'exercice qui s'étirera jusqu'au début de l'automne.

Plus tard, on nous proposera une liste d'événements sportifs associés très étroitement à l'histoire de la ville. Évidemment, il y a des tas d'événements de hockey, émeutes, coupes, matchs contre les Russes et compagnie, mais on pense aussi au passage de Nadia Comaneci aux Jeux olympiques de 1976 ou au récent record historique d'Anthony Calvillo au football.

Suivra ensuite une liste de films et de chansons où vous retrouverez, c'est sûr, Montréal d'Arianne Moffat et quelques tounes de Beau Dommage.

«M'a arriver en ville jeudi midi

M'a prendre le métro jusqu'à Beaubien

En faisant semblant de rien

M'a arrêter au coin d'la rue pour appeler ma blonde...»

Personnellement, j'aurais aussi ajouté une liste de romans incluant plusieurs livres de Mordecai Richler, dont The Apprenticeship of Duddy Kravitz, ainsi que L'hiver de force de Réjean Ducharme - tout l'hiver et tout Montréal même si c'est surtout Outremont, en 273 pages - et au moins un polar de Kathy Reichs. Bonheur d'occasion? Oui. Le Matou? Si vous le voulez...

Des plats aussi peut-être?

Un sandwich Wilensky Special, des bagels au sésame, du poulet portugais grillé, de la «smoked meat», la glace à la tire d'érable du Bilboquet, le gâteaux aux carottes du Laurier, les omelettes de Beauty's, la poutine de La Banquise, les hamburgers de L'Anecdote ou de La Paryse...

Avouez qu'on s'amuse bien.