Quand il fait beau, les cyclistes envahissent les pistes: celle qui traverse le parc Lafontaine et file vers le centre-ville en dévalant la côte Berri, celle de la rue Saint-Urbain qui déboule entre Villeneuve et Sherbrooke ou celle, dangereuse, qui longe Rachel.

À l'heure de pointe, les pistes sont congestionnées. Ça roule vite. Certains pédalent comme des fous et doublent les contemplatifs. Moumounes s'abstenir.

Je me rends au travail en vélo tous les matins. L'été, vers 8h, c'est l'enfer. J'abandonne parfois la piste, mais dans la rue, je dois zigzaguer entre les autos et les nids-de-poule. Du sport. Parfois extrême.

Les cyclistes sont souvent délinquants, je l'admets. Je ne suis pas un modèle. Je roule avec mon iPod vissé dans les oreilles et l'envie d'assassiner un automobiliste me traverse l'esprit une fois par jour.

Une chose est certaine, il n'y a pas assez de pistes. La cohabitation est de plus en plus difficile entre les cyclistes et les automobilistes. Selon Vélo Québec, il y a 700 vélos par 1000 habitants au Québec, 980 aux Pays-Bas, 870 au Danemark, 410 en France, 380 en Angleterre.

Il y a davantage de cyclistes urbains qui utilisent leur vélo sur une base régulière. Ils roulent plus longtemps et plus souvent. Et parfois, plus dangereusement. Je vous l'ai dit, je l'admets. Mea culpa.

En 20 ans, le parc automobile a doublé à Montréal. Donc plus d'autos, mais aussi plus de cyclistes. Et de plus en plus de nids-de-poule. Un cocktail malsain.

Quand je veux rouler, vraiment rouler, j'enfourche mon vélo de course et je parcours la montagne et les cimetières. Parfois, je traverse le pont Jacques-Cartier et je file sur le circuit Gilles-Villeneuve. Pour le plaisir de pédaler sans arrêt sur de l'asphalte lisse, le nez collé sur mon guidon, loin des bruits de la ville. La paix, la grande paix.

La Société du Parc Jean-Drapeau a décidé de chasser les cyclistes du circuit en installant des barrières de ralentissement. La chose s'est faite rapidement, phénomène rarissime à Montréal. La décision a été prise en mai par le comité de gestion de la Société, elle a été entérinée peu de temps après par le conseil d'administration et les premières barrières ont été installées lundi. Une opération éclair.

Les cyclistes amateurs de vitesse sont en rogne. Ils vont se résigner à rouler dans les pistes ou les rues de la ville. Le cocktail vélo-auto sera encore plus explosif.