Je l'avoue, j'aime l'hiver. J'aime la première neige qui ensevelit la ville et étouffe les bruits, j'aime Montréal qui vit au ralenti, le quotidien qui se détraque, la beauté des flocons qui tombent en rangs serrés, ma rue méconnaissable, enfouie sous la neige.

Lundi soir, je suis rentrée chez moi en vélo. C'était drôlement exigeant, la côte Sherbrooke était abrupte et chaque coup de pédale m'arrachait le coeur. Mais c'était enivrant. Et j'allais plus vite que les autos.

Je suis arrivée à la maison en nage. J'ai garé mon vélo contre la clôture. Il y avait de la place et je n'avais pas peur de me faire coller une contravention. Vous ai-je dit que je n'ai plus d'auto depuis 1988? Je me sentais immensément bien. J'ai même eu un élan de commisération pour mes concitoyens automobilistes qui ramaient pour trouver une place de stationnement.

Hier matin, j'ai pris l'autobus sur le boulevard Saint-Laurent. Je me suis installée sur un siège à l'arrière et j'ai lu tranquillement mes journaux. Je suis arrivée au bureau avec à peine cinq minutes de retard.

J'ai échangé des courriels avec mes amies et mes soeurs pour organiser une sortie de ski de fond samedi à la montagne, en plein coeur de la ville. Ma première balade de l'année.

Je sais, je sais, je vais pester contre l'hiver en mars, je vais bougonner et jurer que je déteste l'hiver. Mais pour l'instant, je suis en pleine lune de miel, comme chaque année quand la première neige rend ma ville si belle.