On peut reprocher bien des choses à Guy A. Lepage et à Dany Turcotte lorsqu'ils se retrouvent sur le plateau de Tout le monde en parle. De protéger leurs intérêts et leurs petits amis. De choisir leurs causes comme on choisit des fruits, en prenant toujours le plus beau et le plus rentable politiquement. D'avoir des partis pris, de prendre des raccourcis, d'être parfois juge et partie. Mais d'être antisémites? J'en doute.

Pourtant, c'est ce dont les accuse, sur son site web, l'auteur montréalais Ian Halperin, celui qui portait de flamboyantes lunettes roses dimanche dernier à TMEP.

Furieux de ne pas avoir été traité avec les égards auxquels il s'attendait, d'avoir fait l'objet de moqueries et d'avoir reçu une carte de Dany lui disant comment il brûlerait ses livres s'il échouait dans une île déserte, le biographe non autorisé de Guy Laliberté et de Michael Jackson est parti en broyant du noir. Plus tard, il s'est vengé sur son site en brandissant l'épouvantail de l'antisémitisme. Sous les photos de Guy A. et de Dany, on peut lire des gros titres comme: «Cessez de nier votre racisme!», «Les commentaires de Turcotte étaient nazis» ou encore «Boycottez Radio-Canada tant que Turcotte et Lepage n'auront pas été congédiés».

L'appel au boycottage provient d'un militant des droits de la personne qui menace de débarquer à Montréal. Quant à la dénonciation de l'antisémitisme de Lepage et de Turcotte, elle vient de Charles Asher Small, président et fondateur de l'Institut d'études sur l'antisémitisme de l'Université Yale.

L'homme est natif de Montréal et ami de Halperin. Il m'a affirmé qu'il suffit qu'un homme juif se sente victime d'antisémitisme pour que cette perception soit une réalité. M. Small oublie un seul détail: pour être antisémite, encore faut-il reconnaître qu'il y a un juif en face de soi, ce qui ne fut pas le cas dimanche soir.

Personne ne savait que Halperin était juif, notamment parce que ce n'est pas écrit dans sa face, mais aussi parce que la connaissance de la culture juive des Québécois francophones est souvent limitée. Même moi, qui connais Halperin depuis plus de dix ans, j'ignorais qu'il était juif et, bien franchement, je m'en fiche.

À mes yeux, il a toujours été d'abord un anglo de Montréal, puis un diplômé en journalisme de Concordia, qui aurait pu devenir un journaliste d'enquête sérieux s'il n'avait pas choisi la voie du jaunisme, du sensationnalisme et du potinage.

Reste qu'il est vrai que Guy A. et Dany n'ont pas été gentils avec lui. Vrai que si on juxtaposait son passage à TMEP à celui de Guy Laliberté, on verrait que le degré de complaisance auquel a eu droit Laliberté est inversement proportionnel à l'hostilité réservée à Halperin.

Mais Halperin n'a pas aidé sa cause. Il est arrivé avec ses ridicules lunettes roses qu'il a refusé d'enlever. Il a voulu jouer au big shot, sauf qu'il s'est embourbé. Son français, déjà approximatif, en a pâti et le capital de sympathie qu'il aurait pu récolter s'il avait fait preuve d'autodérision s'est évaporé. Comme par le passé avec Raël, Anne-Marie Losique ou Gilles Proulx, Halperin est vite devenu le plat de résistance du dîner de cons.

Mais qu'il soit juif ou non n'a strictement rien à voir dans l'histoire. À ce que je sache, les invités d'origine juive ont toujours été les bienvenus à TMEP. Beaucoup plus en tous les cas que les potineurs professionnels comme Halperin.

Si ce dernier avait été plus rusé, il aurait peut-être pu sauver les meubles. Mais il est tombé dans le piège, ce qui est un brin étonnant pour un type qui se vante d'avoir participé à des centaines d'émissions de télé. Halperin ne risque pas d'être invité de sitôt à TMEP, vu la menace de poursuite de 1, 789 million de dollars qu'il vient de leur envoyer. Mais si ça devait arriver, je n'ai qu'un conseil à lui donner: prends des cours de communication avant, mon grand. Chez Guy Laliberté.