Lind Bird est une femme de Winnipeg qui s'est frottée à l'efficacité des douaniers américains alors qu'elle tentait d'entrer aux États-Unis en possession d'un produit dangereux et potentiellement mortel. Un oeuf Kinder.

Oui, l'oeuf Kinder, mieux connu sous le nom de Kinder Surprise, cette friandise en chocolat prisée des enfants de par le monde pour la petite bébelle qui se trouve dans une capsule jaune, à l'intérieur de l'oeuf. Les parents, comme moi, ont des sentiments partagés à l'égard de l'oeuf Kinder, pognés qu'ils sont pour assembler ladite bébelle, dont leur enfant se désintéresse généralement après sept minutes et demie et qu'on retrouve coincée dans les coussins du canapé six mois plus tard.

Bref, les États-Unis interdisent l'importation de la Kinder Surprise. La loi américaine interdit d'inclure quoi que ce soit de non comestible dans un produit comestible. De plus, la US Food and Drugs Administration considère que les parties du jouet à assembler, dans la capsule jaune, constituent un risque d'étouffement pour les enfants de moins de 3 ans.

Donc, les douaniers américains veillent au grain. Ils ont saisi l'oeuf Kinder de Mme Lind Bird (qui porte décidément un nom prédestiné). Comme ils ont saisi, en 2009, plus de 25 000 oeufs Kinder dans les bagages de touristes et d'Américains qui entraient aux États-Unis, en 2000 interventions différentes.

Remarquez, Lind Bird aurait pu récupérer l'oeuf Kinder saisi par les douaniers américains: le US Customs Department lui a envoyé une lettre de sept pages lui expliquant qu'elle avait le droit de contester la destruction programmée de l'article illicite. Mais qu'il lui en coûterait 250$ pour ce faire.

Bénis soient les enfants américains, protégés contre le danger des oeufs Kinder. Quant à ceux qui sont tués chaque jour par une arme à feu, qu'ils sachent au moins qu'ils sont morts au nom d'un droit constitutionnel inaliénable, garanti par le deuxième amendement...

DIEU ET HAÏTI - «Rappelez-vous que Dieu aime Haïti. Dieu a un plan pour Haïti.» C'est Franklin Graham, ami personnel de Jésus, fils du prédicateur américain Billy Graham, qui a dit cela à 40 000 Haïtiens réunis dans un stade de Port-au-Prince, mardi dernier.

Je ne suis pas un ami personnel de Jésus, mais quand même, je suis un journaliste hautement entraîné: j'ai des contacts au Royaume des cieux, et l'un d'eux m'a remis le plan de Dieu pour Haïti. Je vous le résume?

Grosso merdo, Dieu croit qu'Haïti est l'endroit idéal pour que des Occidentaux blancs, bien nourris, également amis personnels de Son Fils, rigoureusement born-again bien sûr, continuent à gagner leur ciel en nourrissant, en soignant et en éduquant les Haïtiens. Sans oublier, par la bande, de leur parler de Son Fils et de les convertir. Un peu de pain, un peu de paradis...

À cet égard, selon une note interne signée de la main de Dieu Lui-même, le plan divin pour Haïti va très bien. Pour ce qui est de ramasser les débris, de construire des maisons pour les 800 000 sans-abri, d'endiguer la corruption, de mettre Duvalier en prison, Dieu fait dire que c'est au-delà de Ses forces. Il suggère d'appeler Luck Mervil.

POULE ET CHIEN - Il s'appelle Jean Chartier, c'est le nouveau président de la Commission d'accès à l'information (CAI) du Québec et c'est une mère poule. M. Chartier, voyez-vous, veut éduquer les Québécois à l'importance de protéger leurs renseignements personnels. Je le cite: «Lors des achats en ligne, sur internet, les réseaux sociaux, Google Street View, les citoyens, parfois sans le savoir, vont donner en pâture leurs renseignements personnels. (Je veux) aller chercher les jeunes, aller chercher les individus pour leur dire: C'est vos renseignements personnels, vous êtes des individus, vous devez les protéger.»

C'est bien de vouloir protéger le public contre les méchants interwebs. Bravo!

Mais l'accès à l'information, dans cette province, est une farce. Chaque jour, des ministres, des sociétés d'État (comme Hydro-Québec) et des municipalités bafouent les demandes d'accès à des documents publics en multipliant les recours, les tracasseries et les délais dans l'espoir que, après un an ou deux d'attente, les demandeurs (souvent des journalistes) jettent l'éponge, oublient ou meurent du choléra.

Chaque année, la Fédération des journalistes professionnels du Québec documente les trous, immenses, dans les lois provinciale et fédérale sur l'accès à l'information.

La CAI devrait être un chien de garde accroché au mollet d'un gouvernement qui sanctionne le saccage quotidien de la Loi sur l'accès à l'information. Mais M. Chartier est très inquiet au sujet d'eBay et de Facebook. Il préfère être une mère poule. L'État peut dormir tranquille: on sait tous que les poules n'ont pas de dents.

PARLANT DE DENTS - Dans un restaurant de Québec, le député péquiste Bernard Drainville, farouche critique de la grande amitié entre le grand constructeur Franco Fava et le Parti libéral du Québec, s'est fait apostropher brutalement par un type qui s'est présenté comme le neveu de Franco Fava.

Harcèlement, intimidation? Drainville a choisi de porter plainte à la police. C'est la meilleure façon de répondre à une brute. Plainte, accusations, ta face dans le journal: tiens, toi...

Mais quand même, voici un type, prétendument neveu d'un magnat de la construction, qui roule les mécaniques dans un restaurant... italien!

Ça ne s'invente pas. Il y a des préjugés qui existent parce qu'ils ont une base dans le réel.