Celle qui a fait trébucher Gilles Duceppe dans Laurier-Sainte-Marie est devenue candidate du NPD en allant déposer son CV à la permanence du parti, tout près de chez elle. Hélène Laverdière envisageait simplement d'être bénévole pour le parti de Jack Layton. Pas de briguer les suffrages.

«Je n'espérais pas qu'on me demande d'être candidate, dit celle qui a causé la surprise en battant le chef du Bloc, contre toute attente. Je voulais simplement être bénévole, aider à l'organisation. J'ai été surprise.»

Quelqu'un, au NPD, en voyant le CV de cette diplomate de carrière, titulaire d'un doctorat de l'Université de Bath, en Grande-Bretagne, ne dormait pas au gaz: on lui a offert de représenter le parti dans Laurier-Sainte-Marie, sa circonscription. Hélène Laverdière a fini par dire oui au parti qu'elle appuie depuis 30 ans.

Un partisan du NPD m'a confié avoir jasé avec Mme Laverdière, en début de campagne. Celle-ci, dit-il, espérait une seconde place. Moins de 24 heures après avoir surpris le géant Duceppe, la nouvelle députée confirmait: «L'idée que le NPD puisse gagner, au début de la campagne, était un rêve éloigné...»

Laurier-Sainte-Marie englobe certains quartiers qui ont porté au pouvoir Amir Khadir (Mercier, au provincial) et Luc Ferrandez (l'arrondissement du Plateau-Mont-Royal, au municipal), des élus férocement de gauche. Dans ce quartier où les militants de la gauche oeuvrent au municipal, au provincial et au fédéral au gré des élections, Hélène Laverdière était une inconnue. Ni Khadir ni Ferrandez ne la connaissaient, avant ces élections.

Elle n'habite le Plateau que depuis quatre ans. Elle s'y est installée après une carrière de 15 ans pour le ministère des Affaires étrangères canadien, qui l'a amenée à travailler à Ottawa, à Washington, au Sénégal et au Chili où elle fut numéro deux de l'ambassade de Santiago.

«Ce que j'ai appris du Canada à l'étranger? Qu'à une certaine époque, notre réputation était enviée et enviable! Ça nous permettait de faire bien des choses dans les coulisses, d'être un lien entre différents acteurs, par exemple. Mais la réputation du Canada a été ternie au cours des dernières années par certains gestes.»

C'est, bien sûr, une critique à peine voilée du gouvernement Harper. «Que le Canada n'ait pas pu obtenir de siège au Conseil de sécurité de l'ONU est une manifestation de cette image ternie», note Hélène Laverdière.

Ces compétences diplomatiques seront utiles à la recrue, nul doute. Mais dans l'immédiat, son plus grand défi est de se constituer une équipe solide, qui pourra répondre aux citoyens, selon Nathalie Rochefort, consultante en développement social, militante du NPD et ex-députée libérale de Mercier.

«L'équipe de Gilles avait 20 ans d'expérience derrière la cravate. Son équipe était efficace pour faire avancer les dossiers de citoyens, en assurance chômage comme en immigration. Le défi de cette équipe de députés du NPD sera de trouver du bon staff pour les épauler.»