D'un côté, il y a les déclarations du ministère des Transports, Sam Hamad en tête. Des déclarations visant à calmer le public, inquiet de voir des dizaines de tonnes de béton tomber sur une voie rapide, par un beau dimanche matin. Des déclarations visant à limiter les dégâts politiques pour le ministre des Transports lui-même. Puis, de l'autre côté, il y a la documentation. Froide, objective, sans émotion.

C'est cette documentation qui, gracieuseté des journalistes de La Presse, contredit magistralement tout le spin médiatique produit, depuis dimanche, par le cabinet de Sam Hamad.

Lundi soir, sous la pression, le cabinet de M. Hamad a finalement publié les rapports d'inspection du tunnel Ville-Marie, ceux de 2008 et de 2010. Celui de 2008 était accablant. Il identifiait plusieurs éléments à solidifier, dans ce tunnel. Dont, crucialement, les assises des poutres qui soutiennent les paralumes. C'est une de ces assises qui a cédé, dimanche, entraînant dans sa chute plus de 100 tonnes de béton (poutre et paralumes).

Dès mardi, devant les manchettes et éditoriaux soulignant que le MTQ savait, depuis 2008, les risques sécuritaires cachés dans le plafond du tunnel de l'A720, Québec a corrigé le tir: tout ce qui devait être sécurisé l'avait été.

André Noël a appris que les assises de ces gigantesques poutres de béton, dont la fragilisation avait été constatée en 2008, n'ont pas fait l'objet de travaux correctifs. Ce fait a été confirmé à André Noël par Daniel Bouchard, chef du service des structures au MTQ, lors d'une entrevue.

Or, ce fait contredit ce que la sous-ministre Anne-Marie Leclerc a affirmé, mardi. Cela contredit ce que Sam Hamad a affirmé, plus tard le même jour, dans un point de presse.

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Je ne sais pas s'il s'agit d'un mensonge. Le public jugera. Mais je note que depuis dimanche, le MTQ est autant dans le marketing politique (qui touche la vie politique de M. Hamad) que dans la communication publique (qui explique ce qui s'est passé).

Et le marketing, c'est l'art de nager entre le vrai et le faux. Mme Leclerc et M. Hamad disaient vrai quand ils affirmaient que le MTQ avait suivi les recommandations du rapport de 2008. Mais ils ont omis de dire que tous les travaux n'avaient pas été faits. Dont ceux, essentiels, de renforcement des assises de ces fameux paralumes. Une omission qui relève, selon moi, du marketing politique.

Ce marketing politique, il était évident quand M. Hamad et sa sous-ministre ont laissé entendre que l'entrepreneur privé qui effectuait des travaux dans le tunnel au moment de la chute de la poutre était, peut-être, à blâmer pour ce désastre. L'enquête n'est pas terminée, mais qu'importe: la firme Laco offrait une belle occasion de faire dévier les tomates lancées vers le ministre et son ministère depuis dimanche.

Dans le nuage de confusion qui plane sur le MTQ depuis dimanche, un fait a surgi, hier, un fait limpide, déterré par André Noël: les assises des paralumes, qu'un rapport recommandait de solidifier au plus sacrant, ne l'ont pas été, contrairement aux prétentions du MTQ.

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Depuis dimanche, Sam Hamad et ses fonctionnaires ont parlé (confusément, souvent). Les patrons de Laco, l'entreprise qui effectuait des travaux dans le tunnel, ont parlé à Vincent Larouche et à André Noël.

Qui n'a pas parlé?

Réponse: SNC-Lavalin, fleuron du génie québécois, qui a effectué les plans et devis sur lesquels se basaient les employés de Laco, dimanche, quand des tonnes de béton sont tombées sur l'A720.

On a hâte d'entendre le président, Pierre Duhaime, donner sa version du désastre du tunnel Ville-Marie. Un simple geste de courtoisie envers les Québécois qui financent ces millions de dollars derrière les contrats d'infrastructures publiques.