Si le premier ministre Jean Charest cessait de protéger son Parti libéral, et qu'il mettait les intérêts de l'État avant tout, le cri du coeur de la mairesse Chantal Rouleau pourrait avoir une suite.

Si le PM n'avait pas si peur de voir de bons libéraux se faire passer aux rayons X d'une commission d'enquête publique, les faits allégués par la mairesse de Rivière-des-Prairies-Pointe-aux-Trembles seraient l'objet d'un examen minutieux.

Mais ça n'arrivera pas.

Jean Charest a décidé que son parti, le Parti libéral du Québec, était plus important que l'État.

Dans la lettre au PM signée par Mme Rouleau, lettre obtenue par Daphné Cameron, de La Presse, la mairesse fait allusion au PLQ avant tout: «J'arrête ici mon énumération, écrit-elle, des raisons qui militent en faveur d'une commission d'enquête publique. Vous et votre équipe les connaissez. Toutefois, les risques politiques qui pourraient être associés à la tenue d'une telle commission n'ont aucune mesure avec ceux qui planent actuellement sur la société québécoise.»

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Il faut saluer les maires qui se rebiffent, qui parlent, qui rouspètent.

Je pense au maire de Saint-Prime, Bernard Généreux, également président de la Fédération québécoise des municipalités (FQM), qui a récemment interpellé Jean Charest, en personne, en plein congrès de la FQM.

Dans notre société du consensus mou, société qui a si peur de la chicane, apostropher ainsi le PM était un geste qui nécessitait des cojones en béton armé.

Car c'est très québécois, n'est-ce pas, que de chialer dans l'intimité de son salon ou de son compte Twitter, sans jamais passer à l'action. Je pense à M. Yvon Marcoux, député libéral de Vaudreuil, qui se vantait récemment, dans la foulée des révélations du rapport Duchesneau, de ne jamais se faire achaler, dans sa circonscription, par des citoyens réclamant cette foutue enquête publique...

Le pire?

Le pire, c'est que c'est probablement vrai!

Le Québécois moyen est tellement contre la chicane qu'il ne lui viendra jamais l'idée d'enguirlander son député libéral, en le croisant au IGA, devant le comptoir des saucisses.

Je ne parle pas de discuter avec l'honorable député (e): je parle de l'envoyer au diable, très fort. Je parle de faire une scène en public. Je parle de faire honte à ces moutons de députés qui nous prennent pour des idiots, en tentant de nous endormir avec la comptine des enquêtes policières...

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Ce serait formidable si le citoyen, à titre individuel, décidait de cesser de signer des pétitions virtuelles et de cliquer sur «J'aime» dans Facebook. Ce serait formidable s'il optait pour la guérilla du comptoir à saucisses: apostropher publiquement son député libéral, où que celui-ci se trouve, qu'importe le moment.

Pas de menaces. Pas de coups. Pas de violence. Juste parler fort...

Je parle d'interpeller les Yvon Marcoux de ce monde devant le comptoir à saucisses, suffisamment fort pour que le député visé change de rayon la queue entre les jambes. Je parle de huer votre députée libérale, au prochain souper de la chambre de commerce, à la prochaine ouverture de centre communautaire. Il n'y a rien d'illégal là-dedans.

Surtout, surtout, n'engagez pas la conversation. Le temps des palabres est terminé. Et puis, ce sont de beaux parleurs. Ils vont vous endormir...

On en est là. La discussion polie n'a rien donné. Les sorties d'éditorialistes, d'associations, de flics, d'officiels comme Jacques Duchesneau, de maires comme M. Généreux et Mme Rouleau; les pétitions et les manifestations n'ont rien donné. Le PLQ garde les deux mains sur le volant du déni. Reste la guérilla du comptoir à saucisses.

Bref, à GO, on apostrophe un député libéral.

Chiche?