Dès la descente de l'avion, les affiches annonçant la tenue du match des Étoiles sont partout. De nombreux bénévoles, vêtus de rouge, accueillent les visiteurs dans le hall de l'aérogare. Un sourire de bienvenue au visage, ils les dirigent vers le service des transports. Le quotidien local publie un cahier spécial de six pages sur les festivités du week-end. Même les portes de l'ascenseur de l'hôtel sont décorées du logo de l'événement!

L'illusion, avouons-le, est parfaite. Durant un court moment, on croirait être débarqué dans une véritable ville de hockey. Ce qui est faux, évidemment. L'enrobage masque souvent l'essentiel et en voici une autre preuve. Nous sommes plutôt dans un château-fort du basketball. Et pas celui de la NBA! En Caroline-du-Nord, c'est le basket collégial qui alimente la passion des amateurs de sport. Les performances des équipes des universités North Carolina, North Carolina State et Duke constituent leur préoccupation majeure.

Dans cinq semaines, lorsque sera donné le coup d'envoi du tournoi annuel de la NCAA, le fameux March Madness, les nouvelles de hockey devront être significatives pour obtenir une couverture adéquate dans les médias locaux! Le hockey entrera alors en hibernation et n'en sortira qu'en avril, dans la mesure où les Hurricanes participent aux séries éliminatoires.

Mais en attendant le March Madness, les gens du «Triangle», comme est surnommée cette région de 1,5 million d'habitants, ont choisi d'accueillir les vedettes de la LNH avec cette chaleur particulière au sud des États-Unis. Les villes de Raleigh, Durham et Chapel Hill n'ont pas l'habitude de recevoir 300 membres des médias venus de partout en Amérique du Nord. Ils veulent faire bonne impression. Les chauffeurs de taxi, point de contact obligé des visiteurs dans cette région démunie en transport collectif, ont été prévenus, nous apprend le News&Observer.

C'est par accident que la Ligue nationale dispute son match des Étoiles à Raleigh. La ville de Phoenix devait accueillir la grande fête du hockey. Mais les déboires administratifs des Coyotes ont obligé la LNH à faire un nouvel appel d'offres. Une organisation serait-elle prête à assumer la relève? Les Hurricanes de la Caroline ont dit oui et le commissaire Gary Bettman est venu annoncer la bonne nouvelle en avril dernier.

Comme l'écrivait alors mon collègue François Gagnon, Bettman fut reçu en héros, recevant une ovation après avoir confirmé l'affaire. Remis de sa surprise («N'arrêtez surtout pas, je commence à y prendre goût», avait-il lancé), il affirma alors tenir sa promesse.

Quelques années plus tôt, Bettman avait expliqué que la région devait bonifier son Centre des congrès et son offre hôtelière si elle souhaitait organiser l'événement. Les commissaires des grandes ligues professionnelles, c'est bien connu, ne se gênent jamais pour proposer des améliorations aux infrastructures. Bettman ne fait pas exception à la règle.

«Nous avions déjà des plans en ce sens», dit Scott Dupree, vice-président au marketing sportif du tout nouveau Centre des congrès. «Les propos de M. Bettman ont peut-être contribué à accélérer nos projets, mais Raleigh voulait revitaliser son centre-ville. Notre région se développe rapidement. Nos trois nouveaux hôtels de luxe et notre Centre des congrès nous permettent de demeurer concurrentiels.»

Le «Triangle» doit en bonne partie sa vigueur économique aux nouvelles technologies. Un des plus importants employeurs est la firme de logiciels SAS, qui compte plus de 11 000 employés dans le monde, dont presque la moitié au siège social établi en banlieue de Raleigh. Le fondateur de la firme, Jim Goodnight, a fait construire le premier hôtel cinq étoiles de la région, où logeront les propriétaires d'équipes de la LNH ce week-end.

Mine de rien, Raleigh-Durham a été l'hôte de trois rendez-vous importants de la Ligue nationale au cours des sept dernières années: le repêchage des joueurs amateurs en 2004, la finale de la Coupe Stanley en 2006 et le match des Étoiles ce week-end. «Je ne connais pas beaucoup de villes qui peuvent se targuer des mêmes réussites», affirme Scott Dupree, avec fierté.

(Nous pouvons tout de même nous consoler à Montréal: à l'occasion du centenaire du Canadien, nous avons reçu deux de ces trois événements. Quant à la finale de la Coupe Stanley...)

Pour son premier match des Étoiles, Raleigh ne pouvait espérer mieux. La nouvelle formule de sélection des équipes ajoute du cachet à la rencontre. Ce soir, les capitaines de chacune des deux équipes, flanqués de leurs assistants, choisiront eux-mêmes à tour de rôle les membres de leur formation.

Cette idée originale est venue de Brendan Shanahan, un nouveau vice-président du circuit. Le triple champion de la Coupe Stanley en mène déjà large dans la LNH. Une autre preuve en a été fournie, hier, lorsque l'embauche de l'ex-défenseur Rob Blake a été annoncée. Blake, qui se joindra à l'équipe des opérations hockey à titre de directeur, est un proche de Shanahan. Celui-ci l'a d'ailleurs consulté avant de proposer ce nouveau concept.

Peu importe la formule, les dirigeants des Hurricanes et la région de Raleigh-Durham sont fiers de recevoir les meilleurs joueurs de la LNH. Même si le hockey gagne en popularité en Caroline, les gradins du RBC Center ne sont pas toujours pleins. À Raleigh, on espère que la visite de l'élite de la LNH - Sidney Crosby en moins - permettra de consolider les acquis.

«On déroulera le tapis rouge pour nos visiteurs», affirme Scott Dupree.

L'enthousiasme, n'en doutons pas, est au rendez-vous.