Oubliez le débat autour des commotions cérébrales ou les ennuis financiers de plusieurs équipes établies dans le sud des États-Unis. Si les gouverneurs de la Ligue nationale apprécient Gary Bettman et le laissent diriger le circuit à sa guise, c'est en raison de sa capacité à conclure des ententes comme celle annoncée hier.

Après plusieurs semaines de négociations, la LNH a signé un accord de 10 ans avec NBC Sports Group. En retour d'une somme estimée à 2 milliards, les réseaux NBC et Versus, qui appartiennent tous deux au géant des communications Comcast, demeureront les diffuseurs de la LNH aux États-Unis.

Si la ligue conserve ses partenaires, les termes contractuels ne sont plus les mêmes. Les revenus de la LNH en droits de télé demeurent à des années-lumière de ceux des trois autres sports majeurs, mais il s'agit néanmoins d'une progression fulgurante par rapport à la situation actuelle.

«Cette entente est excitante pour les deux parties, a déclaré Dick Ebersol, président de NBC Sports Group. La LNH salive déjà à l'idée que son produit soit promu sur l'ensemble de nos plateformes télévisuelles et numériques. De notre côté, nous savons que les annonceurs apprécient l'auditoire jeune et masculin du hockey.»

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Pour bien saisir la signification de cette nouvelle, il faut retourner en 2004. Cette année-là, les réseaux ABC et ESPN, déçus des pathétiques cotes d'écoute de la LNH aux États-Unis, n'ont pas renouvelé l'entente qui valait au circuit 120 millions par saison.

Coincée, la LNH a alors conclu deux contrats. Le premier, avec NBC, était fondé sur une formule de partage des revenus, façon habile de camoufler le fait que le réseau ne versait aucun droit à la LNH. Le deuxième, avec OLN, alors un obscur réseau câblé, permettait à la LNH de toucher 77,5 millions par saison.

Ces ententes ont permis à la LNH de sauver la mise. Mais personne n'était dupe: il s'agissait d'une claque en plein visage.

Au fil des années, la LNH a amélioré son produit et les cotes d'écoute ont progressé. OLN a changé son nom pour Versus et augmenté son nombre d'abonnés. Puis, en janvier dernier, le réseau NBC a été vendu à Comcast, déjà propriétaire de Versus. Du coup, les deux partenaires de la LNH faisaient partie du même immense groupe médiatique: 20 chaînes de télé et 40 plateformes numériques.

«On a tout de suite pensé que nous pourrions être les plus grands bénéficiaires des synergies découlant de cette entente, a expliqué Bettman, hier. Toutes leurs propriétés nous aideront à faire croître notre sport.»

Cette fois, NBC paiera des droits de diffusion à la LNH. L'époque du partage des revenus est terminée, a reconnu Ebersol. Versus versera la majorité de la somme, mais NBC acquittera sa part. «Pour nous, il s'agit d'un seul contrat, a dit Bettman. Ils peuvent le ventiler à leur façon en interne.»

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Il y a l'argent, mais aussi le prestige. Dans le premier cas, la LNH fait un pari intéressant. Elle touchera en moyenne 200 millions par saison. On peut croire que le montant sera plus bas dans la première année du contrat et suivra une courbe ascendante jusqu'en 2020-2021.

Dans le deuxième cas, Versus, sur lequel la grande majorité des matchs seront présentés, ne possède ni la renommée ni le taux de pénétration d'ESPN. La LNH dit donc adieu pour très longtemps à la possibilité de retourner à cette prestigieuse antenne. ESPN a montré un certain intérêt, mais les discussions n'ont pas abouti.

«Nous éprouvons tous un grand respect pour ESPN, a dit Bettman. Mais nous croyons que l'alliance NBC/Comcast est excitante pour nous.»

Ebersol, volubile, a ajouté: «ESPN est la plus grande entité sportive sur la terre! Mais ils détiennent plusieurs propriétés. Alors que Versus a pu prendre un engagement fort envers la LNH au cours des dernières années.»

En clair, à ESPN, la LNH aurait été condamnée à un rôle mineur; à Versus, elle demeurera au centre des priorités. Et pour augmenter le prestige de ce réseau, les nouveaux propriétaires modifieront bientôt son nom. L'appellation «NBC» en fera partie.

Pour la LNH, il est clair que «NBC Sports Channel» sera plus porteur que «Versus». La grille horaire du réseau sera aussi renforcée, ce dont profitera la LNH.

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Le renouvellement des ententes de télévision aux États-Unis constituait la priorité numéro un de Gary Bettman. Cette affaire réglée, attendons-nous à des développements à propos de l'avenir des Coyotes de Phoenix.

L'émission d'obligations qui permettrait à la Ville de Glendale de subventionner l'acheteur pressenti, Matthew Hulsizer, n'a toujours pas été lancée. Celui-ci refuse toujours d'acheter l'équipe avec son propre argent. Le dossier semble bloqué, mais parions que Bettman tentera une ultime tentative pour empêcher le transfert de l'équipe à Winnipeg. Si cela ne fonctionne pas, nous assisterons au retour des Jets.

Restera ensuite le cas des Thrashers d'Atlanta à résoudre. La recherche de nouveaux investisseurs ne semble pas progresser.

Gary Bettman a donc beaucoup de pain sur la planche. Son succès d'hier, qui permettra à la LNH de franchir le cap des 3 milliards de revenus par année, renforcera encore son autorité. Plus que jamais, c'est de lui que dépend la décision d'augmenter ou pas le nombre d'équipes canadiennes au sein du circuit.