Le nouveau logo de l'Impact met en relief la fleur de lys. L'organisation aurait pu approfondir cette voie et aller au-delà du symbole. Comment? En embauchant un entraîneur capable de s'exprimer en français. Compte tenu de la popularité du soccer dans les pays de la francophonie, les candidats compétents étaient sûrement nombreux.

L'Impact a cependant choisi une autre direction. Pour son entrée en MLS, Joey Saputo a joué de prudence en accordant un contrat de trois ans à Jesse Marsch, un Américain de 37 ans connaissant à fond les coulisses du circuit.

Le raisonnement, clairement expliqué par le président de l'équipe, se défend. N'empêche que l'occasion aurait été belle d'envoyer un signal fort sur la place du français au sein de l'équipe. L'Impact aurait augmenté ses chances d'élargir sa clientèle en sélectionnant un entraîneur capable de s'exprimer dans la langue de la majorité. Et elle aurait renforcé son caractère distinctif en MLS.

«La MLS est un circuit complexe, a dit M.Saputo. Notre premier objectif était de trouver un entraîneur connaissant parfaitement la ligue et ses particularités. Il s'agissait du principal critère de sélection. Si, en plus, il avait parlé le français, ç'aurait été idéal. Mais aucun candidat ne possédait ces deux atouts.»

Dans ce contexte, le critère de l'expérience a vite éclipsé celui de la langue. La pitoyable saison de l'Impact a sûrement incité M.Saputo à protéger ses arrières. Au plan sportif, l'organisation est désorganisée. Construire une formation solide, capable de se tirer d'affaires en MLS, constituera un défi herculéen.

En plus de remettre le train sur les rails, Jesse Marsch devra familiariser ses nouveaux collègues aux règlements de la MLS, notamment la gestion du plafond salarial. Sa longue association avec la MLS - il y a joué 14 saisons - devrait éclairer ses choix en matière de recrutement.

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En prenant place au podium hier matin, Marsch a d'abord dit une phrase ou deux en français, sans même regarder ses notes. Son accent était fort correct. Manifestement, si ce diplômé en histoire de l'Université Princeton choisit de s'y mettre, il fera des progrès rapides.

«Jesse va essayer le plus possible, a dit M.Saputo. Il connaît l'importance de bien communiquer avec nos partisans et les médias. La réalité de Montréal ne lui échappe pas.»

Pour ce premier contact officiel avec son nouveau milieu, Marsch a fait bonne impression. Il s'exprime comme un meneur et ses propos sont bien structurés. Sa confiance en lui ne fait aucun doute. Évoquant sa carrière de joueur, il a déclaré: «J'étais un gagnant». Puis, devinant peut-être le côté un brin arrogant de cette déclaration, il a ajouté: «Pas parce que j'étais le meilleur joueur, mais parce que je faisais partie d'excellentes organisations, avec du leadership, une forte éthique de travail et des joueurs détestant perdre.»

Voilà les principes qui le guideront à Montréal. Malgré son intéressante feuille de route, Marsch en sera à sa première expérience de grand patron. Mais il fait clairement partie de la nouvelle génération d'entraîneurs. J'ignore s'il aura autant de succès que Guy Boucher au hockey. Mais à première vue, c'est à lui qu'il m'a fait penser: même assurance, même don pour la communication, même ton convaincu. On verra bien assez vite si cette comparaison tient la route.

Marié et père de trois enfants (10, 8 et 4 ans), le nouvel homme fort de l'Impact a mentionné son plaisir de s'établir parmi nous. «Ma première visite à Montréal a eu lieu en avril dernier. J'ai tout de suite été séduit par le côté multiculturel de la ville. Ma famille et moi sommes excités à l'idée d'étreindre tout ce que Montréal offre. Nous aimons les aventures différentes.»

Marsch n'a pas promis d'apprendre le français comme tant d'autres joueurs ou entraîneurs avant lui, tous sports confondus. Mais son ouverture d'esprit me fait croire qu'il voudra vivre l'expérience montréalaise dans toutes ses dimensions.

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À n'en pas douter, l'Impact aura un visage complètement différent la saison prochaine. Marsch a déjà compris l'avantage d'aligner quelques joueurs francophones. Ce constat devrait orienter en partie son recrutement.

«Logiquement, ce lien francophone existe. Des joueurs français, ou des joueurs africains parlant le français, pourraient aimer jouer ici. La langue leur fournira une zone de confort. On espère que certains d'entre eux auront le goût de venir à Montréal. Ce sera ensuite à nous de bien les intégrer dans l'équipe.»

Ce commentaire de Marsch tombe sous le sens. N'en reste pas moins qu'il traduit une sensibilité bienvenue envers sa nouvelle ville d'adoption. Cela augure bien pour la suite.

Souhaitons simplement qu'il ne nous déçoive pas.

La LNH inspire la MLS

Ce n'est pas le Klondike, mais un pas dans la bonne direction pour la MLS. Le circuit a signé une entente de trois ans avec NBC, qui diffusera 45 matchs par année dès la saison prochaine. Quatre d'entre eux seront présentés sur le réseau principal et 41 sur Versus, qui prendra le nom de NBC Sports Network en janvier prochain.

Selon le Sports Business Daily (SBD), NBC versera 10 millions par saison à la MLS. Il s'agit d'une augmentation appréciable puisque Fox, détenteur actuel des droits, a versé 3 millions en 2010 et 6,25 millions en 2011.

Don Garber, commissaire de la MLS, espère que la collaboration de son circuit avec NBC sera aussi fructueuse que celle de la LNH. «J'ai surveillé avec envie ce que NBC a fait pour la Ligue nationale, a-t-il dit à SBD. On espère qu'ils auront le même succès avec le soccer qu'avec le hockey.»

NBC est reconnu pour la promotion agressive de ses propriétés sportives.

Photo: Hugo-Sébastien Aubert

Le prochain entraîneur de l'Impact en 2012 dans la MLS, Jesse Marsch.