Existe-t-il, dans tout le sport professionnel, une championne aussi dénuée d'esprit sportif en situation de stress? En 2009, en demi-finale de l'US Open contre Kim Clijsters, Serena Williams, brandissant sa raquette d'un geste rageur, avait menacé une juge de ligne de lui enfoncer une balle dans la gorge après avoir écopé d'une faute de pied au service.

On aurait cru que le ressac de cette triste affaire lui aurait appris à mieux contrôler ses émotions. Mais non. Hier, en finale du même tournoi, Williams a poussé un cri au moment où Samantha Stosur tentait de rattraper une balle frappée au fond du court. Elle a ainsi déconcentré son adversaire, geste interdit par le règlement. L'arbitre Eva Asderaki, une Grecque de 29 ans dotée d'une impeccable feuille de route, lui a infligé un point de pénalité, suscitant ainsi la colère de Williams.

Plus tard, lors d'une pause entre deux jeux, Williams a crié un tas d'insanités à Asderaki («Tu es haineuse, tu n'es pas belle à l'intérieur») et lui a conseillé de ne pas regarder en sa direction. C'était franchement pathétique.

Certains, comme John McEnroe, soutiennent que Serena a célébré trop vite un potentiel coup gagnant, hurlant avant la fin de l'échange. D'autres, comme le descripteur Dick Enberg et l'analyste Mary Carillo, ont vite noté que Serena avait mal agi. McEnroe est un analyste hors pair, mais je partage l'avis de ses deux collègues.

Dans les câbles après un set, sentant que Stosur lui ravirait un titre qu'elle croyait sien, Williams a semblé vouloir intimider son adversaire en criant à un moment déplacé. La tactique n'a pas fonctionné. Âgée de 27 ans, Stosur est une joueuse expérimentée. Après le match, sereine, elle a expliqué bien connaître le comportement de Williams sur le terrain. Non, la nouvelle championne ne semble pas facilement impressionnable.

Quant à Williams, elle a contourné les questions à propos de l'affaire. A-t-elle confondu l'arbitre d'hier avec celle de son match contre Clijsters il y a deux ans? «Je ne sais pas, a répondu Serena. Peut-être. Probablement, sûrement».

En réussissant un magnifique retour au jeu après avoir raté plusieurs mois en raison de blessures et d'une maladie, Serena a impressionné tous les amateurs. Elle a perdu une partie de ce capital de sympathie hier.

Roger Federer était catastrophé après son revers crève-coeur de samedi en demi-finale de l'US Open. Au point où ses commentaires ont distillé un fiel qu'on ne lui connaissait pas.

Lorsqu'un journaliste lui a demandé si la première balle de match sauvée par Novak Djokovic - un ahurissant retour de service - était signe de la confiance de son adversaire, Federer a lancé: «Vous moquez-vous de moi?»

Federer a ensuite établi un parallèle bizarre entre ce coup spectaculaire de Djokovic et certains jeux à haut risque de ses adversaires chez les juniors (!) en situation désespérée. «Moi, je n'ai jamais joué comme ça, j'ai toujours cru que le travail soutenu finissait par payer.»

Comme si Federer jugeait sa conception du tennis supérieure à celle de Djokovic, plus «morale» en quelque sorte. Étonnant, de la part d'un grand champion qui devrait pourtant savoir qu'il n'existe pas une seule recette pour atteindre le sommet.

La personnalité de Novak Djokovic se situe aux antipodes de celle de Federer. Après sa victoire, le champion serbe a dansé sur le court à la demande de Mary Joe Fernandez, l'ancienne joueuse devenue commentatrice. «OK, mais j'ai besoin de musique et tout le monde doit m'accompagner», a-t-il lancé à la foule, avant d'y aller de quelques pas. La scène était drôlement sympathique.

Djokovic s'est ainsi réconcilié avec le public de Flushing Meadows. Au cinquième set, à grand renfort de gestes, il avait reproché aux fans de ne pas l'appuyer suffisamment. «J'avais besoin de leur énergie», a-t-il expliqué après sa victoire.

Comme l'impression que Rafael Nadal vivra une autre déception aujourd'hui en finale... C'est l'année de Djokovic.

Doit-on lire son autobiographie avant de la publier? Question ridicule, dites-vous? Pas du tout! La preuve, c'est que Rafael Nadal n'a toujours pas lu la sienne, publiée le mois dernier.

«Elle est rédigée en anglais et j'ai besoin de temps et de concentration pour lire dans cette langue», a expliqué Nadal, dont la franchise est admirable. Il a promis de lire «son» livre après sa traduction en espagnol.

Pour réaliser ce bouquin, Nadal a accordé plusieurs entrevues à John Carlin, également auteur d'Invictus, qui raconte la victoire de l'équipe de l'Afrique du Sud à la Coupe du monde de rugby en 1995. (Un excellent film mettant en vedette Morgan Freeman - dans le rôle de Nelson Mandela - et Matt Damon en a été tiré.) Le père et l'agent de Nadal ont validé le texte de Carlin avant publication.

J'ai amorcé la lecture du livre de Rafa. Intéressant, même si ce n'est pas aussi captivant que l'autobiographie d'Andre Agassi, un feu roulant d'histoires fascinantes.

À quand un toit à Flushing Meadows? La pluie a transformé en cauchemar la deuxième semaine du tournoi. Les organisateurs ont voulu sauver l'horaire initial, mais des joueurs comme Nadal, Murray, Federer et Roddick se sont rebellés. Voilà pourquoi la finale masculine a lieu à 16h aujourd'hui.

Le court principal de Wimbledon est recouvert d'un toit, celui des Internationaux d'Australie aussi. Roland-Garros aura le sien en 2016. Les Américains sont à la traîne, ce qui n'est pas dans leurs habitudes en matière d'installations sportives.

Le camp d'entraînement des recrues du Canadien commence aujourd'hui et l'attaquant Michaël Bournival s'y présentera la tête haute. Il a marqué quatre buts et réussi une passe dans une victoire de 7-0 des Cataractes de Shawinigan aux dépens des Foreurs de Val-d'Or samedi. Comme manière d'attirer l'attention, difficile d'imaginer mieux! Le jeune homme aura plusieurs caméras autour de lui au Complexe sportif de Brossard. Il sera intéressant de surveiller comment il gérera la situation.

Bournival devrait être invité au camp régulier du Canadien qui commence vendredi. Il retournera ensuite à Shawinigan fort de ces expériences. Les Cataractes seront une équipe intéressante à surveiller dans la LHJMQ cette saison. En plus d'aligner Bournival, l'organisation accueillera le tournoi de la coupe Memorial en mai prochain.

En rafale: Combien de temps faudra-t-il à Caroline Wozniacki pour se remettre de la leçon de tennis que lui a servie Serena Williams samedi soir? Rarement vu une numéro un mondiale être malmenée de la sorte... On entendra souvent parler du MetLife Stadium au cours des 25 prochaines années. Contre une somme annuelle frôlant les 20 millions, cette société d'assurance a acquis les droits d'appellation du nouveau stade des Jets et des Giants de New York inauguré l'an dernier... Quelle est l'importance de Peyton Manning chez les Colts d'Indianapolis? Leur dégelée d'hier, 34-7 aux dépens des Texans de Houston, fournit la réponse. En raison d'une blessure au cou, Manning pourrait rater toute la saison...

Photo: AFP

Serena Williams a été pathétique hier. Elle a d'abord poussé un cri à un moment déplacé durant la finale de l'US Open. Puis elle a insulté l'arbitre.