Éric Lamaze n'a pas toujours pensé que Hickstead deviendrait un grand champion. Il se souvient très bien de ses premiers entraînements avec ce cheval talentueux, mais rétif.

«Je n'étais pas très content de lui. Hickstead était un cheval très difficile, qui craignait les obstacles d'eau. Plusieurs fois, j'ai cru que ça ne fonctionnerait pas, que son caractère l'empêcherait de devenir un champion. Mais on a persévéré. Et puis, il a remporté quelques victoires. Il a adoré ça...»

Trois jours après la mort de Hickstead durant une compétition en Italie, Eric Lamaze était toujours profondément ébranlé, hier. Dans une conférence de presse diffusée partout au Canada, le médaillé d'or des Jeux de Pékin a commenté la triste fin de son étalon, victime d'une rupture de l'aorte après avoir réussi un parcours magnifique.

Les images de l'agonie de Hickstead ont touché nos coeurs. Étendu sur son flanc gauche, ses pattes battant le vide dans l'espoir de s'accrocher à la vie, il a rendu son dernier souffle devant une foule médusée.

Les concours équestres sont des odes à la grâce, à l'agilité et à la puissance. Mais celui de Vérone nous a plongés dans le désarroi et la peine. Les liens entre l'homme et le cheval comptent parmi les plus anciens de l'histoire. Depuis 2008, aucun duo ne les incarnait mieux que Lamaze et Hickstead.

«Lorsque Hickstead s'est écroulé, il a pris soin de m'éviter afin de ne pas me blesser», a dit Lamaze.

Il est tentant d'attribuer cette déclaration à l'intensité de son émotion. Ce serait une erreur. Pour exceller à un si haut niveau de compétition, le cavalier et sa monture doivent être en parfaite symbiose.

Deux éléments sont nécessaires à l'atteinte de cet état de grâce: l'entraînement et l'amour. Lorsque Lamaze franchissait la porte de l'écurie et s'approchait de son box, Hickstead agitait la tête de bonheur, un comportement traduisant son affection.

«Lorsque tu as un rapport très fort avec un cheval, on dit parfois qu'il devient un peu comme toi, et que tu deviens un peu comme lui, a ajouté Lamaze. On choisit ce sport parce qu'on aime les chevaux. Ce qu'ils accomplissent pour nous est incroyable.

«Ils deviennent des membres de la famille et changent nos vies. Hickstead et moi avions un peu la même personnalité. On aimait gagner tous les deux. Et on avait la même énergie, qui se transformait en des choses incroyables.»

Hickstead était âgé de 15 ans. Lamaze comptait de nouveau faire équipe avec lui aux Jeux de Londres, l'été prochain. Son objectif était de remporter une deuxième médaille d'or, de survoler le parcours comme il l'avait fait aux Jeux de Pékin: «Ce jour-là, Hickstead était imbattable».

Répéter l'exploit s'annonce une tâche considérable. Avec ses partenaires, Lamaze entraîne des chevaux prometteurs. Certains d'entre eux ont le potentiel de participer aux Jeux, mais pas celui de remporter une  médaille.

Lamaze laisse planer un doute sur la suite de sa carrière: «J'ai deux choix: me retirer ou me battre». Mais ses propos traduisent son désir de se rendre à Londres aux guides d'un cheval pouvant le mener au podium. Il devra donc regarder ailleurs que dans ses écuries.

Les règlements obligent Lamaze à annoncer au plus tard le 31 décembre prochain le nom de sa monture en vue des Jeux. Sept petites semaines pour repérer la perle rare, c'est peu. «Je déciderai de mon avenir dans les prochains jours. J'ai accompli tout ce que j'ai toujours voulu, mais je ne suis pas prêt à quitter dès maintenant. Si je fonce, je consacrerai beaucoup d'énergie pour trouver le bon cheval.»

Cette première étape sera suivie d'une deuxième, encore plus dure: Lamaze et son nouveau protégé devront développer leur complicité dans un court laps de temps.

Avant tout, Lamaze devra surmonter sa peine. «Hickstead était le meilleur cheval du monde. On formait une si belle équipe...»

Photo: PC

Éric Lamaze doit surmonter sa peine après la mort de son cheval Hickstead. Poursuivra-t-il sa carrière maintenant?